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EPS, sport scolaire : au gouvernement, un jeu entre illusions et hypocrisies (SNEP-FSU)

Paru dans Scolaire le mardi 19 septembre 2023.

“Nous n'avons jamais été associés à quoi que ce soit." L'occasion était belle de construire dans l'unité, depuis maintenant six ans, un programme autour du sport à l'école comme dans la société française en général. Malgré l'obtention de l'organisation des Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris qui auront lieu dans moins d'un an, c'est pourtant un sentiment de désenchantement qui règne en cette rentrée chez les responsables du syndicat FSU des enseignants d'Education Physique et Sportive (EPS).

Car si les annonces se succèdent de la part du président de la République, des ministres (successifs) des Sports ou de l'Education nationale, celles-ci procèdent d'une “illusion qui a permis d'installer des dispositifs qui n'ont rien à voir avec l'EPS“, dénonce Benoît Hubert, co-secrétaire général du SNEP-FSU. En cause, les 30' minutes d'APQ (activités physique quotidienne) au 1er degré ou les 2 heures de sport hebdomadaires supplémentaires au collège (dont seulement 10 % des élèves de la cible seraient atteints, ndlr), des mesures étendues sans être évaluées, davantage axées sur la santé et entraînant une certaine “confusion“ entre sport à l'école et EPS.

Une action politique dautant plus dommageable que l'EPS a pour vocation de développer “la culture“ et la pratique sportive chez les élèves, d'autant plus fondamentales que l'école est “le premier et le seul lieu de pratique obligatoire“ du sport pour les jeunes, explique Coralie Benech, co-secrétaire générale du SNEP-FSU, pouvant dès lors susciter leur appétence future. Si l'organisation syndicale regrette que les deux heures d'EPS supplémentaires dans le 2nd degré se fondent sur une “externalisation“ du sport qui serait alors offert à des associations sportives et à des clubs, pouvant créer des inégalités territoriales et tendre à une mise en concurrence, elle entrevoit cependant qu'entre mondes scolaire et sportif une passerelle pourrait être tendue : “il y a des choses à réfléchir ensemble“, estime Benoît Hubert.

Plus globalement, c'est “l'hypocrisie générale dans laquelle s'enferment Gabriel Attal et Emmanuel Macron“ que le SNEP-FSU pointe du doigt, leur volonté de mettre le sport “à l'honneur“ contredite par le millier de postes d'enseignants supprimés depuis 2017 ou les 2 500 heures d'EPS non assurées depuis la rentrée, et ce dans au moins 10 % des établissements scolaires d'après leurs remontées.

Une hypocrisie qui touche également les conditions de travail des enseignants d'EPS, avec l'augmentation des effectifs par classe qui limitent le temps pour approfondir les apprentissages, mais aussi par le biais des installations sportives, qui soit manquent, soit datent des années 1970 ou se trouvent éloignées de l'établissement, ce qui entraîne une réduction de pratique, 30 % des enseignants déclarant avoir plus de 20 minutes de déplacement. Quant à la construction de 5 000 installations de proximité annoncée par Emmanuel Macron, si elles concerneront bien de la pratique physique, il s'agit d'un “leurre“ pour Coralie Benech car ces terrains (type skate-parc ou basket 3x3..) seraient “inutilisables pour l'EPS“.

Sont encore évoqués la pénibilité, l'inclusion ou la question de la formation. Une formation initiale qui continue de se dégrader, au regard du passage de 1 200 à 800 heures de formation en 10 ans au niveau des masters. Promise de son côté à être décalée “hors temps scolaire“, la formation continue “en visio“ serait “une aberration dans notre discipline“, estime encore la co-secrétaire générale du SNEP-FSU, tandis que la fermeture des installations pendant les vacances scolaires empêcherait les formations spécifiques.

L'hypocrisie relève également du contenu des programmes, que 97 % des enseignants interrogés par l'organisation syndicale (dans 1 600 établissements, ndlr) jugent “insatisfaisants“ du fait qu'ils soient moins dirigés vers l'acquisition de compétences techniques et motrices que sur des compétences méthodologiques et sociales (savoir chronométrer, savoir arbitrer, savoir coacher...). L'organisation syndicale calcule surtout la perte de 30 % de l'enseignement de l'EPS dans les lycées pros depuis 2010, tout comme celui de l'enseignement de la natation, pourtant priorité nationale et qui, pour cause de DHG “très contraintes“, verrait 18 % des élèves de collège manquer la piscine.

C'est enfin la question de l'UNSS qui, malgré son million de licenciés, est “empêchée“ dans son fonctionnement, notamment par “des pressions de plus en plus fortes de chefs d'établissements ou de DASEN“ afin que les enseignants ne participent plus aux rencontres qui ont lieu le mercredi matin. Le SNEP-FSU demande que la subvention accordée à l'UNSS soit doublée, ainsi que de pouvoir utiliser le Pass Sport dans le cadre du sport scolaire, possibilité qui a été accordée à l'UGSEL (donc aux élèves des établissements privés, ndlr).

Se pencher sur ces questions du sport et de l'EPS à l'école, c'est pour le SNEP-FSU déjà penser la question de l'héritage des Jeux Olympiques et paralympiques, et surtout bien au-delà, autour de l'évolution du sport en France, que ce soit celui pour tous les jeunes ou la haute performance.

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