La réforme des rythmes scolaires implique-t-elle "une véritable éducation plurielle" ? (dossier d'actualité de l'IFE)
Paru dans Scolaire, Périscolaire le mercredi 30 janvier 2013.
Pourquoi ne pas envisager "un cursus éducatif qui résulterait de la juxtaposition de compétences acquises lors de différents temps sociaux (...) dont l'école, et qui serait le reflet d'une véritable éducation plurielle" ? Pourquoi ne pas évaluer aussi les acquis dans le cadre périscolaire, et valider "des compétences hors de l'école" ? En citant ces interrogations, qui datent de 2006, du chercheur Roger Sue, le dernier dossier "Veille et analyse" de l'IFE (Institut français de l'éducation) qui porte sur "la pluralité des temps éducatifs" s'inscrit dans les débats que suscite la réforme des rythmes scolaires, bien qu'il ne l'évoque jamais.
L'auteure, Marie Gaussel, part d'un constat, "la forme scolaire récompense et privilégie certains savoirs et compétences", et marginalise "les connaissances ne figurant pas au curriculum". Mais pour penser "l'enfant dans sa globalité", "promouvoir l'engagement actif" des élèves sans lequel "il n'y a pas d'apprentissage", il faut envisager "la collaboration des acteurs de l'éducation", "reconnaître et favoriser tous les temps éducatifs". Or, comme l'a montré D. Glasman, les temps de vie "hors temps scolaire" sont trop souvent laissés "aux solutions individuelles et aux aléas locaux", et le temps de l'enfant est morcelé, sans projet commun des personnels. De plus, la prégnance de la forme scolaire envahit tout l'espace, sans "laisser aux enfants le choix de ne rien faire ou d'organiser eux-mêmes des activités libres, non académiques". Mais la reconnaissance d'une complémentarité des différents temps éducatifs induirait "une petite revolution en modifiant le rapport au savoir et à l'éducation non seulement des enfants, mais des parents, des maîtres, des éducateurs, des animateurs et finalement de l'ensemble de la communauté éducative".
Le dossier examine aussi "le rôle controversé des devoirs" à la maison, dont l'interdiction supposerait une définition plus précise, les bénéfices attendus des activités parascolaires. Il évoque également le programme international "Reading recovery", initié en Nouvelle-Zélande, et le "full service schooling" venu d'Amérique du Nord, où les "expanded schools" contribuent au développement de quelque 8 millions d'enfants "en termes de maturité, de santé, de citoyenneté, de culture, etc." Au total, les programmes "hors temps scolaire" amènent "une véritable amélioration générale des comportements des élèves impliqués", y compris en termes de résultats scolaires.
"Aux frontières de l'Ecole ou la pluralité des temps éducatifs", Marie Gaussel, Dossier n° 81 (janvier 2013) "Veille et analyse", téléchargeable sur le site de l'IFE, ici.