30' APQ : “Un manque de coordination entre les différents acteurs, un déploiement partiel et des interrogations sur les objectifs à atteindre“ (Rapport, Sénat)
Paru dans Scolaire le vendredi 27 septembre 2024.
Mots clés : APQ, Darcos, Gosselin
La Mission d'information sénatoriale concernant les 30 minutes d'activité physique quotidienne (APQ) à l'école a constaté “un manque de coordination entre les différents acteurs, un déploiement partiel et des interrogations sur les objectifs à atteindre“, peut-on lire dans la synthèse du rapport publiée vendredi 27 septembre.
En juin 2022, indiquent les deux sénatrices en charge du dossier, seulement 20 % des écoles françaises avaient adhéré volontairement au dispositif lancé deux ans auparavant, ce qui n'a pas empêché Emmanuel Macron d'annoncer sa généralisation à l’ensemble des écoles primaires dès la rentrée suivante. Cependant, précisent Béatrice Gosselin et Laure Darcos, “il a fallu attendre plus de 6 semaines pour qu’une note de service du ministère de l’éducation nationale (..) vienne traduire la déclaration présidentielle“, une note qui “n’apporte toutefois aucune précision ni aucun moyen supplémentaire aux enseignants pour la mise en œuvre concrète du dispositif“.
Une annonce qui a de plus “suscité de nombreuses interrogations au sein du corps enseignant“, beaucoup ayant “perçu cette déclaration comme la nécessité d’ajouter 30 minutes de sport par jour à un temps scolaire qui n’est pas extensible“, ou ayant vu, “dans un contexte où l’EPS au primaire est devenue un enseignement ‘strapontin‘ (..), une disparition de cette discipline au profit d’un enseignement au rabais se limitant à faire ‘bouger‘ l’élève“.
Selon une enquête de la Dgesco publiée en janvier 2024, ajoutent-elles, loin des déclarations présidentielles soulignant une participation “de plus de 90 % des élèves“, la mise en œuvre du programme serait davantage “partielle“ dans de nombreuses écoles, 22 % d'entre elles indiquant qu’elle concerne moins de la moitié des classes.
Les sénatrices ont encore constaté que le “kit sportif“ n'a pas été distribué à toutes les écoles “en raison des difficultés d’acheminement entre le lieu de stockage des kits au niveau académique ou de la circonscription et chaque école, mais aussi en raison de leur nombre insuffisant". A titre d'exemple, environ 10 % des écoles élémentaires des académies de Créteil et Versailles ne disposeraient d’aucun kit.
Avec quel bénéfice pour les élèves ? Elles estiment que “l’utilisation des termes d’activités ‘sportives‘ au lieu de ‘physiques‘ et la présentation du dispositif comme un moyen ‘d’inscrire pleinement le sport à l’école‘ mélangeant pêle-mêle les clubs sportifs, le sport professionnel ainsi que les performances sportives ont semé le trouble sur son objectif.“A cela s'ajoute qu'il n'existe “aucune étude de santé publique sur les effets des 30 minutes d’APQ sur la lutte contre la sédentarité.“
Pour “redonner du souffle“ à un programme destiné à améliorer la santé des élèves, les sénatrice formulent 6 recommandations, notamment de mesurer l’impact du dispositif, mais aussi de renommer le dispositif “pauses actives et de bien-être“ (PABE) pour “éviter toute confusion entre APQ et EPS en rappelant qu’il s’agit d’un dispositif réalisable en plusieurs séquences courtes tout au long de la journée". Il s'agit encore d'aménager les cours d’école “pour inciter les élèves à se dépenser pendant les récréations et les temps périscolaires“, de “responsabiliser les parents“ sur l'importance de l'activité physique de leurs enfants ou encore de renforcer la formation des enseignants (par exemple en formant en trois ans au moins un enseignant par école spécifiquement sur l’AP, en incluant des exemples d’apprentissages dynamiques en lien avec l’APQ dans les formations initiale et continue portant sur les savoirs fondamentaux).
Enfin, alors que les communes “n'ont pas été associées et informées de ce dispositif“, il conviendrait aussi d'associer les intervenants du temps périscolaire à la mise en œuvre des APQ (pour élaborer conjointement de nouvelles activités ludiques).
La synthèse ici