Qui sont les enseignants ? Comment se voient-ils ? Qu'enseignent-ils ? (DEPP et Talis)
Paru dans Scolaire le mardi 07 octobre 2025.
Le service statistique de l'Education nationale publie trois documents qui permettent de tracer un portrait des enseignants. Voici quelques données extraites du "Panorama statistique des personnels de l'enseignement scolaire 2024-2025" (ici)
En ce qui concerne l'enseignement public, aux 54 088 enseignants non titulaires s'ajoutent 694 382 titulaires. Dans le premier degré, la DEPP compte 302 092 femmes (85 %) qui ont en moyenne près de 44 ans et 55 418 hommes qui sont un peu plus âgés (45 ans et demi). Dans le second degré, toujours parmi les titulaires, la DEPP compte 229 347 femmes (58 %) qui ont en moyenne 44 ans et 163 111 hommes qui ont en moyenne 45 ans et demi. La proportion des femmes est également nettement plus importante que celle des hommes parmi les non-titulaires (58 %) et parmi les étudiants en pré-professionnalisation (5 011 femmes, 769 hommes).
La répartition par disciplines est également genrée, on compte par exemple 79 % de femmes parmi les professeurs de lettres, mais seulement 44 % de professeures de mathématiques.
Seuls 28 % des enseignants du public ont souscrit au moins une part de Pacte, contre près de 39 % dans le privé sous contrat. Ils sont en revanche plus nombreux dans le public à toucher des IMP (indemnités pour missions particulières), un peu plus de 26 % contre 15 % dans le privé.
Les démissions et ruptures conventionnelles augmentent. Elles ne concernaient que 0,5 % des enseignants fonctionnaires (enseignement public) en 2008-2009, 2 % en 2017-18, 3,4 % en 2023-24 (4,2% dans le 1er degré, 2,7 % dans le 2nd degré) avec un pic à plus de 4 % en 21-22. Alors qu'entre 2014 et 2017, les démissionnaires étaient, à plus de 50 % des stagiaires, les départs volontaires sont actuellement, à 60 %, le fait de titulaires ayant au moins 5 ans d'ancienneté.
(A noter encore que la DEPP compte 134 775 AESH, des femmes à 94 %, pour 85 326 ETP, soit des temps partiels à 63 %) Elles (et ils) ont en moyenne 45 ans et demi et touchent un salaire net de 1 030€.)
En ce qui concerne leur perception du métier d’enseignant, la DEPP publie "les premiers résultats de l’enquête internationale Talis 2024", la France a en effet participé à la quatrième édition de cette enquête aux côtés de 54 pays dont 22 de l'Union européenne.
En France, huit enseignants sur dix "estiment que, dans l’ensemble, leur travail leur donne satisfaction". Pourtant, les points négatifs sont nombreux. "Au collège, les proportions d’enseignants qui se sentent valorisés par les
élèves (55 %) et les parents (45 %) sont les plus faibles au niveau international", même si les enseignants exerçant en éducation prioritaire "se sentent davantage valorisés par les parents que leurs collègues exerçant hors éducation prioritaire.
La proportion d’enseignants estimant que leur travail nuit à leur santé mentale et physique a diminué mais elle reste supérieure à la moyenne UE. Ils sont les plus nombreux, au niveau international à "devoir mettre en œuvre des initiatives de changement sans les ressources nécessaires". Seuls 25 % déclarent être satisfaits de leur rémunération, une proportion inférieure de 10 points à la moyenne UE au collège et parmi les plus basses à l’école élémentaire. La proportion de ceux qui regrettent d’avoir décidé de devenir enseignant.e.s est passé de 7 à 12 % entre 2018 et 2024, ceux qui, si c’était à refaire", choisiraient à nouveau ce métier est passé de 75 % à 66 %. Ils sont quelque 6 sur 10 à estimer que la non-pertinence de l’offre " constitue un obstacle à leur participation à des activités de formation continue – taux parmi les plus élevés au niveau international".
L'enquête Talis porte aussi sur les pratiques d'enseignement. En France comme pour leurs homologues à l'international, "les pratiques d’enseignement explicite font partie des pratiques pédagogiques les plus fréquemment mises en œuvre par les enseignants". En revanche, ils sont moins nombreux lorsqu'il s'agit des pratiques d’activation cognitive et de développement de l’esprit critique. "Ils sont par exemple 38 % au collège et 30 % à l’école élémentaire à déclarer proposer fréquemment aux élèves des tâches pour lesquelles il n’y a pas de solution évidente, ce qui place la France en dessous de la moyenne UE au collège (44 %). Ces taux sont toutefois en hausse en France par rapport à 2018 (+ 12 points au collège et + 10 points à l’école élémentaire) (...). La proportion d’enseignants qui déclarent utiliser fréquemment des évaluations sommatives (...) est parmi les plus importantes au niveau européen", alors qu'elle est "en deçà de la moyenne UE" en ce qui concerne les évaluations formatives.
Par ailleurs, "la France présente la plus forte proportion d’enseignants rapportant que plus de 10 % de leurs élèves sont en difficulté sur le plan scolaire". Elle a un taux parmi les plus faibles d’enseignants déclarant se sentir "capables de réduire les écarts de résultats entre les élèves" et de "motiver les élèves qui s’intéressent peu au travail scolaire", mais, point positif, "la France se caractérise par l’une des proportions les plus élevées au niveau international d’enseignants considérant que l’intelligence peut progresser".
En ce qui concerne la discipline au collège, "les enseignants rapportent un climat de classe similaire (en matière de bruit perturbateur, désordre, mise au travail des élèves et perte de temps) à celui observé en moyenne au niveau européen".
Pour ce qui est du recours aux ressources et outils numériques, "la France occupe la ou les dernières places au niveau international", il en va de même pour l’utilisation de l’intelligence artificielle et pour la collaboration entre collègues.

