FSU: un congrès apaisé, ouvert à la pédagogie, mais inquiet des recompositions du paysage syndical
Paru dans Scolaire, Périscolaire, Orientation le vendredi 15 février 2013.
Poitiers, envoyé spécial
Le 7ème congrès de la FSU se déroule dans un climat "apaisé" selon plusieurs responsables de la fédération syndicale qui a connu depuis sa création il y a 20 ans de fortes tensions entre tendances, voire entre syndicats. Mais il est aussi marqué par la perspective des élections professionnelles l'année prochaine, et les participants s'inquiètent d'un "risque de déclin" dans un "paysage syndical qui va bouger" du fait des nouvelles règles sur la représentativité. Elles "imposent à la FSU de développer le dialogue intersyndical, voire de construire des rapprochements", de "poursuivre et accentuer son travail avec la CGT et Solidaires". Elle exclut en revanche de travailler avec le SGEN-CFDT, l'UNSA-Education, ou, pour d'autres raisons, avec FO. Sur les questions pédagogiques, "ça bouge", estiment les mêmes anciens ou actuels responsables, ce qui n'exclut pas la confirmation des positions traditionnelles de la fédération.
Voici des extraits significatifs du texte préparatoire soumis à l'approbation des congressistes sur le thème "Education, formation".
SOCLE. Même si elle rappelle son opposition au "socle commun" tel qu'il figurait dans la loi Fillon de 2005, dans le cadre de sa redéfinition prévue par la loi d'orientation, la fédération "défend l’idée d’une culture commune (…) [qui] inclu[e] tous les champs culturels (…,) tisse des liens entre les domaines des savoirs".
PROGRAMMES. "Il est important que les programmes soient conçus de manière globale, faisant des liens entre les disciplines et les différents niveaux de scolarité (…) Ils ne doivent pas être construits comme un empilement de connaissances allant du simple vers le complexe (…) [Ils doivent] permettre le travail disciplinaire et des approches pluri ou interdisciplinaires".
EVALUATION DES ELEVES. Le texte demande que "soient développées des évaluations des classes rompant avec toute logique compétitive entre élèves".
"L’approche par compétences qui prévaut dans l’enseignement professionnel, doit être remise en question."
"Le redoublement ne permet pas de combattre efficacement l’échec scolaire." Même s'il "ne peut être totalement écarté", il faut ""construire des alternatives".
La FSU est hostile au CCF (contrôle en cours de formation) qui "entraîne la casse du caractère national des diplômes".
PEDAGOGIE. "La résolution des difficultés de l’Ecole ne sera possible que si (…) un effort particulier, impulsé par l’Etat, est fait sur la recherche en/sur/pour l’éducation. Il n’est pas possible de renvoyer à chaque enseignant (…) la responsabilité de trouver des solutions aux problèmes posés par l’échec scolaire."
Pour "promouvoir la démocratisation de l’accès à la culture (...), l’originalité du corps des enseignants en éducation socio-culturelle dans l’enseignement agricole public est un exemple intéressant".
COLLEGE - LYCEE. Le collège "doit permettre systématiquement la poursuite d’études dans l’une des trois voies du lycée".
"Comment organiser le lycée pour que tous les élèves aient accès à la culture commune et ne se spécialisent que progressivement au cours des 3 années ?" mais aussi "Pourquoi la démocratisation passe-t-elle (…) par une différenciation en 3 voies du lycée ?" Le texte ne propose pas la réunion des 3 voies. Et considère que, "dans l’enseignement professionnel, le retour à un cycle de référence en 4 ans doit être une priorité". Au lycée, la FSU demande "l’abandon de l’accompagnement personnalisé (…) Les heures ainsi dégagées seront utilisées au profit d’un retour à des enseignements disciplinaires en groupes à effectifs réduits."
SUPERIEUR. "Nous refusons la mise en place d’un cycle bac-3/bac+3 (…) qui affaiblirait le rôle du baccalauréat en termes de qualification (…) Cela exige que les programmes du lycée et des licences ou autres formations post-bac soient conçues pour limiter les hiatus entre eux."
PERISCOLAIRE. La motion soumise aux congressistes évoque "la complémentarité des temps scolaires, périscolaires et extra-scolaires" et demande de "penser les articulations entre les différents temps et espaces de l’enfant et du jeune". Si "c'est d'abord à l'école que doit construire l'essentiel de la réussite scolaire (...) Les PEL [projets éducatifs locaux] ou PEDT [projets éducatifs de territoires] doivent proposer cet enrichissement culturel indispensable à la démocratisation." En effet, "familles, associations, collectivités... jouent des rôles complémentaires" à celui de l'école.
Il faut "faire évoluer les 'cantines' et les 'garderies' vers de véritables accueils périscolaires de qualité avec des personnels formés, sous statut public et en quantité suffisante…"
INSERTION - ORIENTATION. La FSU maintient son mot d'ordre sur la "scolarité obligatoire à 18 ans", mais "dans l’état actuel des choses, elle exige le maintien dans un établissement scolaire de tous les jeunes de moins de 16 ans et qu’au-delà, tout élève ayant commencé une année scolaire puisse la terminer dans un établissement".
Elle "réaffirme son opposition au développement de l’apprentissage". Elle demande que "le pilotage de la carte des formations professionnelles et technologiques reste sous l’autorité de l’Etat" et "s’oppose au transfert du pilotage de la carte des formations aux Régions (...) Le réseau des CIO doit être maintenu et renforcé au sein de l’Education nationale."
ENSEIGNANTS.Les EAP (emplois d'avenir professeur) "ne sont en aucun cas des prérecrutements". Les stagiaires en M2 verront leur temps de formation réduit par leur stage en responsailité. "Ce dispositif n’est pas satisfaisant pour une entrée de qualité dans le métier".
"Les métiers de l’enseignement et de l’éducation doivent aussi être accessibles aux candidats en cours d’obtention de leur Master par VAE" (validation des acquis de l'expérience).