Gabriel Attal peut-il créer un "choc de confiance" ?
Paru dans Scolaire le lundi 28 août 2023.
“L'enjeu est de créer les conditions d'un choc de confiance entre l'école et les Français“, estimait lundi 28 août Gabriel Attal lors de la conférence de presse de rentrée qui se tenait au ministère de l'Education.
Le nouveau locataire de la rue de Grenelle, qui est apparu assez confiant, se décrit comme “lucide“ autant que “pragmatique“, dit s'adresser “aux classes moyennes“ et non seulement aux plus défavorisées, en somme la posture de l'homme politique prêt à appliquer le programme du président. Car si la présentation diffère, il a pour beaucoup repris les mesures déjà annoncées ou mises sur la table par son prédécesseur.
“Le niveau de notre école va s'élever“. Il est donc question de “poser les bases d'un véritable choc des savoirs“ en s'attaquant par exemple à la lecture avec en CM1 une pratique renforcée autour de textes longs, ou en CM2 de produire chaque semaine au moins un texte écrit. Pour diminuer “drastiquement“ le nombre d'élèves qui n'ont pas acquis les savoirs fondamentaux (mathématiques et français), il s'agit encore, au collège, d'ajouter une heure hebdomadaire de soutien en 6ème, non pas “à l'aveugle“ mais en faisant du “cousu main“ par compétence, en fonction des difficultés précises, plutôt que par matière.
Le ministre a ensuite souligné l'importance des “droits et des devoirs“, mais aussi de l'autorité des enseignants, dont la relation avec l'élève “n'est pas d'égal à égal“, car “dans l'école celui qui apprend doit respecter l'autorité de celui qui sait“. Une autorité de l'école qui par extension s'applique également aux familles, et en outre en ce qui concerne le principe de laïcité, avec l'interdiction de l'abaya à l'école, une tenue qui “n'a pas de place dans notre école, pas plus que les signes religieux“, mais qui n'est pas définie. 300 000 personnels seront formés chaque année aux enjeux de laïcité afin de “protéger à tout prix l'école du prosélytisme religieux“.
L'instauration des remplacements de courte durée (RCD) s'explique par les 15 millions d'heures de cours perdues chaque année, et ce pour “la moitié en raison de notre organisation administrative“. Il faut donc que l'EN s'adapte aux emplois du temps des professeurs, c'est à dire placer les réunions et formations hors du temps devant élève. Ces dernières pourront être désormais dispensées non plus sur une demi journée ou une journée mais via des modules, de format plus court, et à distance.
Cette mission RCD fait partie du pacte mais elle “n'est pas une mesure de revalorisation salariale“, indique Gabriel Attal qui se dit conscient de devoir convaincre les enseignants d'y participer. C'est d'ailleurs le “dialogue social“ qui a selon lui conduit à prendre la décision de repousser la date des épreuves de spécialités du baccalauréat, en regardant “ce qui fonctionne et ce qui ne fonctionne pas“. Si ces notes ne rentreront plus dans la procédure Parcoursup, des questions demeurent quant à l'égalité de traitement entre établissements malgré la mise en place d'une complexe “analyse des moyennes constatées par établissement et par académie“ pour adapter l'évaluation du contrôle continu.
Ont encore été évoqués le harcèlement scolaire avec le programme phare qui sera rendu obligatoire dans 100 % des écoles, collèges et lycées, l'école inclusive avec le recrutement de 6500 AESH en cette rentrée et la création d'une classe ULIS par collège d'ici 2027, ou encore le sport avec désormais 700 collèges qui expérimenteront les deux heures de sport supplémentaires par semaine. Un fonds vert avec “une très grosse enveloppe budgétaire à la clé“ devrait être adopté prochainement pour la rénovation thermique des bâtiments.
En revanche, la révision de la carte de l'Education prioritaire, qui doit se conjuguer avec un travail de cartographie des quartiers prioritaires de la ville (QPV), attendra, tandis que l'objectif de mixité sociale semble abandonné, le ministre se satisfaisant du protocole signé par Pap Ndiaye avec l'enseignement catholique.
Parmi les “chantiers très concrets“ que Gabriel Attal a énuméré, on notera qu'il a très peu été question du Conseil National de la Refondation, du SNU ou de la voie professionnelle. Les deux ministres déléguées ont, en quelques minutes, présenté les enjeux et les mesures en cours, comme la gratification des PFMP, l'installation d'un bureau des entreprises, de formation de spécialisation à bac+1, l'accompagnement d'anciens élèves sans solution avec le service public de l'emploi d'un côté, le mentorat, l'extension du service civique ou le SNU sur temps scolaire de l'autre.
Au final, si le ministre en appelle à une “alliance nationale“ et s'il compte “résoudre point par point“ les difficultés de l'école, il sait qu'il reste “beaucoup à faire“ et que “tous les problèmes de l'école ne seront pas réglés en une année scolaire“.