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Erasmus+ : des candidatures en hausse pour les mobilités, des classes (et des enseignants) qui découvrent d'autres façons d'apprendre

Paru dans Scolaire le mercredi 20 mars 2024.

“On sent que les élèves sont intéressés, qu'ils sont en demande d'informations, ils essaient de comprendre comment change leur territoire, comment il va accueillir des athlètes internationaux, mais aussi les touristes." Fatima El Yaalaoui, enseignante d'espagnol au lycée Marcel Cachin de Saint-Ouen, raconte ce mercredi 20 mars à ToutEduc comment s'est déroulé le projet de mobilité Erasmus+ qu'elle a construit en collaboration avec un établissement de Barcelone.

Un projet hybride de deux ans entre travail en distanciel et mobilité pour les élèves (20 l'an dernier, 8 cette année) qui ont pu se rendre en Espagne avant d'accueillir leurs homologues. Il s'agissait ainsi de comprendre comment se construit un territoire et quels sont les héritages autour des Jeux Olympiques, avec ceux à venir de Paris 2024 (la zone du lycée a été impactée par de nombreux travaux liés au village olympique) et au regard de ceux de Barcelone en 1992, à travers un angle social et culturel pour saisir ce que cela a apporté à la société.

“Ils se sentent concernés, constate-t-elle. Cela crée et donne du sens aux apprentissages. (…) L'idée c'était avant tout que les élèves soient acteurs de leurs apprentissages, qu'ils ne soient pas passifs comme c'est le cas parfois en classe, donc on s'est un peu mises de côté (avec sa collègue catalane, ndlr) pour pouvoir laisser les élèves travailler autour de thématiques telles que l'urbanisme, les installations sportives, le tourisme, et vraiment qu'ils se mobilisent aussi pour les JO à Paris." Les élèves ont à ce titre eu l'occasion d'interroger des volontaires des JO de 1992 et de rencontrer un athlète médaillé de l'époque ainsi qu'un Français qui concourra cette année aux JO paralympiques.

Elle ajoute : “Moi-même je n'aurais jamais pensé pouvoir un jour porter un projet comme celui-ci autour du sport qui n'est pas du tout mon domaine, je pensais qu'il fallait être forcément professeur d'EPS (...), en fait pas du tout, on a travaillé en interdisciplinarité avec plusieurs professeurs. Cela m'a permis de m'ouvrir, (...) en Catalogne j'ai découvert une autre façon de travailler, un système éducatif que je ne connaissais pas tout, cela a été très très bénéfique.“

Le lycée étant situé dans un quartier classé politique de la ville, pour la professeure “cela a encore plus de sens d'adresser ce type de projets à ces élèves, parce qu'ils s'imaginent ne pas y avoir droit“, souligne-t-elle, principalement pour des raisons d'ordre économique : “lorsque je discute avec les parents, la première question qu'ils me posent est de savoir s'ils vont devoir financer la mobilité, et lorsque je dis non, c'est un soulagement."

Comme pour certains de ces élèves, les établissements scolaires peuvent solliciter des “compléments inclusion“ destinés aux publics ayant moins d'opportunités de mobilité : jeunes déjà boursiers sur critères sociaux aux échelons 6 et 7, ceux habitants dans des quartiers prioritaires de la ville, en milieu rural, en situation de handicap...

Au total en 2023 ce sont 32 580 mobilités d'élèves qui ont été recensées par l'agence Erasmus+ France (secteur Education et formation), soit 28 % de plus par rapport à 2022, dont 9 284 mobilités pour des jeunes “avec moins d'opportunités“. Le budget annuel total de l'ensiegnement scolaire, de 47 millions pour ces mobilités (s'y ajoutent 15 millions pour les partenariats), compte également 8 246 mobilités de personnels. Les élèves partent en groupe (93 %) ou en mobilité individuelle, tandis que les personnels partent pour suivre des formations (50 %) ou observer les pratiques dans d'autres systèmes éducatifs (45 %).

Au-delà, il s'agit pour Fatima El Yaalaoui “de former des citoyens, d'être curieux et de s'intéresser à l'autre pour pouvoir développer ses compétences, aussi bien professionnelles que linguistiques ou personnelles (soft skills)“.

Alors que les élections européennes se tiendront le 9 juin prochain, cette dimension citoyenne fait partie des enjeux majeurs que souhaite renforcer l'agence Erasmus+. Nelly Fesseau, la directrice du secteur “Education Formation“, fait valoir un bilan 2023 très positif (notamment pour les apprentis) avec une hausse de 30 % des candidatures. Elle souligne les synergies qui ont été entreprises pour travailler avec le secteur “Jeunesse et Sport“ de l'agence entre autres pour “promouvoir le sport et ses valeurs à l'école“ notamment à l'occasion des futurs JO. Des résultats salués par le ministre délégué chargé de l'Europe, venu évoquer “une des plus belles réussites européennes“, ainsi qu'un “levier principal d'activation d'appartenance au niveau européen“.

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