30 minutes d'APQ : Un bilan pas si positif, l'inquiétude d'un remplacement de l'EPS (SNEP-FSU)
Paru dans Scolaire le mercredi 22 mai 2024.
Dans un article publié la semaine dernière sur le site du SNEP-FSU, Claire Pontais, secrétaire nationale au SNEP-FSU, fait entendre un autre son de cloche concernant le dispositif “30 minutes d'activités physique quotidienne“ (APQ) mis en place par le gouvernement en 2020.
Celui-ci avait fait l'objet d'un bilan assez flatteur (voir ToutEduc ici) dans un rapport élaboré avec des données recueillies dans l'académie de Créteil, préfiguratrice de la mesure avant qu'elle ne soit généralisée.
Or, explique-t-elle, il est fait état de 56 % d'enseignant.es qui mettent en place l’APQ dont la moitié quotidiennement, plus souvent en maternelle (75 %) qu’en élémentaire (46 %), tandis que de son côté, le ministère évoquait lors de la semaine olympique “91,5 % des écoles primaires et élémentaires qui déclarent mettre en œuvre les 30’ d’APQ, même partiellement“ sans fournir de références sur cette donnée.
Claire Pontais s'est procuré les résultats de deux autres académies. A Créteil et dans l'une d'entre elles, indique-t-elle, l’APQ ne concerne que la moitié des écoles, et dans ces écoles moins de la moitié des élèves ce qui “s’explique par le fait que l’APQ est majoritairement une initiative individuelle". A l'inverse, les projets d’équipe “concernent au mieux un tiers des écoles“ (de 20 à 34 %).
A Créteil, poursuit-elle, pourtant académie pilote, ce sont, à 89 %, les ressources personnelles qui sont le plus utilisées, tandis que les ressources Eduscol sont utilisées à 43 et 63% dans les autres académies. Le “bouger“ consiste en des récréations actives pour 39 % des répondants à Créteil, mais jusqu'à 58 % et 79 % dans les deux autres territoires étudiés. Il s'agit également de leçons ou de pauses actives en salle de classe (entre 32 et 63 %) ou encore d'activités pendant la pause méridienne (entre 30 et 51 %). Au final, explique-t-elle, “la campagne médiatique sur l’activité physique quotidienne a surtout permis de réfléchir à l’aménagement et aux activités des cours de récréation.“ Par ailleurs, l’APQ “est assurée à 90 % par les PE, donc sans les fédérations“, ce qui était prévu au départ, et les enseignants sont peu nombreux à avoir reçu un accompagnement (entre 25 et 37 % selon les académies).
L'inquiétude de l'ancienne formatrice en INSPE porte surtout sur l'EPS, dont l'absence dans les enquêtes empêche de savoir “si le dispositif a contribué à augmenter le temps global (EPS + APQ) sur le temps scolaire, ce qui était tout de même l’objectif“, tout comme cela “ne permet non plus de savoir si l’APQ remplace l’EPS…, ce qui est un risque non négligeable“. Un danger de “substitution“ de l’EPS par l'APQ, d'autant que “le temps scolaire étant très contraint (24h), avec une forte pression sur les maths et le français, les professeurs des écoles ne réussissent pas à assurer l’horaire officiel d’EPS“, aussi “ajouter en plus de l’APQ est un défi en soi“.
Claire Pontais pointe dès lors le “problème majeur“ du dispositif, qui met en évidence “d’un côté, la nécessité de lutter contre la sédentarité (objectif partagé) et de l’autre un choix d’école : d’un côté une école centrée sur les fondamentaux, avec un ‘bouger‘ qui ne demande ni équipements, ni formation ; de l’autre la revendication d’une augmentation de l’horaire d’EPS avec tout ce que cela suppose d’espaces dédiées, de formation et de diminution de la pression sur les maths et le français“.
C'est pourquoi, conclut-elle, “dans le contexte actuel d’une école libérale, on comprend vite pourquoi l’accent est mis sur le ‘Bouger‘ et non l’EPS“, notamment au regard de la nouvelle réforme de la formation des enseignant.es “qui supprime l’épreuve orale et obligatoire d’EPS au concours PE“.