L'UMP convaincue que (presque) "tous les élèves peuvent réussir" ?
Paru dans Scolaire le dimanche 12 mai 2013.
Mots clés : UMP, Carle, Zorman, refondation
Jean-Claude Carle propose "un projet alternatif de refondation de l'école" sous le titre "Tous les élèves peuvent réussir", ce "tous" équivalant à 95 %. Le document (sans éditeur ni imprimeur) fait une soixantaine de pages et il est disponible sur le site du groupe UMP au Sénat. Il est publié juste avant que le projet de "loi Peillon" ne vienne en discussion au Sénat. Pour l'élu savoyard, "l'efficacité d'une système éducatif doit s'apprécier à l'aune du pourcentage de ses élèves non diplômés et de celui de son élite". Il faudrait donc investir à deux niveaux, l'université, ce que N. Sarkozy a fait, et "la petite enfance, car elle est le terreau du décrochage scolaire". Les moyens mis au service du collège et du lycée doivent être réorientés vers l'école primaire (maternelle et élémentaire).
Le sénateur considère que "le premier problème du collège n'est pas de savoir s'il doit être unique ou multiple, mais celui des 300 000 élèves qui y entrent, chaque année, sans maîtriser les compétences fondamentales". En ce qui concerne l'école primaire, il convient d'abord, estime-t-il, de faire fonctionner les cycles prévus par la loi Jospin de 1989, et surtout de "renforcer l'intensité des apprentissages précoces" à l'école maternelle et d'intégrer la grande section à l'école élémentaire.
Méthode Zorman et interdiction du redoublement
Il faut aussi "apprendre aux enseignants (...) comment faire travailler les élèves en groupe restreints et comment faire travailler l'autre partie de la classe en autonomie". Le sénateur cite l'expérimentation PARLER de Michel Zorman, qui "ne nécessite pas de moyens supplémentaires", mais une "formation spécifique" des enseignants. L'interdiction du redoublement, qu'il propose, suppose que soient fixés pour "chaque élève" des "objectifs personnalisés et adaptés" à son niveau, donc que les enseignants disposent de "courbes de progression normées", d' "évaluations diagnostic" pour établir un "diagnostic-action". Il y aurait aussi des "cours de remise à niveau durant les vacances d'été". D'autre part, les "savoirs fondamentaux" seraient privilégiés, aux dépens des arts plastiques et de l'éducation musicale.
Jean-Claude Carle entend consulter les enseignants, car "l'amélioration de la performance de notre système éducatif (...) doit être inspirée par ce qui se passe dans les classes". Le sénateur considère toutefois qu'ils doivent être formés aux "pratiques pédagogiques dont l'efficacité a été largement démontrée", à savoir "les pédagogies structurées" qu'il oppose à la pédagogie "centrée sur l'enfant". Il n'emploie pas le terme de "pédagogie explicite" habituellement utilisé pour les caractériser, mais cite la seule équipe française qui s'en réclame (à Grenoble), ainsi que les études et les expérimentations menées aux USA, Perry Preschool, STAR (Student Teacher Ratio Achievement), Follow through, le NRP (National reading Panel) et Hartsfield.
A noter que le sénateur ne fait pas référence au socle commun de connaissances et de compétences de la "loi Fillon" qui n'est pas citée.
Le texte est téléchargeable sur le site du groupe UMP, ici.