Alain Policar a "démissionné" du Conseil des sages de la laïcité
Paru dans Scolaire le mercredi 24 avril 2024.
Selon une information qui circule sur les réseaux sociaux et reprise de notre consoeur de L'Opinion, Alain Policar aurait démissionné, ou aurait été démis de ses fonctions au Conseil des sages de la laïcité.
Il avait été nommé il y a tout juste un an, le 11 avril 2023 par Pap Ndiaye, alors ministre de l'Education nationale en même temps que Gwénaële Calvès, Christine Darnault, Jacques Fredj, et Thomas Hochmann. Politologue et sociologue (IEP de Paris) il est notamment l'auteur de L'Universalisme en procès (Le Bord de l'eau). Sa nomination avait suscité l'hostilité de plusieurs membres du Conseil, nommés par Jean-Michel Blanquer. L'universitaire a expliqué à L'Opinion que sa liberté d'expression universitaire était “totalement brimée“. Dans une interview à RFI le 5 avril, il a notamment déclaré : "Le voile n’est pas le plus souvent un signe de prosélytisme – les enquêtes sociologiques montrent qu’il s’agit même souvent d’un vecteur d’émancipation pour les jeunes filles par rapport à leurs milieux – et le port du voile devrait donc être analysé chaque fois au cas par cas." Il a ajouté à propos de la mise en retrait du proviseur du lycée Maurice-Ravel : "ça illustre, me semble-t-il, les difficultés d’appliquer sereinement la loi qui (…) apparaît, à tort ou à raison, comme discriminatoire à l'égard des musulmans."
Selon les informations recueillies par ToutEduc, les déclarations d'Alain Policar sur le voile ou sur le lycée Ravel ont fait difficulté, mais, peut-être plus encore, dans cette interview, une mise en cause des services du ministère qui comptabilisent les "atteintes à la laïcité", ce dont ils se sont plaints à la ministre. Celle-ci a convoqué le politologue et lui a demandé sa démission pour le 30 juin, après trois autres réunions du Conseil, dont une le jour même, lundi 22 avril après-midi. Nicole Belloubet y est intervenue pour expliquer la situation, et son désir que les choses se passent en toute discrétion, mais l'un.e des membres du Conseil a donné l'information à L'Opinion, sans doute avec la volonté de créer un "clash" et une polarisation au sein du Conseil. La démission a donc pris immédiatement effet.
Le Conseil va se doter d'un règlement intérieur qui précisera notamment que ses membres doivent s'abstenir de critiquer le fonctionnement des services du ministère.
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