Risques psychosociaux : les enseignants bien davantage exposés que les autres cadres (DEPP)
Paru dans Scolaire le mardi 23 janvier 2024.
Les enseignants ont plus souvent que les autres cadres "l’impression de faire quelque chose d’utile aux autres", c'est l'un des trois points positifs d'une enquête sur les conditions de travail que vient de publier la DEPP. Selon le service statistique de l'Education nationale qui reprend des enquêtes 2013 et 2019 de la DARES (ministère du Travail), les enseignants doivent plus souvent faire des choses qu'ils désapprouvent, ils ont moins souvent le sentiment que "les personnes qui évaluent (leur) travail le connaissent bien", ils ont également moins souvent le sentiment que leurs perspectives de promotion ou leur rémunération sont à la hauteur de leur investissement.
Autre point positif, qu'ils partagent d'ailleurs avec les cadres du public, ils se sentent en sécurité sur le plan économique. Pour tous les autres facteurs de risques psycho-sociaux, ils sont davantage exposés, qu'il s'agisse de l'intensité et des horaires de travail, des exigences émotionnelles, des perspectives d’évolution, des rapports sociaux, des conflits de valeur, de l'évaluation de leur travail ou des contraintes physiques.
La DEPP souligne que deux facteurs, la féminisation des métiers de l'enseignement et le fait d'être "en contact constant avec le public (élèves, parents)", sont spécifiques et expliquent "le poids, pour cette profession, des exigences émotionnelles (...). En 2019, 64 % des enseignants du premier degré et 55 % des enseignants du second déclarent vivre des situations de tensions avec le public, contre 27 % des autres cadres. De plus, la moitié des enseignants du premier degré et quatre enseignants du second degré sur dix ont parfois, toujours ou souvent peur pour leur sécurité ou celle des autres (y compris les enfants à leur charge). C’est le cas de seulement deux personnes sur dix pour les autres cadres."
Les enseignants du premier degré "connaissent un peu moins de tensions avec leur supérieur (hiérarchique, l'IEN, ndlr) que les enseignants du second degré ou les autres cadres, mais "ils se sentent moins soutenus".
Si les enseignants "considèrent un peu plus souvent que les autres cadres que leurs horaires s’accordent très bien avec leurs engagements familiaux", ils "travaillent plus souvent les week-ends que les autres cadres" et seuls "12 % des enseignants du premier degré déclarent qu’ils peuvent interrompre momentanément leur travail quand ils le souhaitent" contre 22 % des enseignants du second degré et 91 % des autres cadres.
Alors que 68 % des autres cadres se sentent capables de faire le même travail jusqu’à leur retraite, ce n'est le cas que de 45 % des enseignants du premier degré et de 58 % des enseignants second degré, bien qu'ils le souhaiteraient plus souvent (64 et 70 % des enseignants contre 51 % des autres cadres). A noter que ces données datent d'avant la réforme des retraites.
La note d'information "Les enseignants : des cadres au contact du public qui se sentent utiles mais en manque de reconnaissance" ici