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Choc des savoirs : Pierre Merle dénonce “les mantras de la pensée conservatrice“ (Café Pédagogique)

Paru dans Scolaire le lundi 08 janvier 2024.

“G. Attal, tout comme Jean-Michel Blanquer, a fait le choix de maintenir la ségrégation de l’école française et même de l’accentuer. Cette séparation des scolarités selon le milieu social a toujours été l’apanage des régimes et partis conservateurs“, estime Pierre Merle dans une tribune publiée lundi 8 janvier sur le site internet du Café Pédagogique.

Le sociologue y évoque le “Choc des savoirs“ voulu par Gabriel Attal “au nom de l’urgence“ mise en lumière par les résultats des élèves aux évaluations PISA de 2022. Or, le ministre utilise un “discours catastrophiste“ qui “est dans la désinformation, non dans les faits“ et relève plutôt d'une “construction médiatique au service d’une stratégie du choc“. Il cite entre autres les commentaires suscités par les quelque 22 % des élèves qui avaient déclaré “du bruit et de l’agitation à chaque cours“ de mathématiques, et ajoute : “penser qu’il suffit, selon la novlangue conservatrice, de ‘restaurer l’autorité du professeur‘ et de sanctionner davantage pour supprimer ce problème d’agitation est une façon de ne pas aborder des solutions pertinentes…“

Fantasmes

D'autant plus que les propositions du ministre, sur les groupes de niveaux, le redoublement ou les prépa lycées sont “inadaptées et déconnectées des résultats PISA 2022“. Par exemple, explique-t-il, le “collège uniforme est un véritable fantasme“ car “contrairement au ministre Attal, les parents d’élèves et les professeurs savent tous que les collèges ne se ressemblent pas !“ De même, poursuit-il, “séparer encore davantage les élèves faibles des élèves moyens et forts ne fera qu’accentuer leurs difficultés d’apprentissage“.

En effet, peut-on encore lire, “si le redoublement avait la vertu de ‘remettre les élèves au niveau‘, ces redoublants n’auraient pas 123 points de compétences de moins que leurs anciens camarades de 15 ans scolarisés en classe de seconde, soit plus de quatre années de retard d’apprentissage".

Selon le lsociologue “les économies réalisées par la forte baisse du recours au redoublement en France auraient dû être utilisées à mettre en œuvre une réduction du nombre d’élèves par classe dans les établissements scolarisant le plus d’élèves en difficulté scolaire“. Une politique qui a été mise en œuvre par Jean-Michel Blanquer dans une partie des classes de primaire du réseau d’éducation prioritaire (REP) “mais de façon trop parcimonieuse pour être efficace“, et avec “moins de 15 % des élèves en difficulté (qui) ont profité de cette politique“.

Cette politique ne fera donc “qu’accentuer l’écart de compétences considérable entre le quart des élèves les plus défavorisés et le quart des élèves les plus favorisés“, tandis qu'elle “ne peut que fracturer encore davantage les parcours scolaires proposés aux collégiens et, in fine, la société française.“

Une école à deux vitesses

Au lycée déjà, “avec l’invention des spécialités dès la classe de première, Jean-Michel Blanquer a largement contribué à fracturer le groupe classe, lieu majeur de sociabilité adolescente. La création des groupes de niveaux va exercer le même effet déstructurant au niveau collège.“

Dès lors, "ces mécanismes d’individualisation forcés isolent et fragilisent les élèves. Leurs univers de sociabilité vont se restreindre encore davantage et se déliter dans les étiquetages scolaires. Un élève ne sera plus seulement en classe de sixième, mais un sixième groupe faible. Pour les élèves en difficulté, la transition déjà difficile entre le primaire et le collège ne sera que plus périlleuse.“ C'est pour cela que “le discours sur la nécessaire unité de la nation demeurera toujours une illusion tant que, en même temps, la politique éducative ne fait que favoriser le développement d’une école à deux vitesses déjà à l’œuvre avec, dans les meilleures classes, les professeurs les plus diplômés et les plus expérimentés et, dans les autres, plus fréquemment des professeurs débutants et contractuels.“

La tribune ici

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