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Averroès - Stanislas, "deux poids deux mesures" pour P. Mathiot (Médiacités)

Paru dans Scolaire le mercredi 24 janvier 2024.

C'est aujourd'hui 24 janvier qu'est prévue l'audience du tribunal administratif qui doit se prononcer sur la résiliation du contrat d'association du lycée Averroès. Nos confrères de Médiacités interrogent à ce sujet Pierre Mathiot. Pour le directeur de Sciences Po Lille, "l’inégalité de traitement (entre les lycées Stanislas et Averroès) est évidente (...). J'ai toujours dit que cette décision était inéquitable et disproportionnée." Nos confrères ont également reconstitué "le déroulé de la commission consultative réunie par le préfet Leclerc pour valider la résiliation du contrat d'association entre l’État et le lycée lillois Averroès", "une réunion sous très haute tension qui en dit long sur un dossier biaisé", estiment-ils.

Cette réunion a duré plus de deux heures le 27 novembre et a été émaillée d'incidents, le préfet ayant prévenu: "seul le directeur d’établissement ainsi que le président de l’association feront l’objet de mes questions. C’est mon privilège, c’est moi qui préside cette réunion". Hors le préfet donc, le secrétaire général de la préfecture,  les responsables du lycée et les avocats lorsqu'ils arrivent à prendre la parole, seules deux personnalités se sont exprimées, la rectrice Valérie Cabuil qui fait remarquer que "la majeure partie des inspections individuelles menées auprès des professeurs d’Averroès n’ont pas permis de déceler de problématiques particulières" et le maire de Grande‐Synthe Martial Beyaert qui s'interroge : "Pourquoi ce dossier nous parvient aujourd’hui ? Je suis gêné de constater que des faits reprochés remontent souvent à 2014, 2015 ou 2016".

Le préfet Georges‐François Leclerc fait état "d’un financement potentiellement frauduleux et en tout état de cause non traçable sous la forme de prêts non remboursés ", les avocats répondent qu'il n’y a pas eu "d’abandon définitif de créance" mais "abandon avec retour à meilleure fortune".

Il fait également état d'un rapport qui n'a pas été transmis au lycée ni à ses conseils parce qu' "il s'agirait de documents classifiés dans le cadre d’un signalement à la justice par les magistrats de la Chambre régionale des comptes". Il fait également projeter deux vidéos qui n'avaient jamais été évoquées auparavant, de deux ex‐professeurs du lycée Averroès, d’éthique musulmane et de mathématiques. Il cite également "une note d’inspection du collège Averroès qu’il dit avoir reçue… la veille. En plus de son rapport officiel, un inspecteur d’académie – dont le préfet n’a pas souhaité communiquer l’identité – lui aurait réservé l’exclusivité d’une note complémentaire. Il ne s’agit pas là d’une nouvelle inspection, mais bien d’informations absentes du rapport initial et dont le fonctionnaire aurait réservé la primeur au préfet. Le document est inédit." Selon cette note, "au vitriol et troublante", "environ 80 % des jeunes filles" seraient voilées ainsi que la majorité des enseignantes tandis que les hommes "ont majoritairement une tabaâ sur le front" tandis que "les livres classés en rubrique religion traitent uniquement de l’islam dans sa version frériste (...). Plus loin, il est mentionné qu’il n’y a pas d’instruments dans la salle de classe de musique du collège."

Les avocats font remarquer qu'il est fait état de "rapports concernant le collège Averroès (hors‐contrat) et non le lycée" et ils évoquent le rapport de 2020 de l'inspection générale (IGESR) selon lequel "rien dans les constats faits par la mission, en particulier autour des documents de préparation des cours remis par les enseignants, ne permet de penser que les pratiques enseignantes divergent des objectifs et principes fixés et ne respectent pas les valeurs de la République"

Pierre Mathiot, pour sa part, constate que dans le cas d’Averroès, il y a dans le déclenchement de l'inspection "un arrière‐plan sécuritaire dans le contexte des attentats islamistes", mais que "la notification finale du préfet  (...) ne repose absolument pas sur les arguments sécuritaires mais uniquement pédagogiques et financiers, qui relèvent normalement du ministère de l’Éducation nationale. Or le ministre de l’époque, Gabriel Attal, a toujours fait savoir que le dossier Averroès ne relevait pas de son ministère en raison des implications sécuritaires et financières. Pour le lycée Stanislas, à l’inverse, le ministère de l’Éducation nationale s’est dépêché de dire qu’il prenait en charge les choses (...). Autre différence par rapport à 'Stan', le rapport IGESR de juin 2020 sur Averroès ne présente aucune recommandation. Il est tellement positif qu’à aucun moment, l’inspection n’en préconise !"

En ce qui concerne Stanislas, "il semblerait que, suite à cela, il y ait eu un accord entre le ministère et l’établissement pour appliquer discrètement les recommandations qui figurent au rapport". Le directeur de Sciences po indique qu'il a proposé au préfet "la mise en place d’un comité de suivi pour s’assurer que tout était conforme aux principes de la République au sein du lycée Averroès" mais que celui-ci "n’a jamais répondu à ce courrier."

Le site de Médiacités ici

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