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Bien-être à l'école : que disent les recherches dans les autres pays ? (Cnesco)

Paru dans Scolaire le mardi 21 novembre 2023.

“Le temps que les enfants ont pour les pauses à l'école a totalement changé“ explique Ed Baines lors de sa présentation de trois études anglaises qui ont été consacrées, entre 1995 et 2017, à ces moments d'interactions sociales entre enfants.

Le chercheur, invité du Cnesco mardi 21 novembre à l'occasion de la Conférence de comparaisons internationales sur le thème du bien-être à l'école, a constaté que si les pauses restent universelles en Angleterre, elles offrent peu d'intérêt pour les décideurs politiques, leur perception est assez négative et c'est leur gestion qui les intéresse, au travers du recrutement de surveillants pour en assurer la supervision. De même, il y aurait des pressions pour raccourcir la journée scolaire et faire des économies financières. Résultat, en 22 ans les pauses sont passées de trois séquences (matin, midi, goûter) à deux par jour, et ont été réduites de 45 minutes pour les 5-7 ans, de 40 minutes pour les 7-11 ans et de 65 minutes chez les 11-16 ans. La Norman Foster School, une école récente, aurait même été conçue sans aucune aire pour jouer ni programmation de pause dans la journée. Il s'agit, parmi les raisons évoquées, de créer plus de temps d'apprentissage ou encore de s'attaquer aux problèmes de mauvais comportements, or, souligne Ed Baines, “sans les pauses les enfants peuvent être plus perturbateurs et moins participatifs“, et celles-ci peuvent contribuer au développement d'autres compétences comme la compréhension et la gestion des risques, la créativité..

Parmi les autres études mises en lumière, Andréas Rasch-Christensen a évoqué les apports de l'école “dehors“ au Danemark, avec notamment leur influence positive sur la santé mentale et physique, sur les compétences cognitives par exemple en lecture, sur la concentration durant de plus longues périodes, même s'il précise que cela ne constitue pas une panacée et repose avant tout sur le travail d'une communauté, avec ses qualités et ses défauts : par exemple, si cette politique du bien-être est prioritaire dans le pays, un des défis reste de former les salariés des crèches, qui à 40 % ne possèdent pas de diplômes officiels.

Cette idée de communauté a également été soulignée par Kirsi Pyhalto, chercheuse Finlandaise, selon qui il existe une tendance à se concentrer sur des éléments individuels alors qu'il faudrait mettre en place une approche globale, et faire en sorte que les interventions ne soient pas conçues spécifiquement pour les écoles, mais qu'elles impliquent aussi bien les enseignants en tant qu'éléments actifs, que les élèves, les parents et le reste de la communauté dans la construction d'un parcours éducatif.

Et bien qu'étudier le bonheur nécessite de se doter d'indicateurs pertinents, comme l'a montré Benoît Galand avec le cas d'une réforme en Wallonie Bruxelles conduite pour améliorer le climat scolaire, celui-ci fait remarquer que les indicateurs utilisés au niveau systémique ne sont pas nécessairement adéquats pour les acteurs locaux.

Le 2ème baromètre international I-BEST de la santé et du bien-être a justement permis de donner un aperçu du ressenti des personnels d'éducation (26 000 sondés, à 90 % des enseignants). Leur santé générale “apparaît préservée“, estime Marie-Noëlle Vercambre-Jacquot, de la Fondation d'entreprise pour la santé publique, cependant côté bien-être professionnel, le métier est stressant et beaucoup considèrent qu'il n'est pas suffisamment valorisé dans la société. S'il existe une satisfaction très largement majoritaire dans les relations sociales au travail (malgré une petite crispation en France et en Belgique, précise-t-elle), néanmoins les violences interpersonnelles semblent se banaliser, notamment au Québec et au Canada, à l'exception du Japon. Si le sentiment de sécurité très présent, des premiers signes d'alerte se font sentir au Maroc ou au Cameroun, certains enseignants s'y sentent “rarement ou pas du tout en sécurité“. L'équilibre vie professionnelle et vie privée est mis à mal partout, avec un taux d'insatisfaction assez important, surtout question volume de travail. D'ailleurs, une part importante de personnels sont des aidants et cumulent les charges (de travail, mentale, et aide).

Le site du Cnesco ici

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