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Réseau Canopé entend renforcer son offre de service aux collectivités (réponse aux observations de la Cour des comptes)

Paru dans Scolaire le lundi 07 octobre 2024.
Mots clés : Canopé, Cour des comptes

Le ministère de l'Education nationale a pour projet "d'accentuer la contribution de Réseau Canopé (à ses) besoins en matière de ressources pour la formation des enseignants" indique leur secrétariat général. Et la directrice générale, Marie-Caroline Missir confirme : le réseau est passé d’une activité d’édition "à une activité de formation continue", mais "son potentiel est encore sous-utilisé par sa tutelle". Tous deux réagissent aux "observations définitives" que la Cour des comptes vient de publier sur le réseau. Celle-ci estime d'ailleurs que le réseau "doit asseoir sa légitimité et proposer des formations attractives pour devenir un acteur de premier plan dans ce domaine", mais ajoute qu' "il n’y parvient qu’en partie".

Elle rappelle que c'est la fusion des CRDP et du CNDP (centres régionaux et national de documentation pédagogique) en un opérateur unique qui a donné naissance au Réseau Canopé, devenu peu à peu l’opérateur du ministère de l’Éducation nationale et de la jeunesse (MENJ) "chargé de la formation continue tout au long de la vie des enseignants, et notamment leur formation au numérique et par le numérique". Le contrat d’objectifs et de performance 2021-2024 traduit d'ailleurs "la transformation de Réseau Canopé vers la formation des enseignants tout au long de la vie."

S'insérer dans les stratégies des académies

Et la Cour crédite le réseau d'un certain succès. "Le taux d’enseignants déclarant dans les enquêtes post-formation avoir réinvesti les acquis de ces formations dans leurs pratiques professionnelles s’élève à 40 %", un résultat "encourageant". Reste à mener "des études d’impact portant sur le bénéfice de ce dispositif sur les élèves". La formation continue des enseignants doit permettre une "progression du niveau scolaire des élèves".

Autre difficulté que pointe la Cour, "l’opérateur peine à intégrer son offre de formations dans les stratégies académiques". Certes, "il élabore des contenus pédagogiques avec les corps d’inspection et assure des formations dans les EAFC", les écoles académiques de formation continue, mais "il doit s’insérer dans le dispositif des académies en complément des directions de région académique du numérique pour l'éducation (DRANE), des EAFC et des INSPÉ. Il fait également face à d’autres opérateurs investis de missions relevant du numérique éducatif comme le CNED (Centre national d’enseignement à distance) (...). Son positionnement dans le dispositif de formation nécessite encore d’être renforcé et soutenu par la tutelle d’une part en clarifiant réglementairement son rôle et son organisation, et d’autre part en conventionnant avec toutes les académies."

Changer de modèle économique

Le Réseau Canopé souhaite d'autre part passer d’une offre "B to C" (une offre au consommateur) basée la vente d’ouvrages à une offre "B to B" (une offre à d'autres entités) "centrée sur la formation en développant ses ressources propres auprès des cibles prioritaires à fort enjeu que sont les collectivités, les EdTech et clients à l’international".

Pour assurer la formation continue des enseignants et développer son activité de conseil et de formation, le Réseau dispose d'une implantation sur l’ensemble du territoire national, les anciens CDDP (centres départementaux) étant devenus des "Ateliers Canopé". S'y ajoutent le CLEMI et une librairie à Paris et le Musée national de l’éducation à Rouen, soit au total "117 bâtiments répartis sur 107 sites en métropole et Outre-mer". Les observations de la Cour des comptes sur la question immobilière sont très détaillées et elle constate que "la réduction des surfaces, et plus encore la fermeture de sites, se heurtent parfois à des considérations politiques locales". Elle l'encourage toutefois à poursuivre ses efforts et elle estime que "la rationalisation en cours doit être l’occasion de rechercher une plus grande synergie avec les services académiques et les INSPÉ en mutualisant des locaux chaque fois que cela est possible".

Un déficit chronique, une situation fragile

La Cour est également bien consciente que l'opérateur doit "répondre à la fois aux exigences du service public pour assurer sa mission de formation continue des enseignants et à son besoin d’accroissement en ressources propres pour assurer sa soutenabilité budgétaire", d'autant que "les financements du ministère ne couvrent bien souvent qu’une partie des dépenses engagées par l’opérateur". Le Réseau Canopé "souhaite industrialiser les formations pour aller vers des formations plus standardisées et donc plus rentables", il "envisage une hausse de 1,6 M€ des recettes liées à l’offres de services (c’est à dire hors secteur édition) entre 2022 et 2026 (+ 42 %)", il "espère un essor des autres financements de l’État via les EAFC", mais "un déficit chronique épuise les réserves", Tous les résultats nets comptables ont été déficitaires depuis 2014 et "le Réseau Canopé est aujourd’hui dans une situation fragile.

L’accumulation de résultats déficitaires ne permet pas à l’établissement de restaurer ses marges financières alors qu’il va devoir réaliser de nouveaux investissements nécessaires à la poursuite de sa transformation. Un nouveau modèle économique, qui garantisse de façon pérenne un cycle d’exploitation à l’équilibre, s’impose à l’établissement."

De nouveaux projets pour de nouvelles ressources propres

Dans sa réponse, Marie-Caroline Missir estime que l’opérateur "a toute l’expertise pour revendiquer le pilotage des plateformes de formation continue des enseignants". Elle ajoute qu'il peut "accompagner les équipes éducatives" soucieuses d'innover dans le cadre du CNR (Conseil national de la refondation). De plus, "l'offre aux collectivités commercialisée depuis 2024, constitue un axe de croissance des ressources propres de l’opérateur très prometteur. Deux conventions ont ainsi été signées avec deux acteurs majeurs de la formation et de l’éducation au sein de collectivités locales : le CNFPT et l’Andev. Un partenariat avec EduRenov, porté par la Banque des Territoires est également engagé pour la contribution de l’opérateur aux actions de rénovation du bâti scolaire". Sont également développées des "actions de formation et de sensibilisation au bon usage du numérique dans la vie des enfants et des familles. Ces actions rencontrent un vif succès et constituent un axe fort de développement et de ressources propres pour l’opérateur."

Le site de la Cour des comptes à partir duquel télécharger les Observations et les réponses de la directrice générale et du ministère ici

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