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Le SE-UNSA veut avoir affaire à un ministre pleinement responsable

Paru dans Scolaire le mardi 29 août 2023.

Le tandem éducatif installé par le président de la République pour (co-)gérer la situation de l'école ne semble pas plaire au SE-UNSA. Son souhait, indique-t-il ce mardi 29 août, serait d'avoir pour unique interlocuteur Gabriel Attal, un ministre qui devra être “fort, reconnu et légitimé“. Le syndicat UNSA des enseignants, qui tenait sa conférence de presse de rentrée, rejette en effet la “représentation caricaturale de l'école“ dessinée par Emmanuel Macron dans son interview au Point, notamment du fait d'avoir “pointé indirectement les personnels comme responsables de l'échec de l'école en France“. Est ainsi demandé, contrairement aux deux périodes ministérielles précédentes, l'installation d'un dialogue afin d'élaborer, d'échanger “avec le pilote du ministère“ et pas seulement “pour commenter ce qui ne fonctionne pas“, affirme Elisabeth Allain-Moreno, sa secrétaire générale.

Car c'est un “virage pour l'école“ que souhaite voir mettre en place le SE. Son traditionnel sondage de rentrée indique que ses adhérents sont à 28 % stressés à son approche, tout en restant motivés (à 16 %), malgré une tendance à la frustration (11 % le déclarent) et au pessimisme (à 52 %).

Plus de personnels

Son questionnement se focalise sur deux éléments précis. Tout d'abord, il s'agit, “nerf de la guerre“, de compter davantage de personnels, Elisabeth Allain-Moreno estimant qu'il n'est plus possible de “faire fonctionner l'école avec un nombre de personnels à la baisse, et qui sont mal-traités“. De cette double question découlent en effet beaucoup d'autres, notamment concernant la formation continue, qui pour les enseignants du 2nd degré nécessite un vivier de remplaçants pour libérer les titulaires de leur temps de présence devant élèves, sachant que “faire des journées de 32 heures, ce n'est pas possible“, appuie Cécile Suel, en charge des parcours professionnels. La problématique concerne également la mobilité des personnels, “verrouillée“ par un système en manque de souplesse (par exemple pour les requêtes de retour dans les DROM), tout comme pour la demande de temps partiel chez les personnels qui approchent de la retraite.

Pour “faire venir les personnels et les faire rester“, ceux-ci doivent pouvoir “se projeter avec envie“ dans les métiers de l'éducation, considère ainsi la secrétaire générale du SE, ce qui passe par de meilleures conditions d'exercice et un climat de travail plus favorable, mais aussi par le fait que “si les politiques ont la volonté de créer des postes, ça crée des engouements pour les métiers de l'éducation“.

Une source d'inquiétude supplémentaire qui se retrouve dans les premières indications sur le futur budget de l'éducation pour l'année 2024, selon Gilles Langlois, chargé des moyens et rémunérations. “On entend un discours sur l'école en tant que priorité, mais en réalité ce n'est pas le cas“. Avec une augmentation de 3,9 milliards d'euros, il permettrait simplement de financer les mesures qui rentrent en vigueur en 2023, sans perspectives et avec le risque que soient annoncées des suppressions de postes. D'ailleurs, si l'organisation syndicale note du positif dans les mesures de rémunération “socle“ malgré leur “insuffisance“, elle refuse le pacte pour les enseignants et alarme quant à la mise en place des réformes qui en dépendent, comme l'heure de soutien en 6ème ou l'enseignement de savoirs fondamentaux en classes réduites dans la voie professionnelle.

Penser global

L'autre point de crispation, pour le SE-UNSA, c'est de voir de nombreuses mesures adoptées sans cohérence, sans être pensées de manière globale, et avec le temps de les installer. Par exemple, il y a le déplacement des épreuves de spécialités du bac, une décision qui risque de créer autant de difficultés qu'elle n'en résout, entre autres pour donner cours aux élèves de première en juin.

L'évocation de stages pour les élèves de 2nde générale et technologique trouve, là encore, un écho défavorable du côté du syndicat qui trouve complexe leur réalisation dans certains territoires au tissu économique peu développé, mais surtout “inacceptable“ qu'ils concurrencent les PFMP, car “ce serait au détriment de la voie pro“.

Enfin, avancer la rentrée pour certains élèves le 20 août, “ce n'est pas envisageable et on s'opposera fermement si ça devait être généralisé“ déclare Jérôme Fournier, en charge du système éducatif. Il n'y aurait “aucun sens“ à regarder seulement les vacances scolaires d'été, il serait préférable de considérer le temps de l'élève de manière globale, ne serait-ce que parce que “les apprentissages sont meilleurs quand les journées sont moins chargées“.

Angle Mort

Le SE se dit déçu qu'à “aucun moment il n'a été discuté de l'inclusion“ durant la conférence de presse de Gabriel Attal. L'organisation syndicale voudrait “accepter tous les élèves à l'école ordinaire“, mais constate que “dans certains cas ce n'est pas possible“, ce qui la conduit à vouloir réfléchir, “au-delà du recrutement des AESH“, pour que soient recrutés des personnels médico-sociaux ou autres, et trouver de nouvelles solutions dans les cas où la gestion de classe devient impossible.

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