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L'enseignement des fondamentaux est-il vraiment fondamental ? (OCDE)

Paru dans Scolaire le mardi 25 juin 2013.
Mots clés : OCDE, PISA, primaire, secondaire, enseignants, formation, salaire

"Il n’y a pas de corrélation eE Charbonnier (dr)ntre le nombre d’heures enseignées de fondamentaux et la performance des systèmes scolaires". Pour Eric Charbonnier, analyste à l'OCDE, qui présente la note "France" de la nouvelle édition de Regards sur l'éducation, le constat est clair : les résultats des élèves Français aux tests internationaux ne sont pas fonction du temps consacré aux matières enseignées. La France fait en effet partie des pays dont l'école primaire se concentre le plus sur les enseignements fondamentaux. En 2011, seule la Hongrie consacrait davantage de temps à la lecture, à l’expression écrite et à la littérature en primaire. Ces enseignements représentaient 37% du temps d'instruction dans l'Hexagone, contre 26% en moyenne dans l'OCDE. La France est aussi le troisième pays de l'OCDE qui accorde le plus de temps aux mathématiques (21% du temps d'instruction obligatoire, contre 17% en moyenne dans l'OCDE).

 "Une éducation de qualité ne dépend pas de la quantité d'enseignement fournie, mais de la qualité de cet enseignement", conclut Eric Charbonnier. La Finlande et la Corée, qui figurent en tête des classements internationaux, ont un taux d'enseignement des matières fondamentales inférieur à celui de l'OCDE. Les écoliers coréens et finlandais apprennent à lire ou étudient leur langue pendant respectivement 23% et 24% de leur temps scolaire (contre 26% dans l'OCDE), et les mathématiques occupent 14% et 16% de leur emploi du temps, contre 17% dans l'OCDE.

 Plutôt que de centrer l'enseignement sur quelques matières fondamentales, E. CHarbonnier propose plusieurs mesures qualitatives pour améliorer les résultats des élèves Français. Il invite notamment les pouvoirs publics à "améliorer la formation des enseignants" pour leur apprendre à travailler de manière plus individualisée avec les élèves, ou encore à "renforcer le financement des établissements en difficulté".

Niveau de salaire

La France devrait aussi "mener une réflexion sur le niveau de salaire de ses enseignants de l'école primaire". Les données proposées par l'OCDE parlent en effet d'elles-mêmes. Avec la Grèce, le Japon et la Suisse, l'Hexagone fait partie des quatre seuls pays de l'OCDE où le salaire des enseignants expérimentés (15 ans de métier) a diminué ces dix dernières années (après prise en compte de l'inflation).

En 2011, le salaire des enseignants du primaire ayant 15 ans d'expérience est 15% moins élevé en France que dans l'OCDE, celui des enseignants du secondaire entre 14,5% (dans le second cycle) et 10,4% (dans le premier cycle) plus faible. Les enseignants débutants ne sont pas mieux lotis, puisque leur salaire demeure inférieur à la moyenne de l’OCDE de 11% dans le primaire, 5% dans le premier cycle du secondaire et 8 % dans le second cycle du secondaire.

L'OCDE concède que "le salaire maximum des enseignants français est supérieur à la moyenne de l’OCDE à tous les niveaux", mais rappelle que "34 années d’ancienneté sont nécessaires pour atteindre l’échelon maximum en France, contre seulement 24 années en moyenne dans les pays de l’OCDE".

Dans l'OCDE, les enseignants du secondaire sont mieux lotis que leurs homologues du primaire. Ils donnent en moyenne 709 heures de cours par an dans le premier cycle et 664 heures par an dans le second cycle, soit respectivement 81 heures et 126 heures de moins que dans le primaire, où les instituteurs ont en moyenne 790 heures par an devant élèves. Même s'ils en ont davantage, les professeurs des écoles de l'OCDE gagnent en moyenne 5% de moins que leurs confrères du secondaire.

Un fossé entre premier et second degré

Ces tendances sont plus fortes en France que dans la plupart des autres pays de l'OCDE. Les enseignants du primaire sont, en moyenne et par an, 936 heures devant les élèves, soit 288 heures de plus que les enseignants en collège et lycée. Ils donnent davantage d'heures de cours quotidiennes que les autres pays de l'OCDE. Par contraste, en Corée, les enseignants travaillent plus de cinq jours par semaine, mais ils ne donnent en moyenne que 3,7 heures de cours par jour.

En France, les enseignants du primaire avec 15 ans d’exercice gagnent 9% de moins que leurs collègues du secondaire, soit un écart presque deux fois supérieur à la moyenne de l'OCDE. À titre indicatif, ce n’est qu’en Allemagne (10%), en Espagne (11%), au Mexique (27%), aux Pays-Bas (22%), en Pologne (14%) et en Suisse (14%) que les enseignants du secondaire gagnent au moins 10% de plus que les enseignants du primaire. 

Selon l'OCDE, "tous ces éléments concourent à expliquer pourquoi, en général, on dépense plus dans le secondaire que dans le primaire, mais aussi pourquoi les écarts observés entre ces deux niveaux sont plus marqués en France que dans les autres pays de l'OCDE". D’un coté, les enseignants du secondaire sont mieux rémunérés que dans le primaire. D’un autre côte, ils passent moins de temps devant les élèves, ce qui conduit à avoir besoin de beaucoup plus d’enseignants pour assurer les cours dans le secondaire, d’autant plus que les tailles de classe sont relativement similaires dans ces deux niveau.

En primaire, les enseignants français font toutefois face à davantage d'élèves que leurs homologues de l'OCDE (23 contre 21 en moyenne), la taille des classes étant demeurée stable aussi bien dans le primaire que dans le secondaire entre 2000 et 2010.

L'édition 2013 des Regards sur l'éducation peut être consultée sur le site de l'OCDE, ici

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