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"Il y aura, à la rentrée 2015, un enseignement moral et civique" (V. Peillon)

Paru dans Scolaire le lundi 22 avril 2013.

"La nation doit donner à nos professeurs les moyens de transmettre les valeurs de la République" afin de "surmonter la crise morale et intellectuelle" qui frappe notre pays. Vincent Peillon intervenait ce 22 avril devant la presse après qu'Alain Bergounioux, Laurence Loeffel et Rémy Schwartz eurent présenté leur rapport, "Pour un enseignement laïque de la morale". Le ministre en charge de l'Education nationale souligne qu'il y aura "un V. Peillon (DR)enseignement moral et civique", du CP à la terminale, avec des horaires dédiés, dont il souhaite qu'ils soient au minimum d'une heure par semaine à l'école élémentaire et au collège, où il se substituerait à l'éducation civique, et, au minimum, de 18h annuelles au lycée. Cet enseignement donnera lieu à une évaluation, qui ne pose pas de problème de fond pour ce qui est des connaissances (historiques, juridiques, philosophiques, voire religieuses), mais qui devra trouver une forme en ce qui concerne l'action, l'engagement. Le ministre évoque à ce sujet l'auto-évaluation et le contrôle continu au lycée.

Il n'y aura ni CAPES, ni agrégation, mais, précise-t-il, une formation commune à tous les enseignants, 1er et 2d degrés, et CPE dans les ESPE (écoles supérieures du professorat et de l'éducation), avec un module "histoire de la laïcité" dès cette année, et un module "philosophie morale et politique" dès que le Conseil supérieur des programmes aura défini les contenus, les horaires et les progressions de cet enseignement. Car le ministre se défend de vouloir imposer "la morale du ministre par décret de droit divin". Sauf à ne pas respecter les principes moraux dont il promeut l'enseignement, "on ne peut pas faire plus vite", et cet enseignement ne démarrera qu'en 2015. Il pourra être assuré par n'importe lequel des enseignants ou des CPE qui y aura été formé, et il pourra prendre la forme "une heure-un enseignant", ou impliquer deux enseignants, ou un enseignant et un CPE, dans le cadre d'un projet...

A. Bergounioux (dr) Alain Bergounioux insiste pour sa part sur la diversité des formes pédagogiques de cet enseignement : réflexion, études de cas, jeux de rôles, petits récits en maternelle... et sur la nécessité de privilégier "une éthique de la discussion, de l'argumentation", d'amener les élèves au "respect et à l'écoute de l'autre". L'inspecteur général d'histoire considère de plus que la "vie scolaire" doit être "revitalisée", que les CPE et les chefs d'établissement doivent être impliqués. Il constate en effet "souvent un écart" entre les valeurs R. Schwartz (dr)enseignées et la réalité de la vie scolaire, une distance entre "la morale à l'école" et "la morale de l'école".

C'est un thème que reprend d'ailleurs Vincent Peillon. Pour lui, cet enseignement est "un vecteur de transformation pédagogique", et de la promotion d'une "école de la bienveillance". Rémi Schwartz semble d'ailleurs dire que la mission elle-même a connu les bénéfices de cet enseignement tout en en posant les fondements. "Nous avons nous-mêmes évolué" au fil des auditions et des débats, dit-il.

La philosophe Laurence Loeffel évoque pour sa part "la coopéraL. Loeffel (dr)tion, la prise de responsabilité, la participation, l'engagement" des élèves, mais aussi leur capacité à assumer leurs points de vue, leurs désaccords. Elle ajoute que cet enseignement doit affronter la difficulté d'un "renouage de l'individu et du commun". Le ministre ajoute que "le but de l'éducation", c'est "la liberté de l'individu", son autonomie, sa capacité à prendre lui-même ses décisions. Pour lui, cet enseignement n'a rien à voir avec une morale ou une "raison d'Etat". Elle forme des personnalités capables justement de s'y opposer, comme certains ont su le faire au moment de l'affaire Dreyfus. Il récuse aussi l'idée que la laïcité puisse être un nouveau dogme. Alors que la loi prévoit des sanctions et qu'elle contraint, par la peur du gendarme, la morale laïque en appelle à une "obligation intérieure". La laïcité n'a rien à voir non plus avec l'islamophobie, et ceux qui l'instrumentalisent à cette fin l'ont "falsifiée" ou la méconnaissent, comme "un ancien président de la République" qui pensait que la loi de 1905 était une loi de combat, et non pas de respect de toutes les croyances et de toutes les convictions.

Le ministre estime d'ailleurs que cet enseignement ne doit pas "blesser des consciences", et pour Laurence Loeffel, la morale est civique quand elle transmet les valeurs de la citoyenneté, elle est laïque car elle est "non confessionnelle", et elle est "commune" puisqu'elle est "valable pour tous et désirable par tous".

Le rapport est téléchargeable sur le site du ministère, ici.

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