Filière STMG : “le statu quo n’est désormais plus tenable“ (IGESR)
Paru dans Scolaire le mardi 16 juillet 2024.
“Le statu quo n’est désormais plus tenable“ estime l'IGESR dans un rapport qui passe au crible la situation de la série technologique sciences et technologies du management et de la gestion (STMG).
Pour les cinq inspecteurs généraux de l’éducation, du sport et de la recherche en charge du rapport, beaucoup d’élèves de la filière, “regroupés au sein de classes surchargées qui sont un frein à la différenciation pédagogique, accompagnés par des professeurs contractuels souvent peu formés“, voient en effet leurs chances de réussite au baccalauréat et de poursuites d’études “fortement compromises“.
Dans le document publié le 5 juillet, la situation est en outre qualifiée de “problématique“ en raison “des déséquilibres qu’elle induit avec les autres séries technologiques, mais aussi avec les deux autres voies de formation, générale et professionnelle“. De fait, si sur la scène internationale “le modèle dominant est celui d’une distribution entre une voie générale et une voie professionnelle“, la France a “fait le choix de trois voies d’accès au baccalauréat“, un choix “aujourd’hui fortement interrogé tant les finalités des voies technologiques et professionnelle apparaissent brouillées.“
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Surtout que l'évolution de la filière STMG se caractérise par “un accroissement récent en volume qui s’accentue depuis la réforme du baccalauréat général“ (+ 40 % du nombre d'intentions d'orientation en STMG de la part des élèves et des familles entre 2019 et 2022), à laquelle s'ajoute “une inquiétude sur le niveau des élèves qui se matérialise par une baisse significative du taux de réussite au baccalauréat et une situation préoccupante en matière de poursuite d’études post-baccalauréat.“
Les publics accueillis en STMG, poursuit la mission, se sont par ailleurs “fortement diversifiés“ ces dernières années en raison du “caractère plus ou moins subi de cette orientation qui renvoie à des dysfonctionnements manifestes des procédures d’orientation en classe de troisième et de seconde générale et technologique". Se côtoient dès lors dans les mêmes classes des élèves dont le projet correspond aux attendus de la série et d'autres qui auraient pu s’épanouir au lycée professionnel. Aussi, les équipes éducatives se disent “d’autant plus désemparées devant ces situations qu’une fois au lycée, les possibilités qui s’offrent à ces élèves se trouvent contraintes en raison des capacités d’accueil réduites dans la voie professionnelle".
Or, “la présence dans plus d’un établissement sur deux d’une série technologique ‘généraliste‘ offre, y compris pour les établissements qui n’en disposent pas, une réponse ‘facile‘ à destination d’élèves fragiles ou qui, pour diverses raisons, se retrouvent au lycée faute d’avoir voulu ou pu intégrer la voie professionnelle au sortir du collège“. Emprunter la voie technologique peut de même “constituer un choix sécurisant voire stratégique pour un public de lycéens qui souhaitent réussir leur parcours scolaire sans l’angoisse de faire face à un niveau d’exigence perçu comme plus élevé dans la voie générale rénovée.“
Scénarios
Face à la difficulté d'une régulation des effectifs, trois scénarios d’évolution de la série STMG, dotés de conditions à la fois communes (comme par exemple l'évolution des contenus des enseignements de spécialités) et personnalisées sont proposés par la mission d'inspection.
Celui qu'elle recommande consiste à “conserver les trois voies de formation et les deux paliers d’orientation“ (en troisième et seconde). Il serait alors question d'agir sur l'orientation en faisant “clairement apparaître la dimension technologique de la classe de seconde“, c'est à dire la renforcer “en adaptant l’enseignement de sciences numériques et technologie (SNT)“ qui ferait “l’objet d’une large information, en amont du lycée, auprès des collégiens et de leurs familles.“ Il s'agirait en outre de prendre en compte les élèves “naufragés“ de seconde “qui refusent ou ne trouvent pas de place dans la voie professionnelle“.
2ème proposition, intégrer la série STMG dans la voie générale, ce qui nécessiterait de mettre en place “un accompagnement renforcé en seconde pour les élèves identifiés en difficulté lors des tests de positionnement en début de lycée“, d'élaborer “deux enseignements de spécialité indépendants l’un de l’autre en économie-gestion“ ou encore d'engager “une réflexion sur les ajustements nécessaires de la politique de formation continue des enseignants du lycée pour absorber les enjeux pédagogiques de l’accueil de ces 160 000 élèves“.
Le 3ème scénario préconise de supprimer la voie technologique et de “lui substituer un ensemble d’enseignements de spécialités technologiques“. Ce dernier, qui s'inscrit dans l'idée d'un lycée modulaire, “conduirait mécaniquement à une modification significative du palier d’orientation de seconde.“
Le rapport ici