Un collège sans notes récompensé lors des journées de l'innovation
Paru dans Scolaire le vendredi 29 mars 2013.
C'est au collège Léo Drouyn de Vérac, près de Saint-Emilion, pour son travail sur "les compétences et l'estime de soi", que Vincent Peillon a décerné le prix de l'Ecole. Le ministre a auparavant cité Antoine Prost, historien de l'Education, qui considère que "c'est l'innovation qui maintient le système éducatif à température normale". Dans son discours, il a fait allusion au port du foulard et à son exclusion de l'Ecole. Pour les pédagogues, "c'est d'abord un échec considérable. Nous voulons persuader, convaincre qu'il est dans leur intérêt de partager les valeurs de l'Ecole de la République". Enfin, il a souligné que les enseignants étaient trop souvent critiqués. "Je tiens à vous dire que le travail fait par les enseignants, dans les zones difficiles, où l'on trouve souvent plus d'innovations, mérite la reconnaissance de la Nation, qu'il est facteur d'avenir et d'espérance."
Parmi les quelque 600 élèves de cet établissement rural, 45 % sont issus de catégories défavorisées. Ce sont, explique à ToutEduc Monique Mesnard, chargée du suivi des innovations dans l'académie de Bordeaux, des élèves "gentils", mais qui ont une image très dégradée de leurs possibilités. Ou plutôt avaient. Les enseignants, la direction, la vie scolaire ont pris un an pour faire un diagnostic précis et lancer leur projet, et ils ont ensuite décidé voici 4 ans, de travailler sans notes. Ils ont mis en place une évaluation par contrat de confiance, sur le modèle prôné par André Antibi, et un enseignement par compétences. Déjà, alors que l'innovation atteint tout juste les élèves de 3ème, "les résultats sont visibles", avec "un bond" des résultats au brevet et des taux de passage en lycée général ou technologique. C'est que cette innovation, même lorsqu'elle ne touchait que les élèves de 6ème, avait amené les enseignants à faire évoluer leur pédagogie. (Voir sur Eduscol ici)
Ils ont d'ailleurs mis en place un module de formation à leurs façons de faire pour les nouveaux venus. Mais le "turn over" est faible, et les enseignants candidats à un poste dans l'établissement sont volontaires pour participer au projet "compétences et estime de soi" dont ils ont entendu parler. Mais ils doivent se familiariser avec l'outil informatique maison, VERAC, pour "vers une évaluation réussie avec les compétences" qui permet d'assurer le suivi des élèves. Selon Monique Mesnard, toute l'équipe est partante, et reste enthousiaste. Ceux qui participent aux journées de l'innovation assistent à divers ateliers et en sortent avec des idées neuves, dont ils reparleront dès leur retour à Vérac pour les mettre en oeuvre.
Le ministre a remis le prix du public a une expérimentation de "pilotage concerté premier/second dergré" d'un réseau du socle. Les écoles d'une circonscription de Toulon (Toulon 2) et quatre collèges qu'elles irriguent ont organisé un pilotage concerté entre IEN-IA-IPR, principaux et directeurs, afin de favoriser la continuité des parcours pour les élèves et la cohérence des actions pédagogiques en interdegré (voir sur le site d'Eduscol ici).
Enfin, le prix de l'innovation a été décerné au collège Jeanne et Emile Adenet, de l'académie de Martinique, pour leur projet "Co-observer pour favoriser le développement professionnel" et relancer l'investissement des élèves dans les enseignements et la vie scolaire (voir ici).
En savoir plus sur André Antibi ici