Accusation d'antisémitisme à l'occasion du "grand oral" du baccalauréat : un emballement médiatique
Paru dans Scolaire le vendredi 12 juillet 2024.
Plusieurs élèves du lycée Yabné à Paris, un établissement privé sous contrat, se sont plaints d'avoir été "saqués lors du grand oral du Bac" et des accusations d'antisémitisme à l'encontre d'enseignants membres du jury ont été reprises par certains médias. C'est ainsi que Caroline Yadan, la nouvelle députée de la 8e circonscription des Français de l'étranger, hier jeudi 11 juillet sur Radio J a déclaré : "Cette affaire dit ce qu’a créé LFI : la possibilité d’une discrimination totale envers les juifs dans ce pays (...). La responsabilité émane aussi de la gauche qui s’est alliée, qui a vendu son âme pour quelques sièges électoraux." Le SNALC, le syndicat des lycées et collèges, écrit qu'il a été "horrifié de l’emballement médiatique qui s’est produit suite à une rumeur".
La ministre de l'Education nationale a réagi aussitôt et diligenté une inspection. "Si les faits et l’antisémitisme étaient constatés, cela serait d’une extrême gravité et (elle) ser(ait) intraitable dans les actions qui alors s’imposeraient. Si les faits et l’antisémitisme n’étaient pas constatés, il s’agirait alors d’une information infondée et intolérable à laquelle (elle) répondrait pour y mettre un terme et protéger l’ensemble des protagonistes."
L'enquête administrative a montré que les élèves du lycée Yabné qui étaient convoqués au Lycée Charles de Foucault ont passé le grand oral aux côtés de candidats de deux autres lycées. 97 élèves du lycée Yabné ont présenté l’épreuve au titre du binôme de spécialités mathématiques / physique-chimie, dont 22 avec le jury B15, et 29 avec le jury B25. En ce qui concerne les premiers, "6 ont obtenu entre 7 et 9, et 16 entre 10 et 18", et comparées à celles des candidats venus d'autres lycées, leurs notes ne révèlent aucune "distorsion de notation".
Quant au jury B25, il a noté entre 2 (un élève venu d'un autre lycée) et 20 : "9 élèves ont obtenu 20/20, dont 5 de Yabne. Il n’est donc pas possible de conclure à une discrimination à raison de la religion ou de l’établissement d’origine." Le rapport d'inspection reconnaît que ce jury "a une échelle de notation beaucoup plus large" que son homologue et ajoute : "C’est un jury très catégorique." Pour la ministre donc, "rien ne permet de retenir une discrimination à l'égard des élèves du lycée Yabné".
Le SNALC estime que l’enquête a lavé les enseignants de tout soupçon, et il ajoute que cette affaire "n’a fait que révéler ce que nous savions déjà, à savoir que le grand oral est une épreuve qui dysfonctionne tant dans sa préparation que dans son évaluation".