Les enseignants, leur satisfaction au travail, son évolution en fonction de l'ancienneté (DEPP)
Paru dans Scolaire le mardi 12 septembre 2023.
Quel est le niveau de satisfaction des enseignants par rapport à leur travail ? Interrogés sur cette question au printemps 2022, les 49 000 enseignants et directeurs d’école de l'enquête ont seulement attribué une note moyenne de 5,9 sur 10. Un chiffre presque égal à celui de l'ensemble des personnels de l'Education.
De la première édition du baromètre du bien-être des personnels de l’éducation nationale, conduite par le service statistique du ministère de l'Education, il ressort globalement que les enseignantes sont “plus satisfaites de leur travail que leurs homologues masculins“ (6,1 contre 5,6 sur 10), même si l’évolution de la satisfaction professionnelle selon l’ancienneté a le même profil pour les hommes et les femmes. Les enseignants du 1er degré ont un niveau moyen de satisfaction professionnelle légèrement plus élevé que ceux du 2nd degré (6,1 contre 5,8 sur 10), principalement en raison d'un écart qui “apparaît à partir de onze ans d’ancienneté et ne cesse de se creuser ensuite". S'agissant plus précisément des enseignants exerçant en lycée général et technologique, polyvalent ou professionnel, “l’amélioration du niveau de satisfaction professionnelle entre le milieu et la fin de carrière n’est que très peu, voire pas observée.“
Ancienneté
Si la DEPP précise que les réponses constituent une “photographie“ à un instant T, offrant le témoignage de “différentes générations d’enseignants qui sont entrés à l’Education nationale dans des contextes différents, et par conséquent avec des attentes qui peuvent varier“, elle n'en oublie pas qu' “il existe bien un effet propre de l’ancienneté.“ D'ailleurs la satisfaction varie selon que l'on se trouve au début de sa carrière (6,7 la première année d'exercice), entre 21 et 30 ans d’ancienneté (5,8, le plus bas) ou après 35 ans d'exercice (6). Ces écarts selon l’ancienneté, précise-t-elle, “sont plus marqués dans les dimensions du sens donné au travail et du soutien social reçu dans le cadre professionnel“ : elles font l’objet de déclarations plus favorables de la part des enseignants les plus récemment entrés à l’éducation nationale.
Avec les années justement, “les sentiments avec lesquels les enseignants caractérisent leur expérience professionnelle évoluent : si l’enthousiasme et la fierté sont fortement ressentis par les enseignants entrant dans le métier, la perception de ces sentiments s’érode avec l’ancienneté.“ A contrario, les enseignants avec le plus d’ancienneté signalent davantage qu’ils ressentent de la lassitude dans le cadre de leur travail, tandis que la solitude dans l’exercice du métier est également ressentie de manière plus intense en fin de carrière. Pour certains, “il est pesant d’être seul(e) face aux élèves en classe“. En revanche, le sentiment d’anxiété moyen dans le cadre du travail diminue progressivement avec l’avancée en ancienneté.
Priorités
Ces variations du ressenti de l’expérience professionnelle se doublent de différences dans l’expression des besoins d’amélioration prioritaires pour l’exercice de leur métier. En moyenne, les enseignants choisissent majoritairement le pouvoir d’achat (à 58 %) et la charge de travail (à 43 %), la mobilité géographique est citée par 34 % des enseignants avec cinq ans ou moins d’ancienneté dans le 1er comme le 2nd degré, ce qui est le cas de seulement 3 % des enseignants avec plus de trente-cinq ans d’ancienneté. Les nouveaux arrivants expriment pour leur part des besoins “d’amélioration de la formation initiale et de l’accompagnement à l’entrée dans le métier“, mais aussi de préparation au métier et d’accompagnement à la prise de poste. 73 % des enseignants avec cinq ans ou moins d’ancienneté déclarent par ailleurs que la gestion du comportement des élèves est la première ou deuxième tâche qui leur prend le plus de temps en classe, au cours d’une semaine ordinaire, en dehors de la transmission des connaissances et de la construction des apprentissages, soit + 8 points par rapport à l’ensemble des répondants.
L’insatisfaction concernant le niveau de rémunération et les perspectives de carrière, exprimée par l’ensemble des enseignants, est plus marquée en milieu de carrière, d'autant plus que les informations concernant les possibilités de carrière “semblent faire défaut aux enseignants.“ Passé vingt ans d’ancienneté à l’éducation nationale, l’aménagement de fin de carrière se dégage comme un besoin prioritaire pour les enseignants. Ainsi, c'est entre 21 et 35 ans d’exercice de la profession que les besoins de changements à l’approche de la retraite sont les plus ressentis : concernant la retraite, le désir de partir le plus tôt possible est évalué à 7,4 sur 10 (contre 6,9 pour l’ensemble des enseignants).
La note de la DEPP ici