Enseignement agricole: S. Le Foll veut "aller vite"
Paru dans Scolaire, Orientation le jeudi 16 mai 2013.
Mots clés : Le Foll, Nallet, Forestier
Stéphane Le Foll veut "aller vite" après que lui ont été remises les propositions issues de la concertation sur l’avenir de l’enseignement agricole. Le ministre de l'Agriculture, de l'Agroalimentaire et de la Forêt, et il tient à rappeler ces trois dimensions de son action, demande que lui soit proposés au plus vite les éléments qui entreront dans la loi d'avenir pour l'agriculture, mais insiste pour qu'ils soient le moins nombreux possible, de façon que tout ce qui peut être fait par la voie règlementaire le soit très rapidement.
Sans annoncer de décisions, il se déclare favorable à plusieurs mesures. Il souhaite d'abord que l'enseignement agricole trouve toute sa place dans le SPO (service public d'orientation). Il donne l'exemple du machinisme agricole qui peine à recruter, mais dont peu d'élèves de l'Education nationale connaissent les débouchés. "Bien sûr qu'il faut qu'on maintienne" les classes de 4ème et de 3ème des lycées agricoles qui permettent de sortir des élèves en difficulté. Mais le ministre pense aussi pour ces élèves à "l'acquisition progressive des diplômes" pour éviter le tout ou rien de l'échec à l'examen.
Henri Nallet, qui a piloté la concertation, insiste sur "le renforcement de la place des exploitations agricoles", et fait valoir à son successeur rue de Varenne qu'il dispose de 150 000 hectares pour "montrer ce qu'est le produire autrement", un outil qui n'a pas été "suffisamment utilisé". S. Le Foll approuve : on a tendance à faire de ces exploitations "des copies de l'existant", des exploitations comme les autres, au lieu qu'elles soient "des lieux d'expérimentation et d'innovation" qui accompagnent "les grands projets que nous mettrons en oeuvre".
Une école pour les enseignants
En ce qui concerne les débouchés des lycées, le ministre serait favorable à des "parcours spécifiques" puisque, actuellement, "des filières de l'enseignement supérieur technique agricole échappent à ceux qui ont fait la formation" correspondante. Pour ce qui est des enseignants, il est favorable au maintien d'une école unique, l'ENFA à Toulouse, pour leur formation, et à un pré-recrutement. Christian Forestier, qui présidait le groupe qui travaillait sur ce point avait souligné l'intérêt de pré-recrutements au niveau du BTSA (BTS agricole), non sans évoquer le risque de voir les personnels de l'Education nationale en faire à leur tour la demande. Il s'était interrogé sur la possibilité de faire avec "la grande maison" des concours communs pour les disciplines d'enseignement général, et il avait évoqué "l'étanchéité" entre "les deux maisons", supérieure à ce qu'il croyait, notamment en termes de carrière pour les enseignants qui ne peuvent passer de l'une à l'autre, ce à quoi l'Education nationale "aurait tout intérêt" pourtant.
Henri Nallet avait placé la question de l'enseignement agricole dans le cadre plus large des défis auxquels est confrontée l'agriculture, accroître la productivité, améliorer la traçabilité et la qualité nutritionnelle des produits, respecter les écosystèmes, maintenir les espaces non-urbains, et avoir des résultats économiques ! Les futurs agriculteurs doivent pouvoir "maîtriser par eux-mêmes ces combinatoires très diverses". Le "changement de paradigme" de l'enseignement a donc toute sa place dans une loi d'avenir pour l'agriculture et le "produire autrement" suppose "une rénovation du lien entre les formateurs et les professionnels".
Liens avec la recherche
Il insiste aussi sur le fait que l'enseignement agricole est divers, et que ses trois composantes, public, privé et par alternance, doivent participer à l'élaboration du schéma national des formations. Il souligne l'importance des liens avec la recherche. "Le produire autrement ne se fera pas contre la science, mais dans un surcroît d'information scientifique". Il ajoute que l'ensemble des personnels de l'enseignement agricole doit être "position de changer" et il demande à son successeur de mettre en place "la formation tout au long de la vie pour les enseignants".
A noter que la présentation par Stéphane Le Foll de ses orientations a été perturbée par des membres du SNETAP (le syndicat FSU de l'enseignement agricole) qui protestaient contre la fermeture du lycée agricole de Lapalisse, décidée par le Conseil régional d'Auvergne, et dont les formations "correspondent à une réelle demande du territoire". De plus, s'il fermait, seuls subsisteraient des "établissements agricoles privés sur cette partie du département de l'Allier". Le ministre s'est engagé à recevoir une délégation, mais il a fait valoir qu'il s'agissait non d'un établissement, mais d'un des sites d'un établissement, qu'il accueille 3 classes, soit une centaine d'élèves, et que le projet de l'exploitation, propriété du Conseil général et du Conseil régional, n'était pas cohérent avec celui qui concerne les élèves, et qui relève plutôt de "l'aide à domicile".
L'ensemble des propositions issues de la concertation devrait être prochainement publié sur le site du ministère.