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Rentrée scolaire, nouveau gouvernement : “Là, on rentre dans le dur“ (FNEC-FP-FO, ID-FO)

Paru dans Scolaire, Orientation le dimanche 08 septembre 2024.

“C'est un immense ras-le-bol“ qui caractérise le sentiment des personnels de l'Education nationale, estimait vendredi 6 septembre Clément Poullet, lors de la conférence de presse de rentrée de la FNEC-FP-FO.

Le secrétaire général de l'organisation syndicale, accompagné notamment d'Agnès Prouteau et d'Awa Ba, considère qu'au “coup de force“ institutionnel du président de la République (nomination d'un Premier ministre non issu de la formation arrivée en tête aux dernières élections législatives, ndlr) en succède un autre, contre l'école publique et ses personnels.

Si la vision politique de Michel Barnier en matière d'éducation (voir ToutEduc ici) n'est en rien partagée par la FNEC, c'est avant tout la continuation des réformes en cours qui est dénoncée, comme le Pacte enseignant qui aurait suscité un “rejet très fort“ chez les enseignants selon le secrétaire national François Pozzo. Alors que les enveloppes du Pacte se réduiraient en raison des coupes budgétaires annoncées au printemps dernier, “le seul objectif, selon son homologue Christophe Lalande, consiste à montrer qu'on peut travailler à la carte“, ce qui renvoie à l'autonomie des établissements.

D'ailleurs pour les élus du syndicat de Force Ouvrière les enseignants “ne demandent pas ça, mais une augmentation de salaire“, une opposition qui se retrouve également concernant le Choc des savoirs, notamment sur la question des moyens nécessaires, car pour améliorer les résultats des élèves au test PISA, “il faut écouter les revendications des personnels, c'est à dire avoir toutes les heures de cours, et avoir des classes moins nombreuses“. Des revendications faisant écho aux conditions de travail dénoncées en cette rentrée, entre désorganisation et manque de personnels “un peu partout“ (AESH, AED, vie scolaire).

Par ailleurs, les directeurs d'école “ont reçu pendant les vacances un courrier leur indiquant qu'ils allaient être évalués“ suite à l'application de nouveaux décrets de la loi Rilhac, fait savoir Christophe Lalande, or “beaucoup ne comprennent pas à quoi elles vont servir“, celles-ci ne comptant pas pour leur développement de carrière.

La réforme des retraites, “sujet non réglé“, fait partie des points majeurs de contestation pour la FNEC-FP-FO. Si elle soutient la mobilisation du 7 septembre à l'initiative d'organisations de jeunesse, elle n'appelle pas à faire de même pour le moment, même si elle évoque des discussions dans les intersyndicales : “c'est le moment d'y aller, de taper un grand coup. Ca peut aller très vite : il n'y aura pas de retour à une situation normale tant que les aspirations majoritaires ne seront pas écoutées“, conclut Clément Poulet.

ID-FO tenait également une conférence de presse de rentrée le même jour. “Ca craque de toute part, et aussi chez les personnels de direction“, a souligné sa secrétaire générale, Agnès Andersen, faisant part d'une certaine “exaspération“ et de “la colère“ qui sont “au plus haut dans la profession“ concernant les conditions de travail. Parmi les difficultés, des missions sans cesse ajoutées sans moyens supplémentaires, un mode de management qui se fonde sur une “instabilité permanente“ au gré des réformes successives. En outre, de nombreux postes seraient vacants (notamment d'adjoints), principalement en raison de trop bas salaires.

L' “état-plateforme“ fait partie des récriminations portées par l'organisation syndicale. Valérie Kroes parle à ce titre de la “mise en œuvre à marche forcée de nouvelles applis“ qui sont à la fois “non maîtrisées, et pas correctement développées“. Si elles sont sensées accompagner le fonctionnement des PERDIR, elles sont “essentiellement créées au service de la production de données“. De plus, poursuit-elle, ces applications "nous réduisent au rôle d'opérateur de saisie, et deviennent un instrument de contrôle de l'activité des chefs établissements“.

Enfin, dans la voie professionnelle, “les PERDIR se retrouvent en difficulté devant les équipes“ estime Alain Mallet, avec une réforme sans directive officielle de mise en œuvre, “sans éléments véritables sauf quelques pdf ou power point qui doivent être adaptés au contexte de l'établissement, ce qui demande un travail considérable car derrière il y a les emplois du temps“. Ce serait le cas avec la sortie en “Y“ qui va “obliger (les établissements) à faire deux emplois du temps“.

Tous ces changements entraînent une complexification du temps scolaire, entre autres car il faut expliquer aux parents les mutations, ajoute Julien Giovacchini à propos des groupes de niveaux ou de besoins. Un travail qui retombe sur les équipes de direction, en particulier sur les adjoints, ou sur le chef d'établissement qui parfois “se prend des réflexions, des remarques“. Un mode de fonctionnement “qui transfère la responsabilité sur ceux d'en bas. Ce n'est pas acceptable de la part des employeurs de maltraiter ses cadres“ assure Agnès Andersen.

Les réformes contestées par les personnels et le “mauvais“ management imposé par des politiques qui ne pensent pas à leur mise en œuvre, ont besoin, poursuit la secrétaire générale d'ID-FO, d'un “changement de gouvernance, d'un “dialogue social renouvelé, fondé sur la négociation : on a été concerté, on est réunis, on se parle, on alerte.. mais on n'est pas écoutés.“ Sur le Choc des savoirs par exemple, selon elle “il faut savoir sortir de l'idéologie et avoir le courage de dire qu'on s'est trompé. Tout le monde est contre, et on voit que ça ne va pas marcher.“

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