Restauration scolaire : les surcoûts de la loi EGAlim (ADEME)
Paru dans Scolaire le mercredi 08 novembre 2023.
"Tous les territoires n’ont pas la même capacité économique d’engager la transition écologique de leur restauration scolaire." L'ADEME (Agence de la transition écologique) publie une étude qui donne aux collectivités locales en France métropolitaine les moyens "d’avoir une vision globale des coûts complets d’un repas en restauration scolaire" ainsi que les surcoûts engendrés par la transition vers une alimentation plus durable.
Les "coûts complets" recouvrent les coûts d’achat des denrées, les coûts de fabrication des repas, les coûts de distribution et d’encadrement des élèves, mais aussi le coût "des impacts socio-économiques et environnementaux dont une partie a pu être monétarisée et ainsi intégrée aux coûts complets". C'est ainsi qu'il conviendrait d'ajouter à un coût de 8,33€ (pour une cantine d’école primaire servant 200 élèves avec une cuisine sur place), 39 centimes "d’externalités monétarisables" si on se situe avant la loi EGAlim. En appliquant la loi, le coût passe à 9€, dont 32 cts d'externalités, donc en gagnant 1 ct pour la dépollution de l'eau, 3 cts sur les émissions de gaz à effets de serre et 3 cts sur les déchets. Cela "sans compter les bénéfices environnementaux et sociaux qui ne sont pas chiffrables en euros".
L'ADEME estime surtout que "les surcoûts d’achat des denrées liés à l’augmentation de la part de produits biologiques sont en partie compensés par les économies réalisées grâce à la réduction du gaspillage et à la baisse des produits issus de l’élevage". Elle propose d'aller "au-delà des objectifs d’EGalim pour rentabiliser l’investissement dans la transition écologique. Le coût du même repas passerait alors à 8,98 € (dont 21 cts pour les externalités), ou à 9,76 € en allant encore plus loin (utilisation de produits bruts et production de légumes) : "la relocalisation de l’approvisionnement génère des surcoûts plus importants."
L'étude permet encore de constater que si on applique "la progressivité tarifaire moyenne constatée en France (...), les marges de manœuvre financières des communes (...) sont très hétérogènes", le prix moyen payé par les familles allant de 1,54€ jusqu'à près de 5€, d'où des besoins en subventions qui peuvent représenter jusqu'à 84 % du service de restauration : "En découle un risque que les ménages modestes se trouvent exclus des bénéfices de la transition écologique parce que les communes où ils résident n’ont pas les moyens de la mettre en œuvre dans la cantine scolaire de leurs enfants (...). Cela pose la question du soutien nécessaire de l’État pour assurer la cohésion des territoires et permettre à tous les ménages d’accéder à la transition écologique de la restauration scolaire de leurs enfants."
Sur la loi EGAlim, voir notamment ToutEduc ici
L'étude de Christophe Alliot, Camille Brillion, Delphine McAdams-Marin (BASIC), Simon Godefroy (CITEXIA),"Coûts complets et recettes financières de la restauration scolaire : quelles marges de manœuvre pour la transition écologique ?" ici