"Le concept de compétence devient d’un usage courant en pédagogie bien avant d’apparaitre en entreprise" (Yves Lichtenberger - Cahiers pédagogiques)
Paru dans Scolaire le lundi 11 mars 2013.
S’il était déjà couramment utilisé en pédagogie, l’usage du concept de compétence s’est généralisé dans l’Ecole d’une part, avec la démocratisation scolaire, dans l’entreprise d’autre part, avec "la transformation des modes d’organisation du travail requérant plus de polyvalence dans les tâches, plus d’autonomie dans l’organisation de son travail et d’implication dans l’atteinte d’objectifs."
Le sociologue Yves Lichtenberger, dans un entretien avec Jean-Michel Zakhartchouk dans le dernier numéro des Cahiers pédagogiques, rappelle qu’à l’origine, ce concept vise à "faire acquérir des capacités d’agir, de relier connaissances et usage des connaissances. On veut aussi formaliser des savoirs jusque-là informels, incorporés sans explicitation dans des comportements. Au-delà des habiletés manuelles, sont de plus en plus requises des habiletés cognitives et sociales que l’on considérait jusque-là relever de dispositions personnelles, voire de l’inné, mais pas de l’enseignement."
Pour ce spécialiste de l’organisation du travail, l’utilisation de ces compétences comme outil de gestion des ressources humaines pour le recrutement et l’évaluation des salariés est doublement problématique, du fait "de la dissociation du savoir et du faire, pertinente comme étapes pédagogiques, mais contreperformante comme mesure de l’activité" et "de la mise en avant du savoir être, qui reporte sur l’individu ce qui résulte souvent de l’organisation."
"Vertus des compétences dans et hors de l’école", dans le n°504 des Cahiers pédagogiques (ici).
Cet entretien renvoie vers la conférence débat de l’INJEP sur la notion de compétences et leur acquisition dans un cadre non formel (voir ToutEduc ici)