Les écrans (de cinéma) peuvent être bons pour les petits, à condition qu’ils soient accompagnés (Festival international du film d’éducation)
Paru dans Scolaire, Périscolaire, Culture le vendredi 08 décembre 2023.
Les enfants de maternelle sont les bienvenus au FIFE, le festival international du film d’éducation qui fermera ses portes demain samedi 9 décembre à Evreux. Deux séances étaient organisées pour 600 d’entre eux, explique Christine Votovic qui en a mis au point la formule avec les CEMEA d’Occitanie, et qui a convaincu les organisateurs d’ “importer“ ce format en Normandie.
Ce n'est pas tout à fait une nouveauté, puisque déjà la dix-huitième édition du Festival à Evreux accueillait de petits spectateurs, mais alors que ce sont ordinairement les festivals organisés dans diverses villes "en écho" à celui d'Evreux, où les prix donnés permettent de constituer une "filmothèque" d'oeuvres dont ont été négociés en amont les droits de diffusion à divers publics, scolaires ou périscolaires,ce sont les CEMEA d'Occitanie qui ont été force de proposition.
Quatre courts métrages d’animation, 23 minutes en tout, étaient présentés aux enfants “pour rêver, rire, partager, réfléchir“. Et entre deux films, ils devaient lever ou baisser les bras pour dire s'ils ont aimé ou non tel personnage, mimer la tristesse ou la joie quand ils repensent aux petits lièvres dont le paysage est dévasté par la pollution, en disant à leur voisin, en confidence, "moi, j'ai peur de ..." et dire une chose qui leur fait peur, comme a peur la petite Matilda le soir quand il fait noir. Cette partie animation, qui nécessite la présence d'un adulte pour trois ou quatre enfants, représente en tout une autre vingtaine de minutes. A ces conditions, et bien sûr, si les films sont bien choisis, les écrans de cinéma sont, pour des 3-5 ans, l'occasion de partager des émotions et des réflexions.
Autre innovation, l'édition 2023 accueille en partenariat avec le Festival Courant3D d'Angoulème des films en réalité virtuelle. Par petits groupes d'une quinzaine, les collégiens reçoivent chacun un casque et on les voit tourner la tête pour suivre les mouvements dans l'espace des acteurs de courts-métrages.
Et comme chaque année, le festival est l'occasion de nouer ou de consolider des relations à l'international, avec le centre culturel de Thessalonique, avec le FRIC, le Front des réalisateurs indépendants du Canada, au Maroc, en Océanie... Des militants suisses des CEMEA sont venus à Evreux cinq jours avant le festival pour se former, avec d'autres animateurs culturels, aux subtilités de la programmation, de la gestion des droits, de la communication, de tout ce à quoi il faut prendre garde avant d'organiser à leur tour des "échos" au FIFE.
Comme chaque année également, les lycéens des sections "audio-visuel" des lycées voisins, Senghor à Evreux et François 1er au Havre, multiplient les interviews de réalisateurs pour nourrir le blog du festival, leurs camarades d'autres établissements normands tournent leur film, d'autres s'exercent à la critique. Pour Christian Gautellier, le directeur du festival, le cinéma permet aux enfants et aux jeunes d'accéder "à la complexité du monde", ce qui correspond à la mission des CEMEA. Le mouvement d'éducation populaire inspiré par Freinet considère en effet qu'il est dans sa fonction lorsqu'il invite des enfants et des adolescents à croiser les regards, et par la médiation des fictions ou des documentaires, à s'ouvrir à la diversité culturelle, à l'altérité mais aussi à la "mêmeté", à reconnaître ce qui en l'autre nous ressemble. La 20ème édition, en 2024, se prépare déjà et proposera à de "jeunes créateurs" des parcours de conception de courts métrages sur et pour les smartphones, afin d'être au plus près des évolutions de l'univers des adolescents d'aujourd'hui.