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Pour le MEDEF Ile-de-France, les liens école-entreprise évoluent positivement

Paru dans Scolaire, Orientation le mardi 25 juin 2024.

Le MEDEF Ile-de-France organisait fin mai une "fête des métiers et de l'alternance" qui a battu des records d'affluence avec quelque 6 500 visiteurs (contre 4 000 l'année dernière), un record depuis sa création en 2011. ToutEduc a demandé à Daniel Weizmann, président de l'organisation patronale dans la région, comment il comprend l'intérêt que suscite un tel évènement.

Daniel Weizmann : L'Ile-de-France connaît une situation paradoxale. Contrairement à ce que beaucoup imaginent, c'est la première région industrielle de France, avec des entreprises qui recrutent à tous niveaux, mais nous avons surtout des formations en alternance post-bac et dans les services. A cela s'ajoute un taux de déperdition important, 10 % environ d'échecs et un quart des jeunes diplômés qui exercent finalement un autre métier que celui auquel ils étaient préparés. Le décalage entre l'offre et la demande est considérable. L'exemple des ascensoristes est frappant. Nous avons dans la région deux lycées qui en forment au mieux 200 chaque année, pour 2 000 offres d'emploi, avec des salaires d'embauche à 3 000€ et de belles perspectives de carrière ! C'est mieux que bien des métiers auxquels amène la voie générale.

ToutEduc : Et surtout mieux que l'enseignement... Mais quel que soit son succès, le salon ne suffira pas à compenser le “gap” que vous décrivez.

Daniel Weizmann : Vous avez raison de le noter, les difficultés sont importantes. Les élèves sont confrontés à la pression de leurs parents qui pensent voie générale. Et s'ils visent un bac pro, ce n'est pas toujours celui qui leur convient. Ils ont parfois choisi celui qui était à côté de chez eux, ils ne connaissent pas la réalité des métiers qui en sont les débouchés...

Le parcours d'orientation doit commencer le plus tôt possible. Je ne plaide pas pour un retour du palier d'orientation en 5ème, mais pour une découverte des métiers qui commence en 5ème et se prolonge jusqu'en seconde. C'est essentiel pour lever des barrières. Une des clés, c'est de commencer le plus tôt possible. Chaque année, France chimie organise le "village de la chimie", et il faut voir les élèves, ils ont les yeux écarquillés, ils arrivent avec des préjugés sur la chimie, la pollution, les mauvaises odeurs, quand ils découvrent le centre de recherche d'un fabricant de produits cosmétiques, ou le centre de contrôle qualité d'un fabricant de pneus, ce qu'ils voient est très différent de ce qu'ils imaginaient. Ils sont fascinés.

ToutEduc : Ce parcours de découverte des métiers est prévu par les textes, avec des heures dédiées...

Daniel Weizmann : C'est une super idée au départ, y compris d'ailleurs pour les enseignants qui ont l'opportunité de donner des exemples concrets de l'intérêt de leur discipline, mais le taux d'utilisation de ces heures est très disparate. Je dois pourtant dire que je perçois un changement très profond du côté de l'Education nationale, j'avais l'impression d'être face à un mur, l'Ecole fait sa mue... Je n'ai pas encore rencontré le nouveau recteur de la région académique, mais son prédécesseur, Christophe Kerrero a beaucoup fait pour le rapprochement école-entreprise.

ToutEduc : Vous êtes pourtant plus favorable à l'alternance qu'à la formation dans les lycées professionnel...

Daniel Weizmann : L'avantage de l'alternance, quand le jeune est recruté par l'entreprise dans laquelle il était apprenti est qu'il en connaît les codes. J'ai commencé ma vie professionnelle chez Xerox et le premier jour, on m'a remis un petit dictionnaire, le “xerolangue”, avec tous les sigles et les termes techniques que je devais connaître. Il faut 6 mois à 2 ans à un jeune pour être pleinement opérationnel s'il n'a pas les codes. Mais sinon, un baccalauréat préparé en alternance ou au lycée, en termes de niveau, ça se vaut. Les lycées professionnels ont d'ailleurs un rôle essentiel à jouer pour la réindustrialisation du pays. Et je crois beaucoup aux BDE, les bureaux des entreprises. On en voit les premiers résultats, leurs responsables ont à coeur de présenter les métiers dans les collèges...

ToutEduc : Comment voyez-vous le rôle de la Région ? Les textes lui en confient un dans l'information.

Daniel Weizmann : La Région Ile-de-France a créé à cet effet Oriane, une agence qui propose des réponses aux demandes d'informations sur des formations et les métiers. En même temps, l'ONISEP nous dit que "tout est cartographié", mais n'a pas les moyens de communiquer aux lycéens les informations qu'il détient. Au lieu de se concurrencer, les deux organismes devraient jouer des rôles complémentaires, sans esprit de clocher...

Propos recueillis par P. Bouchard, relus par D. Weizmann

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