"Ca se rapproche" : les élèves inquiets de la montée des périls, G. Attal affiche sa fermeté
Paru dans Scolaire le lundi 16 octobre 2023.
"C'était très loin, ce n'était pas ma génération qui était touchée", mais "ça se rapproche", il y a "des phrases qui sont rentrées dans ma tête" depuis vendredi, "ça pourrait tomber sur nous", "ce matin, j'avais peur sur le chemin du collège", "n'importe qui peut déclencher une bombe"... ToutEduc a pu rencontrer les élèves d'une classe de 3ème du collège Charlemagne à Paris, avec laquelle Gabriel Attal s'était longuement entretenu, ce 16 octobre dans la matinée, après que leur professeure de français ait pris le temps de les accueillir et d'entendre leurs premières réactions.
Le ministre dit que nous pouvons "être fiers de nos élèves, de leur capacité de résilience, mais aussi de leur très grande capacité d'indignation". Ils cherchent à comprendre et il faut "leur apporter des réponses", et ils expriment "leur fierté d'une école à la française", c'est à dire une école "laïque, mixte, pour tous". Il commente : "j'ai été très ému d'entendre des élèves revendiquer ce modèle."
Ils expriment pourtant tous leur inquiétude alors qu'ils ont vécu l'épidémie de Covid-19, qu'ils ont entendu parler de l'assassinat de Samuel Paty quand ils étaient en 6ème, depuis l'année dernière de la guerre en Ukraine, et maintenant en Israël et à Gaza. Leur professeure évoque la difficulté de "transformer la souffrance" en paroles, la nécessité de "laisser parler tout le monde", de "leur donner les outils pour s'exprimer", mais aussi de la difficulté dans cette classe qui compte deux élèves de culture musulmane, dont l'une affiche ses sentiments pro-palestiniens, et plusieurs enfants juifs, de créer les conditions d' "un vrai échange". Elle-même est très émue, touchée à la fois par les sentiments de vulnérabilité exprimés par ses élèves et par son propre sentiment d'une "faillite", les assassinats d'enseignants témoignent, pour elle, de ce que l'on a "enterré la figure du professeur hussard (noir de la République)", que "leur parole n'a plus aucun poids".
A noter qu'au cours de sa rencontre avec la presse, le ministre a indiqué qu'il allait rencontrer les collectivités territoriales pour "faire un point" sur les questions de sécurisation des établissements et il ne se défaussera pas de ses responsabilité, même si les bâtiments sont de la compétence des communes, des départements et des régions. "Beaucoup a été fait depuis 2015, des investissements réalisés, des PPMS mis en place." C'est d'ailleurs le "plan particulier de mise en sûreté" du lycée d'Arras qui a permis d'éviter qu'il y ait davantage de victimes.
Gabriel Attal indique encore que depuis le 4 septembre, les établissements scolaires ont été victimes de 168 "alertes à la bombe", la dernière le matin même au lycée d'Arras, alertes qu'il condamne fermement, en même temps qu'il veut assurer "la sécurité intellectuelle" des professeurs car il n'est pas acceptable qu'ils s'autocensurent et évitent certains sujets de peur des réactions de certains de leurs élèves.