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Comment déterminer les contenus de l'enseignement obligatoire ? (dossier de l'IFE)

Paru dans Scolaire le samedi 29 juin 2013.

Alors que se prépare la mise en place du Conseil supérieur des programmes, l'IFE (Institut français de l'éducation) publie un dossier d'analyse des conditions de production des programmes et des "réformes curriculaires" à la lumière des expériences françaises, finlandaises, belges, anglaises... D'ailleurs, qu'est-ce qu'un programme ? Définit-il un "héritage classique", un ensemble de "connaissances établies" ? A moins qu'il ne se fonde sur les besoins des élèves "dans leur vie après l'école", comme aux Etats-Unis ? Faut-il y inclure les valeurs que l'école, sciemment ou non, transmet aux élèves ? Et comment tenir compte de "la volatilité" des savoirs, qui sont beaucoup moins stables et universels que ne les voit "une opinion spontanée" ?

Pour Annie Feyfant, qui a réalisé cette synthèse de la littérature scientifique sur le sujet, "les bouleversements économiques du milieu des années 1970 ont généré (...) un mouvement critique envers les programmes établis" et "on constate depuis lors un mouvement de balancier entre des revendications jugées, selon les détracteurs, conservatrices, néo-libérales, corporatistes, modernistes" et "les contenus scolaires sont en tension entre les attentes de la société envers l'école (...) et la nécessité de transmettre des savoirs de base".

Un objet politique socialement construit

L'auteure met de plus en évidence "le caractère subjectif de la construction des contenus d'enseignement", qui ne sont pas de simples "clones des savoirs universitaires" : un curriculum est "un objet socialement construit", mais que la sociologie a peu étudié, "sauf à dénoncer leur dimension idéologique", laissant le champ libre aux didacticiens. Ceux-ci sont alors accusés de raisonner "comme si l'enseignement s'adressait à un élève générique, socialement désincarné", mais à l'inverse, ne risque-t-on pas, si on centre "le regard sur l'appartenance sociale des élèves", de mettre en cause "la fonction politique" de l'institution scolaire ? Peut-on d'ailleurs appliquer les mêmes raisonnements aux mathématiques, qui se réfèrent à un savoir scientifique, au français, qui mêle des savoirs savants et des "savoirs d'experts", à l'histoire-géographie, qui renvoie à deux disciplines universitaires bien différenciées, à l'informatique qui est "le fruit d'une culture scolaire" ?

Et qui peut légitimement dire quels doivent être les contenus d'enseignement ? "En France, les programmes de cours sont traditionnellement très centralisés, avec peu de marge d'initiative à l'échelon local, mais avec une autonomie pédagogique laissée aux enseignants pour décliner les programmes dans la classe et choisir leurs ressources et méthodes."

Contenus et sélection

A toutes ces interrogations s'ajoutent celles qui sont liées aux ruptures, en termes de contenus comme de méthodes, entre le primaire et le collège, entre le collège et le lycée, entre le lycée et le supérieur... A moins que "le manque d'intérêt des politiques éducatives pour les contenus au secondaire" ne soit dû à sa fonction implicite: il se soucierait "moins de former une population (...) à des contenus spécifiques que de trier cette population en repérant une élite potentielle".

Annie Feyfant est finalement amenée à distinguer trois modèles, celui des pays anglo-saxons et scandinaves, qui ajoute aux contenus académiques des "éléments d'enseignement préprofessionnel, religieux ou liés à la vie quotidienne", un modèle "Europe continentale" où la relation école/marché du travail est valorisée, et un modèle "académique", qui prévaut en France, en Italie, au Japon, aux USA..., et qui refuse les particularismes au profit de contenus "traditionnels encyclopédiques", même si s'y ajoutent "quelques éléments" liés à la vie quotidienne.

"La cohérence d'un curriculum (...) repose sur les contenus mais aussi sur les méthodes d'enseignement, la pédagogie, les supports et les modalités d'évaluation des apprentissages, la qualité des enseignants, l'enchaînement des contenus, leur hiérarchisation selon l'âge des élèves." Mais que fera le futur Conseil supérieur des programmes ?

"Quels contenus pour l’enseignement obligatoire ?", dossier n° 85 de juin 2013, téléchargeable sur le site de l'IFE, ici.

 

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