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Formation des enseignants : Demander le report d'une réforme souhaitée ? La situation paradoxale des universités

Paru dans Scolaire le vendredi 21 juin 2024.

Sans évoquer explicitement la réforme de la formation des enseignants, le réseau des INSPE (et leur homologue pour l'enseignement agricole) fait valoir dans un communiqué ce 21 juin qu'ils "forment et accompagnent chaque année des milliers de futurs enseignants, conseillers principaux d’éducation et psychologues de l’Éducation nationale" et que "leur organisation et leur fonctionnement reposent sur la liberté académique, l’indépendance et l’importance accordée à la recherche". Le réseau rappelle son attachement aux "principes et valeurs de la République : la liberté, l’égalité, la fraternité, la laïcité et les libertés fondamentales qui en découlent". Quant à l'école, elle a pour missions d' "apprendre (aux élèves) à vivre ensemble et apprendre à apprendre ensemble". Le réseau des INSPÉ souligne donc l’importance pour chacune et chacun d’exercer son droit de vote", sans exprimer pour autant de préférence partisane et sans se prononcer sur la réforme de la formation des enseignants.

France Universités (qui rassemble les dirigeants exécutifs des universités et établissements publics d’Enseignement supérieur et de Recherche) a publié hier un communiqué dans lequel il rappelle "son accord avec les orientations inspirant (cette) réforme" jusqu'à ce que soit connu le projet de décret qui, au lieu de prévoir que les lauréats des concours suivent une formation dans un "établissement public de formation", indique qu'ils suivront une formation dans "un organisme de formation du ressort géographique d’une académie désigné par le ministre chargé de l’éducation nationale". Pour les présidents d'universités, cette formule est "ambiguë" car "elle laisse entendre qu’il pourrait s’agir d’un organisme dénué de toute attache universitaire", public ou privé, éventuellement à but lucratif. Le changement "franchit une ligne rouge". Ils demandent donc instamment au Gouvernement de reporter la réforme à la rentrée 2025.

Selon les informations recueillies par ToutEduc, France Universités est "complètement en phase avec la réforme", il fallait "sortir de l'illusion" qu'on peut former un enseignant en deux années de master, d'autant que la masterisation était "polluée par la préparation du concours". Mais, faute d'arbitrages et du fait des changements de ministres, "on se trouve dans une situation invraisemblable" puisque les textes seront examinés par le Conseil d'Etat le 9 juillet, qu'is sortiront donc au mieux le 10, alors qu'il faut, d'ici la rentrée, ajouter des modules aux licences suivies par les futurs enseignants du 2nd degré, prévoir leur coût, réorganiser les services des enseignants, et pour le 1er degré, transformer, là où ils existent les PPPE (parcours de formation des professeurs des écoles) en licences pluridisciplinaires, prévoir les modalités de validation qui dispenseront les candidats des épreuves d'admissibilité..

Les syndicats de la FSU, SNUIPP, SNES, SNEP, SNUEP et SNESUP appellent le Gouvernement à retirer la réforme : "les travaux du Parlement sont suspendus, la campagne pour les élections législatives a commencé, et en toute logique toutes les réunions sur des dossiers nécessitant des arbitrages politiques sont annulées et reportées. Toutes sauf celles sur la réforme de la formation initiale !". Interrogée par ToutEduc, Guislaine David précise que la fédération demande le retrait du projet de réforme, la réalisation d'un bilan de la "réforme Blanquer", un travail de définition des besoins des futurs enseignants, et des besoins en formation continue. Elle ajoute qu'en l'état, le projet n'est pas entendable, qu'il s'agisse du statut des lauréats en M1 ou de la licence des futurs professeurs des écoles ou des modalités de passation des concours. Elle indique par ailleurs à ToutEduc que la mise en oeuvre des programmes de maternelle et CP-CE est reportée d'un an et que le décret sur la labellisation des manuels est toujours en cours d'examen au Conseil d'Etat.

Pour SUD Education, la réforme "est imposée dans la panique". Favorable au passage du concours à Bac+3, l'organisation syndicale dénonce un projet "entièrement ficelé". Elle a décidé de quitter "avec d’autres organisations syndicales, les mascarades de réunions de travail organisées par la DGRH".

En revanche, le SE-UNSA estime que cette réforme doit se mettre en place le plus vite possible, il n'en demande pas le report, contrairement au SNPTES et Sup Recherche, les deux syndicats UNSA du supérieur.

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