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"Monsieur le prof" quitte l'Education nationale, il n'est pas le seul (ouvrage)

Paru dans Scolaire le vendredi 15 septembre 2023.

Un enseignant a créé, sous le pseudo "Monsieur le prof", un compte twitter "afin de raconter avec humour et décalage des moments de (sa) vie de prof, entre élèves roublards, photocopieuses récalcitrantes et collègues hauts en couleur", il a des "centaines de milliers" d'internautes qui le suivent", mais "au fil des années, et des réformes", il a eu de moins en moins envie de rire", il a reçu "des centaines de témoignages, des appels à l'aide de collègues démunis, abattus, qui, ne sachant vers qui se tourner, (lui) ont envoyé le récit de leurs désillusions". Rien que l'année dernière, il en a reçu 2 421. Ils sont la matière du livre qu'il publie, "l'ex plus beau métier du monde".

Sur près de 450 pages, il passe ainsi en revue tous les aspects de la vie d'un professeur, le "devoir de réserve" créé par Jean-Michel Blanquer et le #PasDeVague, les réformes qui ont touché le collège et le lycée d'enseignement général depuis 2017, les diverses formes de maltraitance que l'institution inflige à ses personnels, la crise du recrutement, les salaires, les conditions de travail, y compris les locaux, les relations avec les parents et avec les élèves, le "prof-bashing" et la "démobilisation du corps enseignant", avant de se demander "comment quitter l'Education nationale".

La position de l'auteur, qui se définit comme "un professeur plutôt lambda qui traverse les mêmes joies, les mêmes difficultés et les mêmes remises en question que (s)es collègues", tout comme son choix de publier tels quels les témoignages qu'il a reçus, lui permettent de dresser, indiscutablement, un "état des lieux inquiétant de l'Education nationale", au plus près de ce que vivent quotidiennement les personnels. Il a compris que "tous ces cas de maltraitance institutionnelle, de vocations brisées, de solitude, de désespoir et de collègues sur le départ n'étaient pas des situations isolées, mais bien quelque chose de systémique". Mais cette position, si elle lui permet de dresser un constat, ne lui permet pas de proposer une analyse de ce qui fait système, sinon pour dénoncer "une succession de gouvernements qui, depuis plus de vingt ans, ont eu à coeur de démanteler pièce par pièce le service public afin d'effectuer des économies". D'autre part, tous ces témoignages ne se valent pas. Tel enseignant peut se plaindre de son chef d'établissement, de l'inspecteur, d'un parent d'élèves ou d'un élève, mais avoir commis des maladresses, voire des fautes professionnelles qu'il (ou elle) ne mentionne pas, ou sous une forme euphémisée. Et quand bien même sa plainte serait pleinement justifiée, jusqu'à quel point la réaction inappropriée d'un interlocuteur est-elle représentative d'un dysfonctionnement du système ? Elle l'est sans doute, mais en quoi ?

"L'Ex plus beau métier du monde", William Lafleur, Flammarion, 447 pages, 22 €

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