Dans les quartiers prioritaires, des parents “ni laxistes ni démissionnaires“ (AFEV)
Paru dans Scolaire, Périscolaire, Justice, Orientation le jeudi 26 septembre 2024.
Dans les quartiers prioritaires, les parents ne sont “ni laxistes ni démissionnaires“ estime l'AFEV au regard des résultats d'une enquête menée auprès de 737 parents d’enfants qui y sont scolarisés.
Publiée mercredi 25 septembre à l'occasion de la 17ème Journée du refus de l’Échec scolaire, cette étude révèle en effet des conditions de vie “parfois précaires et complexes dans l’organisation familiale“, constituant “autant d’obstacles concrets à l’exercice de la parentalité“.
Conditions de vie
Premièrement, 36 % des familles sont monoparentales (contre 25 % des familles en moyenne en France) et 56 % ont 3 enfants ou plus (c'est le cas d'une famille sur 5 en France métropolitaine).
Côté travail, le taux de parents en recherche d'emploi est de 20 %, contre 9 % en France métropolitaine. Parmi les 56 % de parents qui sont en emploi (les autres étant retraités, au foyer, étudiants ou invalides), quelque 38 % ont un niveau de revenus mensuel net inférieur ou égal au SMIC (environ 1400€) et 19 % d'entre eux se situent même en dessous du seuil de pauvreté (moins de 1000€ par mois). Plus de deux tiers des parents en emploi (69 %) sont également concernés par des horaires atypiques ou décalés, et 36 % d'entre eux déclarent être sans solution pour faire garder leurs enfants.
Education
Dès lors, la confiance envers l’école est “extrêmement forte“ (88 % des familles interrogées), d'autant que 37 % des parents indiquent ne pas parvenir à aider leurs enfants pour les devoirs. “Pour 51 % d’entre eux, c’est la peur de se tromper qui les freine“, précise l'association de la fondation étudiante pour la ville (AFEV).
A cela s'ajoute une “forte inquiétude“ pour l’avenir de leurs enfants, avec 61 % des sondés qui évoquent la peur de l’échec scolaire (elle augmente à partir du collège) ou qui s’inquiètent des mauvaises fréquentations de leurs enfants et 53% qui craignent qu’ils soient en danger.
Mais quelle réponse ces parents trouvent-ils face à ces difficultés ? Pour 41 % des répondants, il s'agit de ne compter que sur eux-mêmes, 8 % ne savent pas vraiment à qui s'adresser. Cependant, 44 % des parents questionnés auraient envie d'être conseillés ou accompagnés dans leur rôle de parent, que ce soit sur l’aide aux devoirs (64 %), l’orientation scolaire (46 %), le bien-être et la socialisation de leur enfant (46 %).
Très préoccupés par l’éducation de leurs enfants, les parents de milieu populaire, comme tous les parents, ont “conscience que l’avenir de leurs enfants dépend largement (davantage que pour les autres familles) de l’institution scolaire“, conclut l'AFEV, or ils n’ont“ ni les conditions de vie, ni le capital scolaire qui leur permettraient d’exercer sereinement leur parentalité“ c'est pourquoi l’enjeu du renforcement et de l’adaptation des politiques de soutien à la parentalité est majeur et urgent, en particulier pour les mères solos “surreprésentées dans les quartiers prioritaires“.
Familles monoparentales
L'AFEV propose un focus sur les parents solos qui sont “plus nombreux dans les QPV, et sont confrontés à un cumul de difficultés". Par exemple, 47 % vivent avec moins de 1400 € par mois, (contre 20 % des couples) et 28 % sont au chômage (versus 16 %).
Des conditions de vie globalement plus précaires qui ont “un impact particulièrement fort sur les opportunités de passer du temps qualitatif avec leurs enfants“ : seulement 30 % des familles monoparentales déclarent pouvoir partager ces moments avec leurs enfants aussi souvent que souhaité, soit 8 points de moins que pour les couples. Elle sont en effet plus souvent limitées par l’aspect financier, les contraintes de disponibilité ou encore les difficultés de transport.
Moins à l’aise dans leur rapport à l’école (27 % déclarent ne pas pouvoir aider leurs enfants car elles ont elles-mêmes eu un parcours scolaire complexe, contre 17 % chez les couples), ces familles sont également plus souvent inquiètes quant à l’avenir de leurs enfants et davantage contraintes de faire face seules aux difficultés de leurs enfants, même si elles font toutefois appel aux associations et structures de quartier dans une proportion égale aux couples.
De quoi souligner “un enjeu fort à répondre aux souhaits de conseil / accompagnement exprimés par ces monoparents (là encore supérieurs de 3 points, ndlr) qui font partie des profils les plus fragiles parmi les familles de quartiers d’habitat social“, ce qui suppose d’envisager de proposer “davantage de dispositifs d’accompagnement à la parentalité“ adaptés à leurs contraintes, comme par exemple “des modalités de garde des enfants, pour qu’elles puissent y participer pleinement“.
L'enquête ici