Mathématiques : L'institut Montaigne préconise des dépistages en Grande Section et de s'appuyer sur les acquis de la recherche
Paru dans Scolaire le jeudi 26 septembre 2024.
“Le manque de formation adéquate des enseignants sur la gestion des émotions liées à l’apprentissage et sur la représentation des efforts en mathématiques contribue à une anxiété élevée parmi les élèves français, freinant leurs progrès“, estime Baptiste Larseneur dans une note de l'Institut Montaigne sur les Mathématiques à l'école publiée mercredi 25 septembre.
Pour le spécialiste éducation du think tank libéral, cette “baisse significative et continue“ du niveau en mathématiques commence dès le primaire, “où les compétences de base comme les opérations élémentaires et les fractions ne sont pas acquises par une majorité d’élèves“, notamment en CE1 où apparaissent des écarts de performances liés au genre “avec un avantage progressif des garçons“.
Après une “succession de réformes, sans vision d’ensemble et mal coordonnées, qui n’a pas produit de résultats notables“, des initiatives récentes (priorité donnée à l’école primaire depuis 2012, Plan Mathématiques lancé en 2019) “pourraient inverser la tendance à moyen terme“, même si selon l'auteur une “mutation plus profonde (..) semble nécessaire“ car “la France compromet sa croissance future et risque de perdre son rang de puissance mondiale“.
Pour inverser la tendance, poursuit-il, il s'agirait pour commencer de “dépolitiser la politique publique de l’éducation“ face à des décisions “largement motivées par la volonté de marquer les esprits“. Pour cela, il conviendrait de “s’appuyer sur le seul dénominateur commun susceptible de faire consensus : les acquis de la recherche“ en créant une instance indépendante composée de chercheurs nationaux et internationaux avec pour rôles de “tenir à jour l’état des connaissances scientifiques, d’impulser des expérimentations de politiques éducatives de manière ciblée, de certifier les manuels scolaires en collaboration avec les éditeurs, et d’évaluer l’opportunité des politiques publiques avant toute mise en œuvre, qu’elles soient de nature réglementaire ou législative.“
Une “stratégie décennale“ serait ainsi adoptée, avec l'organisation d'une conférence annuelle qui “définirait“ collectivement les objectifs à atteindre, établirait les principales orientations, concevrait des outils de pilotage, analyserait les indicateurs territoriaux, nourrirait le débat public et proposerait des expérimentations locales. En outre, une “plus grande latitude“ serait donnée aux intervenants locaux de l’éducation “afin de favoriser le déploiement d’expérimentations locales“.
Ensuite, sont prévues des “interventions ciblées“ dès le premier degré, avec un “dispositif de dépistage de compétences en grande section pour identifier les élèves nécessitant un soutien renforcé“. En CM1 et CM2, il est proposé pour atteindre des “objectifs de progression clairement définis“, d’expérimenter “des professeurs spécialisés en mathématiques dans les classes de CM1 et CM2, qui interviendraient auprès de plusieurs classes d’un établissement ou réseau d’écoles", tandis que les enseignants disposeraient de manuels labellisés.
Baptiste Larseneur plaide encore pour un “renforcement de la formation initiale des professeurs des écoles en mathématiques“, mais aussi pour un “accès régulier à la formation continue“ ainsi qu'un “accompagnement des nouveaux enseignants durant leurs deux premières années, période critique souvent négligée, afin de limiter les démissions précoces.“
“Solution pragmatique pour pallier la pénurie, notamment en enseignement des mathématiques“, il est également question de “valoriser et de simplifier les reconversions professionnelles“ notamment via la constitution d'un “vivier de professionnels aux compétences scientifiques solides (qui) pourraient être orientés vers l’éducation, bien que ces derniers soient souvent dissuadés par les obstacles à leur intégration.“
La note ici