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Entre 2010 et 2017, le nombre de jeunes non-diplômés issus de QPV en baisse, celui des bac+ 5 en hausse (CEREQ, ANCT)

Paru dans Scolaire, Orientation le mardi 30 avril 2024.

Quels parcours ont suivi les jeunes issus des quartiers prioritaires de la ville (QPV) en 2017 ? Quelle évolution peut-on constater entre cette génération et celle de 2010 ? Le Cereq et l'ANCT se sont associés pour la production d'un rapport d'analyse, publié mardi 30 avril, concernant l’insertion des jeunes des QPV en comparaison de celle d'autres jeunes résidant en dehors de ceux-ci, mais dans une unité urbaine qui en possède.

Car ces jeunes, expliquent les chercheurs en charge de l'étude, présentent “des caractéristiques sociales et scolaires très distinctes des autres. Leurs caractéristiques sociodémographiques, plus souvent issus de ménages défavorisés, immigrés ou issus de l’immigration, les prédisposent à de plus grandes difficultés scolaires puis professionnelles au moment de leur insertion.“

Désavantage scolaire

Pour commencer, les redoublements avant d’entrer en 6ème concernent 23 % des jeunes des QPV dans la Génération 2017, contre 11 % de leurs voisins urbains. Ce taux a seulement diminué de 1 point par rapport à la Génération 2010, tandis que la baisse est de 4 points chez leurs camarades hors QPV. Or ces redoublements, “signe de difficultés scolaires notamment en début de parcours, peuvent favoriser un décrochage ultérieur des jeunes ou freiner leur ambition de poursuite d’études post-secondaire. Ces retards, plus fréquents chez les jeunes de QPV, expliqueraient ainsi en partie leur faible capital scolaire à l’issue des études“, expliquent Elsa Personnaz (Céreq), Juliette Robin (ANCT) et Arthur Félix W. Sawadogo (Céreq/IREDU).

Les jeunes de la Génération 2017 venant des QPV sortent également “plus fréquemment du système éducatif sans aucun diplôme“, étant 26 % dans ce cas contre 10 % du côté de leurs voisins urbains. Cette part a en revanche diminué de 7 points par rapport à la Génération 2010, ce qui en fait “une population plus diplômée que la précédente“. Au total, 45 % des jeunes de QPV quittent la formation initiale avec au plus un diplôme du secondaire, CAP-BEP, baccalauréat ou tout autre diplôme de niveau équivalent, contre 36 % pour leurs voisins.

Entre les générations 2010 et 2017, on constate que si la part de bacheliers généraux est passée chez ces jeunes de QPV de 6 à 8 %, il s'agit pour eux “plus fréquemment de diplômes à visée professionnelle et de niveau bac, du fait de la réforme de la voie professionnelle en 2009“, la part de jeunes avec un diplôme de niveau 3 (BEP, CAP..) ayant diminué (de 17 à 13 %) au profit de ceux de niveau 4 (de 15 à 17 %). Néanmoins, la part de diplômés de bac+5 et plus chez les jeunes vivant en QPV “augmente sensiblement“ (29 %, + 7 points entre les deux générations) et se rapproche de la moyenne nationale (43 %, + 4 points).

Traces

Mais quelles traces ce parcours scolaire souvent “désavantagé“ laisse-t-il aux anciens élèves des quartiers prioritaires de la ville ? Si les débuts de vie active sont “très proches de ceux de leurs prédécesseurs“, pour les jeunes habitant en QPV les trajectoires qui voient se succéder les EDD (emplois à durée déterminés) sont en diminution (-3 points quel que soit le lieu de résidence) tandis que celles marquées par un accès plus ou moins rapide à un EDI sont légèrement plus fréquentes (+ 3 points). De même, “la diminution de la part des trajectoires de chômage persistant et récurrent est importante pour les jeunes issus des QPV (-5 points versus -2 points pour leurs voisins)“.

Trois ans après la sortie des études, la situation des jeunes en emploi est identique à celle connue pour la génération 2010. Les jeunes issus de QPV sont toujours 53 % dans cette situation, contre 72 % pour leurs homologues “voisins“. Le nombre de chômeurs est cependant passé de 33 à 29 % sur la période. De plus les emplois “gagnent en stabilité“ chez les jeunes de QPV, avec une hausse de la part des emplois en CDI et fonctionnaires (de 50 à 57 %) et de statut cadre “certainement à mettre au regard de l’augmentation de la part des diplômés de bac+5 et plus“.

Les non-diplômés issus de QPV connaissent pour leur part “une détérioration de leur situation professionnelle, qui se révèle plus importante pour les jeunes n’ayant pas atteint la classe terminale“ (71 % sont dans ce cas). Les chercheurs considèrent en effet que “l’absence de qualification apparaît plus préjudiciable pour les non-diplômés originaires d’un QPV“ : dans la Génération 2017, 19 % d’entre eux s’inscrivent dans des trajectoires dominées par l’emploi, contre 27 % des non-diplômés hors QPV, soit 8 points d’écart selon le lieu de résidence. A l'inverse, 58 % de sortants précoces issus des quartiers prioritaires auront été sur les trois années qui suivent éloignés de l’emploi, soit 14 points de plus que ceux ayant poursuivi jusqu’à leur dernière année (44 %).

Pour l’ensemble des non-diplômés originaires des QPV comme pour leurs voisins urbains, est enfin constatée, entre les générations 2010 et 2017, une augmentation de près de 10 points de pourcentage de la part des jeunes qui ne sont ni actifs ni en formation.

Le rapport ici

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