Les élèves allophones dans l’angle mort de l’Éducation nationale (Unicef)
Paru dans Scolaire le lundi 07 octobre 2024.
Mots clés : élèves allophones ; UNICEF ;
Dans son rapport "Dans toutes les langues : réussir à l’école quand on ne maîtrise pas le français" (publié le 25 septembre 2024), l’UNICEF pointe qu’"en dépit de de leur nombre croissant, les budgets dédiés à la réussite éducative (des élèves allophones) ne sont pas à hauteur des besoins, et les données collectées à leur égard insuffisantes." Faute de données, l’institution scolaire peine à mettre en place une politique de prise en charge des élèves allophones.
Pour rappel, un élève allophone est un enfant dont la langue maternelle n’est pas le français. En France, "4 millions d’enfants parlent une langue autre que le français à la maison ; en 2021-2022, 77 400 élèves allophones bénéficiaient de soutien linguistique à l’école ; parmi eux, 20 % n’avaient jamais été scolarisés", note le rapport.
Des premières marges de progression ont été identifiées. D’abord, au niveau des modalités d’inscription : "Les élèves allophones d’âge maternelle ne font l’objet d’aucune évaluation linguistique, et n’accèdent à aucun dispositif de soutien particulier." Pour les élèves de plus de 16 ans, "les possibilités d’accueil ne sont pas toujours adaptées et situées à une distance éloignée du domicile". À noter aussi : "l’engorgement des cellules d’accueil, les délais d’affectation et la non prise en compte des élèves allophones dans les effectifs globaux des établissements". Le manque "de formation initiale et continue" des membres de l’équipe pédagogique est aussi souligné.
Quant aux textes officiels encadrant l’accueil des élèves allophones, le rapport pointe des "angles morts", tels que des imprécisions relatives "à l’implantation des dispositifs UPE2A et UPE2A-NSA (unité pédagogique pour les élèves allophones arrivants non scolarisés antérieurement)" et "à la formation des enseignants". Est aussi soulignée "une sortie des dispositifs spécifiques insuffisamment accompagnée". Par ailleurs, les délais d’affectation sont trop longs et il existe de fortes disparités selon les académies ou les publics. "Au total, les enfants peuvent perdre de six mois à trois ans de scolarité, du seul fait des procédures administratives et judiciaires d’accès à la protection et des délais d’accès à l’éducation, soit entre 500 et 3000 heures d’enseignement."
Le rapport préconise de "lancer un plan ministériel pour l’accueil et la réussite éducative des élèves allophones" afin d’atteindre 5 objectifs : "améliorer l’accès aux dispositifs soutenant l’acquisition du français ; améliorer la qualité des dispositifs spécifiques pour permettre l’acquisition du français ; améliorer l’inclusion en classe ordinaire, au fil de l’accueil et à leur sortie ; prendre appui sur les langues premières pour favoriser la réussite éducative ; réunir les conditions de la réussite des élèves allophones à l’école."
Rapport de l'Unicef ici.