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Psychologues de spécialité orientation (EDO) : Une profession “devenue peu lisible et mal positionnée“ (IGESR)

Paru dans Scolaire le mercredi 10 avril 2024.

“Il appartient à l’institution de préciser ce qu’elle attend des PsyEN EDO“ estime l'IGESR dans un rapport dressant un bilan de la spécialité “éducation, développement et conseil en orientation scolaire et professionnelle“ cinq ans après son regroupement avec les psychologues “éducation, développement et apprentissages“ (EDA) sous statut unique.

Les inspecteurs généraux de l'Education Nationale constatent que les PsyEN EDO “consacrent l’essentiel de leur temps, en établissement et au CIO, aux élèves à besoins éducatifs particuliers, à ceux qui ont des problématiques scolaires complexes ou aux jeunes en situation de décrochage“, et qu'ils sont de ce fait “moins disponibles pour la mission générale de conseil en orientation“ qui “n’apparaît plus comme le cœur de métier des PsyEN et l’organisation actuelle de leur travail n’est plus compatible avec la masse et la diversité des situations qu’ils ont à traiter.“ Surtout que cette mission “s’inscrit dans un paysage institutionnel qui s’est complexifié avec le rôle nouveau des régions en matière d’information sur les métiers et les formations, et l’inscription dans les grilles horaires des collégiens et des lycéens d’un temps dédié à l’accompagnement à l’orientation.“

Lisibilité et unité

C'est pourquoi la profession est “devenue peu lisible et mal positionnée dans un entre-deux entre l’orientation et la santé mentale“, donnant l'impression aux personnels “d’être toujours en réponse à des urgences et trop peu dans l’anticipation, d’être tiraillés entre deux pôles de missions qui relèvent de lignes fonctionnelles et de domaines professionnels différents, ce qui provoque des insatisfactions et un sentiment de dispersion".

D'ailleurs, poursuivent les auteurs du rapport, “depuis la création du corps unique des psychologues de l’éducation nationale, les métiers associés aux deux spécialités EDA et EDO sont demeurés dans des schémas organisateurs identiques à ceux des ex-psychologues scolaires et des ex-conseillers d’orientation psychologues.“ Et comme l’institution “n’a pas vraiment accompagné l’évolution portée par le décret statutaire du 1er février 2017“, ce corps unique “manque singulièrement d’unité, et les agents relevant des deux spécialités travaillent très peu ensemble“.

Ainsi et sauf exception, “il n’y a aucune activité commune ou conjointe, et parfois même on constate un défaut de continuité dans le suivi des élèves entre le premier et le second degré, rien n’étant institutionnalisé et aucun outil n’étant prévu pour l’archivage et le partage des dossiers entre l’école et le collège.“

Acteurs de l'orientation

En outre, la mention de la spécialité EDO étant rarement apposée à la dénomination PsyEN, la fonction “est très mal identifiée par les usagers dans les établissements“. Pour les enseignants par exemple, “le titre de psychologue effraie voire rebute les élèves, c’est pourquoi ils continuent d’utiliser la dénomination ‘conseiller d’orientation‘ (ou une périphrase équivalente)“. Ils en attendent la prise en charge des questions d’information et d’orientation, “nombre d’enseignants considérant qu’elles ne font pas partie de leurs missions ou qu’ils ne sont pas compétents pour l’exercer, et leur adressent les élèves qui ont des problématiques particulières (absence de projet, projet peu conciliable avec les résultats scolaires, difficultés d’apprentissage…).“

De même les chefs d’établissement, surtout en lycée, “les voient majoritairement comme des acteurs de l’orientation dont ils attendent des interventions à ce titre : entretiens individuels, réunions d’information en classe ou à l’intention des parents sur les orientations post-troisième, sur la procédure Parcoursup, sur le choix d’enseignements de spécialité“... Au final, “rares sont les usagers rencontrés (élèves, parents, professeurs) qui ont indiqué penser au PsyEN pour une question de mal-être ou de souffrance“.

Préconisations

La mission d'inspection, qui souhaite à terme une fusion des deux spécialités, préconise dès lors de recentrer les missions des psys EDO “sur les seules interventions qui nécessitent leur expertise de psychologue“ (dimension entrée dans le référentiel de compétences de 2017) et de “repenser en conséquence la gouvernance de leur activité“. Parallèlement, elle demande la mise en place d'une certification ou une habilitation pour le conseil en orientation à destination des enseignants, des CPE ou des PsyEN de la spécialité EDA.

A noter que le “Pacte“ pourrait être utilisé pour “indemniser les PsyEN qui interviennent en formation auprès des équipes pédagogiques ou éducatives“, ou encore afin de rémunérer des “référents orientation“ (après création d'une certification) afin d' “étoffer les services de l’orientation d’une expertise pédagogique“.

Le rapport ici

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