Prévention de l’obésité : Quels résultats pour l'expérimentation du programme “NumériS@nté“ à Wallis et Futuna ? (INJEP)
Paru dans Scolaire, Périscolaire, Culture le mercredi 27 mars 2024.
Le programme éducatif “NumériS@nté“, expérimenté entre 2018 et 2021 à Wallis et Futuna auprès d'élèves de CE1-CE2 et de CM1-CM2, s'appuie sur des supports pédagogiques, notamment numériques, se voulant ludiques, attractifs, intuitifs et adaptés au contexte local : vidéos, jeux interactifs sur tablette, posters, livret enseignant, livret d’activités enfant, conte...
Implanté durant une période “d’évolution positive des mentalités sur le territoire“, il visait à prévenir l’obésité infantile dans un “contexte territorial singulier où l’alimentation et l’activité physique sont fortement affectées par la coutume et la sédentarité“, avec des taux de surpoids et d’obésité de 63 % et 32 % parmi les élèves de 12 à 18 ans, contre 17 % et 4 % en France hexagonale chez les 6-17 ans.
Résultats
La note d'analyse proposée par l'INJEP, qui évoque un “pari réussi“, indique pourtant comme résultat une “stabilité“ de l'indice de masse corporelle des 107 élèves suivis avec même “une légère tendance à l’augmentation, reflétant la croissance de l’obésité avec l’âge“, conduisant à “une absence d’impact direct de NumériS@nté sur l’obésité infantile, probablement en raison du court laps de temps (huit mois) entre les mesures initiales et finales.“
Si la corpulence des enfants n'a donc pas subi d’effet significatif, en revanche les résultats “révèlent une sensible amélioration de leurs consommations alimentaires déclarées“, surtout concernant les accompagnements dans le repas de midi “dans un territoire dépourvu de cantine scolaire à l’école élémentaire“.
A cela s'ajoutent des perceptions liées à l’activité physique qui évoluent, la santé devenant “un thème prédominant au détriment de l’idée que l’activité sportive vise ‘surtout à donner de la force‘“. Ce sont ainsi deux tiers des élèves qui déclarent aimer beaucoup bouger et faire de l’activité physique, contre 54 % avant le programme, tandis que “le pourcentage d’élèves pratiquant une activité physique tous les jours augmente de 26 % à 35 %“, et celui des élèves inscrits dans un club de sport de 44 % à 58 %.
Engagement
Des effets qui se ressentent dans l'engagement “accru des élèves envers l’activité physique quotidienne en classe“, mais aussi concernant la motivation, l'autonomie, avec en parallèle “une augmentation du nombre d’élèves impliqués dans des activités périscolaires et extrascolaires“. Est également souligné “un changement d’attitude chez les parents“ avec des progrès constatés dans certaines écoles par les enseignants et les directeurs “à travers les goûters que les élèves apportent dans leur cartable".
Les enseignants, qui ont reçu une formation préalable, “ont particulièrement apprécié le programme pour sa contribution à la santé de la population en général (73 % des répondants) et à leur propre santé (64 %)“.
NumériS@nté a suscité chez eux un désir de changer leur propre mode de vie (noté en moyenne à 4,4 sur 5) et contribué à améliorer leurs connaissances (noté à 3,6) et leurs comportements (noté à 3,5) en matière d’alimentation. L'institut national de la jeunesse et de l'éducation populaire émet néanmoins un “point de vigilance“ vis à vis d'une potentialité du programme “à perturber les habitudes professionnelles et à générer des résistances, particulièrement chez les enseignants confrontés à des difficultés avec le numérique ou pour qui l’activité physique peut être un défi en raison de leur propre situation de surpoids ou d’obésité.“
La note ici