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Abayas et qamis : la fédération des DDEN se félicite de leur interdiction, le SE dénonce un procédé de communication, une tribune condamne

Paru dans Scolaire le vendredi 08 septembre 2023.

La fédération des DDEN (délégués départementaux de l'Education nationale) se félicite de la décision du Conseil d'Etat qui entérine la décision de Gabriel Attal d'interdire le port des "abayas" et des "qamis" dans les écoles, collèges, lycées. Elle estime que l'élaboration de la citoyenneté "impose un espace laïque libre de tout assujettissement religieux ou autre où tous les élèves bénéficient des mêmes droits et se voient imposer les mêmes devoirs (...). La morale de l’École de la République ne peut porter la marque d’aucune religion" et "l’intervention de la puissance publique, affranchie de toute tutelle, ecclésiale ou autre, sans distinction d’origine, sociale, culturelle et autres convictions, est la condition nécessaire de l’égalité des chances pour la formation de citoyens en devenir".

Pour sa part, le SE "déplore que le ministère agite l’étoffe des abayas sur les ondes pour 300 élèves concernées tandis que plusieurs dizaines de milliers d’enfants se retrouvent sans école". Le syndicat UNSA des enseignants fait référence à un communiqué de la Défenseure des droits qui a pointé "de nombreuses situations dans lesquelles plusieurs milliers d’enfants rencontrent des difficultés pour accéder à l’école" (ici), qu'il s'agisse de lycéens sans affectation, d'enfants en situation de handicap, "d’enfants vivant dans des hôtels sociaux ou des habitations précaires" et dont les parents ne peuvent fournir un justificatif de domicile, de mineurs étrangers ou résidant à Mayotte ou en Guyane. L'organisation syndicale estime en outre que "la formation des enseignants doit permettre de mieux accompagner tous les élèves quel que soit le profil de ces derniers".

Sur les réseaux sociaux et la liste de diffusion de la Commission Islam et laïcité circule une tribune avec appel à signature "contre l’interdiction du port des abayas". Les premiers signataires dénoncent "une nouvelle attaque islamophobe". Ils estiment que, "concrètement, le gouvernement exige des personnels de l'éducation, des conseillers principaux d’éducation, des assistants d’éducation et des enseignants, de déterminer, selon le faciès, le patronyme, et l'appartenance réelle ou supposée à l'islam des élèves si leurs tenues sont des abayas ou non". Ils considèrent que cette interdiction "s'inscrit dans la continuité de la répression brutale des révoltes de cette jeunesse qui a exprimé sa colère" après la mort du jeune Nahel.

A noter que l'association qui a porté l'affaire devant le Conseil d'Etat fait valoir que le port d'abayas ou de qamis permet aux élèves "d'exprimer leur attachement à une culture ou à une région géographique" et que son interdiction "risque de discriminer et de cibler les jeunes filles en raison de leurs origines ethniques". Le ministère pour sa part estime que le choix du vêtement ne constitue pas une liberté fondamentale ni une composante du droit à une vie privée et familiale, que son interdiction n'affecte pas les conditions du culte musulman et que la mesure prévoit "l'application de la loi sans distinction ni discrimination". Pour le Conseil d'Etat, cette interdiction se situe dans le droit fil de la loi de 2004. Il note que le nombre des signalements d'atteintes à la laïcité liés au port de signes ou de tenues "ont connu une forte augmentation" durant l'année scolaire 2022-2023, 1984 contre 617. Il reprend une définition de l'abaya, "un vêtement féminin couvrant l'ensemble du corps à l'exception du visage et des mains" et du qamis, "son équivalent masculin" (voir ToutEduc ici).

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