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D'hier à aujourd'hui, quels noms sont donnés aux établissements scolaires ? (CEE)

Paru dans Scolaire le mardi 20 juin 2023.

En mars dernier, Valérie Pécresse retirait de la commission permanente du conseil Régional d'Île-de-France la délibération sur le nom du lycée “Angela Davis“ de Saint-Denis, pourtant choisi par la communauté scolaire, provoquant alors de multiples questionnements sur la dénomination des établissements scolaires.

Une question qui porte avant tout sur la “charge symbolique“ véhiculée par le nom d'un établissement scolaire, estime la présidente du Conseil d'évaluation de l'école (CEE), qui proposait mardi 20 juin une matinale de travail intitulée “Elle s'appelle comment ton école ?“ Béatrice Gille soulignait par là le “très fort sentiment d'appartenance des élèves“ lié au nom de leur établissement, un attachement qui se rencontre également sur le terrain, comme le racontent Pierre-Jean Steunou et Gilles Cornillet, du collège La Fontaine - Margot à Brest.

De Keranroux à.. La Fontaine-Margot-Keranroux

Ce dernier, ancien principal de l'établissement, explique que le changement de nom a été initié en 2015, une opportunité liée à un vaste projet de transformation du quartier. Le collège, situé en REP, était autrefois dénommé “Keranroux“. Il se trouve assez isolé à l'ouest de la ville et à proximité d'un QPV n'ayant “pas forcément une bonne réputation“, même si cela “n'est pas vérifié dans les chiffres“, c'est à dire au regard de résultats scolaires “plus qu'honorables“ au brevet (DNB) et en contrôle continu. Le contexte portait, au niveau de l'établissement, sur la volonté d'une mise en place de la numérisation, d'un changement des méthodes de travail, de revoir le bâti ou encore d'instituer des pédagogies différenciées.

Malgré sa “peur que des familles ne viennent pas dans ce collège“, Gilles Cornillet estime qu'il était donc “nécessaire, pour mettre en avant le collège, de changer de nom“. Il lance un vote sur Pronote après interrogation du département et consultation du conseil d'administration. Les résultats sont jugés “très significatifs“, 300 personnes y répondant sur 700 potentiels. Les adultes ont voté pour changer de nom à 83 %, les élèves ont voté plutôt pour (56 %), à l'inverse des anciens (contre à 56 %). Au total 56 % des votants ont donné leur accord pour changer le nom du collège.

Seulement à la fin, précise-t-il, la perte du préfixe “Ker“ Breton a été mal vécue par certains habitants qui ont lancé une campagne pour tenter de revenir en arrière. C'est pourquoi au final le collège s'intitule “La fontaine-Margot-Keranroux“ bien que personne, à part “d'anciens élèves qui ont leurs enfants dedans“, indique de son côté le nouveau principal Pierre-Jean Steunou, n'utilise le suffixe ou ne l'appelle Keranroux. Selon lui, il est important que le nom de l'établissement (La Fontaine-Margot) soit en rapport avec le projet de développement de ce quartier émergeant, avec l'“embellissement“ dont il jouit et qui se double du “maintien d'un bel effectif“ au collège malgré la baisse démographique actuelle.

Les établissements scolaires ont moins de noms de femmes

Dans l'optique de constituer une analyse plus globale, le CEE a étudié les données statistiques des établissements scolaires, utilisant Chat GPT pour identifier les noms de personnes, leur genre, leur nationalité, et la période historique dans laquelle ils se situent, explique Marion Le Cam, chargée d'études et d'évaluation.

Ainsi sur les 43 000 écoles publiques recensées, comptabilisant au total 5,5 millions d'élèves, 43 % portent le nom d'une personne, 27 % ne portent aucun nom, tandis que 30 % portent un nom qui n'est pas celui d'une personne (école du bourg, école d'application, etc...). Les personnalités les plus fréquentes sont Jacques Prévert, Jean Jaurès, Saint-Exupéry... Si l'école porte le nom d'une personne, dans 77 % des cas il s'agira d'un homme, et 9 fois sur 10 une personnalité française. Elle sera Européenne dans 5 % des cas, et tout autant de fois si elle vient d'une autre région du monde.

77 % des collèges publics (5 300 établissements pour 2,6 millions d'élèves) portent le nom d'une personne, en revanche la part d'établissements sans noms est marginale. Les noms les plus donnés, toujours majoritairement français, sont Jean Moulin, Saint-Exupéry, Jules Ferry ou encore Jean Rostand. Les femmes sont cependant moins représentées au collège que dans le 1er degré, 83 % des établissements qui portent un nom ayant pris celui d'un homme.

Dans les 2 400 lycées publics et leurs 2 millions d'élèves, on retrouve à 80 % un nom d'une personne. Cette fois, Marie Curie est en tête des dénominations, même si y figurent tout de même 84 % de noms d'hommes comme Jean Monnet ou Léonard de Vinci.

Contrairement aux autres établissements pré-cités, dont la période de choix des noms de personnes s'étend globalement de la 3ème république jusqu'à nos jours, pour les lycées elle se situe un peu plus autour de la 3ème république, ce qui s'explique historiquement par la présence des lycées avant la massification scolaire. En éducation prioritaire, les noms les plus donnés aux établissements sont Paul Eluard, Jean Jaurès, Victor Hugo, Jean moulin ou Louis Pasteur.

Ecole Thomas Pesquet

Depuis 2012, fait valoir le CEE, deux tiers des établissements scolaires qui ont changé de nom portent celui d'une personne, les plus fréquents étant par exemple Nelson Mandela, Rosa Parks ou Aimé Césaire, à parité d'attribution (49 %, 51 % d'hommes). Pourtant, “dans certains cas des établissements sont créés et ne portent pas tout de suite le nom d'une personne“, précise Moustapha Touahir.

Plus récemment encore, le nouveau secrétaire général du CEE note “un changement de tendance assez radical“ ces deux dernières années. Parmi les établissements scolaires qui ont changé de nom sur cette période, seulement 58 % portent le nom d'une personne (57 % dans les écoles, 83 % au collège, 72 % en lycée) et il s'agit à 60 % en moyenne de noms masculins. On y retrouve La Fontaine, mais aussi Le petit Prince, Joséphine Baker, Simone Veil ou Thomas Pesquet (surtout dans les écoles).

Le page du CEE ici

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