Quelle est la sexualité des 16-20 ans et qu'attendent-ils de l'éducation sexuelle ? (OpinionWay pour Les apprentis d'Auteuil)
Paru dans Scolaire, Périscolaire le jeudi 12 octobre 2023.
Près d'un tiers des jeunes hommes (30 %) regarde des images ou des vidéos pornographiques au moins une fois par semaine, c'est le cas de 14 % jeunes femmes, mais 47 % n'en ont jamais vu, ou une fois ou deux tout au plus. C'est l'un des enseignements d'une enquête très riche réalisée par OpinionWay auprès d’un échantillon de 2 148 jeunes âgés de 16 à 20 ans (dont 63 % ont entre 18 et 20 ans). La moitié d'entre eux se déclarent hommes, 49 % femmes, 1 % "autre". Parmi les hommes, 84 % se déclarent hétérosexuels, 8 % homosexuels, 6 % bisexuels, 2 % n'aiment "ni les hommes ni les femmes". Parmi les femmes, 8 % se déclarent homosexuelles, 14 % bisexuelles...
Si près des deux tiers des jeunes se sentent "bien dans leur corps", ils sont pourtant nombreux, 57 %, à avoir "parfois du mal à trouver leur place, une proportion qui monte à 65 % pour les LGBT, 37 % à se sentir "seul(e), isolé(e)“ (48 % pour les LGBT).
Ils disent avoir eu leur première relation amoureuse en moyenne avant 15 ans, mais 23 % répondent qu'ils/elles n'ont "jamais" eu de relation amoureuse. Quant à leur première relation sexuelle, en moyenne ils l'ont eue à 16 ans, mais ils sont 2 % à dire qu'ils ont eu leur première relation sexuelle avant 12 ans. 43 % des répondants disent n'avoir jamais eu de relation sexuelle. Six sur dix d'entre eux ont été exposés à des images ou des vidéos pornographiques avant 15 ans, et même 3 sur 10 avant 13 ans.
28 % des jeunes femmes disent avoir "déjà subi des agressions sexuelles autres qu'un viol (attouchements, baisers forcés, etc.)" (7 % des garçons) ou, pour 10 % d'entre elles "la diffusion, sans son accord, de photos intimes (nues ou à caractère sexuel) (7 % des garçons). Mais 37 % des jeunes considèrent qu'il est "acceptable d'envoyer des photos de soi nu(e) (des nudes)".
Les jeunes attachent du prix à la fidélité, ils sont 89 % à considérer qu'elle est "essentielle dans un couple" et au respect de l'autre, ils ne sont que 14 % à considérer qu'une "une relation amoureuse heureuse et épanouie" suppose "avant tout" d'avoir des relations sexuelles fréquentes. 44 % ont déjà accepté d'avoir une relation sexuelle dont ils/elles n'avaient pas envie "pour faire plaisir" à leur partenaire et 36 % des femmes trouvent difficile "de dire 'non' à une relation sexuelle dont elle n'a finalement plus envie", tandis que 28 % des garçons considèrent que, "dans le cadre d'une relation de couple, on doit accepter d'avoir des relations sexuelles à chaque fois que l'autre en a envie". Ils sont même 29 % à considérer que "dans une relation sexuelle, les filles peuvent aimer être forcées" (mais c'est aussi le cas de 20 % des répondantes).
A la question "as-tu déjà parlé ou non à quelqu’un de ces actes que tu avais subis ?", 57 % font état d'une "absence de parole et ou de soutien. Et 25 % d'entre eux répondent qu'on ne leur a jamais proposé de séances d'EARS (éducation affective relationnelle et sexuelle): 82 % à l'école élémentaire, 37 % jamais lorsqu'ils étaient au collège (17 % répondant qu'on leur en a proposé au moins 3), 46 % jamais au lycée (16 % qu'on leur en a proposé au moins 3 à ce niveau de leur scolarité). Les MST et IST sont le premier sujet abordé lors de ces séances alors qu'ils/elles auraient surtout aimé qu'on leur parle du "respect filles/garçons" et des préjugés sexistes et sexuels.
Les Apprentis d’Auteuil, commanditaires de cette enquête, considèrent que "l’éducation à la vie affective, relationnelle et sexuelle est un enjeu éducatif et sociétal majeur" et qu'il y a "urgence à accompagner les jeunes en matière d’éducation à la vie affective, amoureuse, relationnelle et sexuelle, au-delà des inquiétudes et des polémiques qu’elle peut générer".
L'enquête ici