Le Pacte suscite des sentiments contradictoires mais globalement négatifs (SE-UNSA)
Paru dans Scolaire le jeudi 29 février 2024.
Neuf sur 10 des personnels (enseignants, CPE, PsyEN) qui n'ont pas adhéré au Pacte ont refusé de le faire "par principe ou conviction", et aussi parce qu'ils ont estimé que leur quantité de travail était "déjà trop importante" mais ils ne sont que 13 % à considérer que leur rémunération les satisfaisait et qu'ils n'avaient pas besoin de ce complément de salaire. Autrement dit, dans leur grande majorité, les personnels ont préféré leurs principes et la qualité de leur travail à leurs revenus. C'est ce qui ressort d'une enquête menée par le SE.
Le syndicat UNSA des enseignants a envoyé, au mois de décembre, à tous les personnels, un questionnaire sur leur réception du Pacte et près de 3 500 d'entre eux ont répondu. L'organisation syndicale n'ignore pas les biais liés à ce recueil d'informations et ne prétend pas présenter un sondage, mais cette enquête permet de repérer quelques traits caractéristiques alors que le ministère ne publie aucun élément de bilan de la mise en oeuvre de ce dispositif.
Le SE a analysé les réflexions portées dans un champ libre laissé à l'expression des répondants, il en ressort "une très forte dispersion" des appréciations, mais, selon l'organisation syndicale, la perception du Pacte est "mitigée voire négative et le dispositif suscite beaucoup d'inquiétudes, voire parfois de l'hostilité, même si certains enseignants le décrivent comme très positif". Bon nombre d'enseignants qui ont adhéré au Pacte "pour des raisons financières y demeurent opposés sur le principe". Les commentaires libres sont également l'occasion d'évoquer une "dégradation du climat au sein des équipes", les pressions qu'ont subies certains personnels, et "le caractère inégalitaire du Pacte tant dans la répartition entre les territoires, les établissements, mais également entre les personnels."
Parmi ceux qui ont adhéré au Pacte, un tiers des répondants, 7 sur 10 l'ont fait parce que leur rémunération est sinon insuffisante (une brique permet d'augmenter ses révenus d'environ 100€/mois, ndlr), presque autant voient ainsi être rémunérées des missions qu'ils exerçaient déjà gratuitement, et 77 % ont trouvé des missions intéressantes.
Interrogés sur les effets du Pacte "sur le collectif de travail et sur le fonctionnement de l'école ou de l'établissement" et sur la disponibilité de leurs collègues "pactés", 40 % des personnels non pactés ne se prononcent pas, 26 % répondent qu'effectivement le Pacte nuit au travail collectif, ce que ne reconnaissent que 17 % des "pactés" qui, majoritairement, estiment que le Pacte n'a pas d'impact négatif pour eux-mêmes, seuls 30 % disent avoir moins de temps pour le travail en amont et en aval des heures devant élèves, 35 % se disent davantage fatigués. Ils sont aussi très nombreux (plus de 60 %) parmi ceux qui n'ont pas adhéré au Pacte à ne pas se prononcer quand on leur demande si la répartition des briques de Pacte a été équitable, et à l'inverse, ceux qui y ont adhéré estiment à près de 60 % qu'elle a été équitable.
Parmi les répondants, ce sont les contractuels qui sont le plus souvent "pactés" (54 %, 4 % des "pactés" ont pris 6 briques, 4 autres % ont pris 13 briques !), suivis des CPE (51 %, 14 % d'entre eux ont pris trois briques, aucun n'en a pris davantage). De 30 à 37 % des professeurs certifiés, des professeurs des écoles, des PLP, des professeurs d'EPS sont "pactés". Les certifiés ont rarement pris plus de 4 briques, les PE plus de 3. Seuls 14 % des PsyEn sont pactés et ils n'ont pris qu'une brique. Un peu moins de 14 % des agrégés sont pactés, en général pour une ou deux briques, mais 8 % d'entre eux ont pris 8 ou 9 briques...