La folle consommation des écrans chez les jeunes (baromètre Ipsos - Macif)
Paru dans Scolaire le mardi 13 juin 2023.
Quelles addictions et quelles conséquences chez les jeunes en 2023 ? La Macif réalise la troisième édition de son baromètre, dont l'étude est confiée à l'institut de sondage Ipsos. Celle-ci s'est déroulée en ligne du 29 mars au 10 avril 2023 auprès de 3 500 personnes âgées de 16 à 30 ans.
Cette année, la mutuelle juge la situation “toujours préoccupante“, à savoir quelle demeure “élevée“ même si elle semble se stabiliser sur de nombreux points par rapport à la deuxième vague du sondage.
Une consommation stable
L’alcool, indique la mutuelle, reste la principale substance consommée par les jeunes âgés de 16 à 30 ans. Plus des trois quarts d'entre eux déclarent en avoir consommé ou déjà essayé (77 %), un indicateur en recul par rapport aux précédentes éditions (80 % en 2022, 84 % en 2021). Ils sont 35 % chez les 16-19 ans à déclarer en consommer régulièrement. En deuxième position, la consommation de tabac se stabilise également, (56 % en 2023), tout comme celle de cannabis, avec un tiers des jeunes de 16 à 30 ans qui en consomment ou ont déjà essayé. Suivent d'autres substances comme l’ecstasy, la MDMA, le protoxyde d’azote, le LSD, la cocaïne, ou l’héroïne, dont la consommation demeure toujours “moins répandue“ mais reste “préoccupante, et ce, d’autant plus que qu’elle se caractérise par une augmentation lente mais continue". Enfin, si encore 42 % des jeunes déclarent passer plus de 6 heures par jour devant les écrans interactifs, cette proportion augmente de 9 points cette année chez les 16-19 ans (52 %).
Une des explications tient à la perception du risque associé à la consommation de substances ou à l’usage des écrans interactifs. Bien que reconnu et malgré une légère amélioration, ce risque semble toujours minoré. Ainsi, s’agissant du risque associé à la consommation de tabac, “puisqu’ils n’identifient pas de réelle menace, moins d’un tiers des jeunes y attribuent une note de 9 à 10 (31 % contre 29 % en 2022)“. Concernant la consommation d’héroïne, de cocaïne ou de MDMA, le risque reste en dessous de celui mesuré lors de la première édition du baromètre. De même, le niveau de risque perçu “est toujours plus bas s’agissant de l’alcool et les écrans interactifs“. Pour ces derniers cependant, la note moyenne attribuée au risque reste stable et s’élève à 5,3/10 mais, “plus préoccupant encore, seuls 7 % des jeunes leur attribuent un risque maximal (notes 9 et 10/10).
Perte de contrôle
L'enquête indique en outre que la situation s’agissant de la fréquence et de la récurrence des pertes de contrôle liées à ces consommations semble globalement se stabiliser. Par exemple, ont été comptés 58 % des jeunes qui ont déjà perdu le contrôle d’eux-mêmes au moins une fois au cours des 12 derniers mois du fait de leur consommation de substances au point de ne plus vraiment savoir ce qu’ils faisaient, soit 4 points de moins par rapport à la précédente mesure. Par contre, la perte de contrôle liée à l’utilisation des écrans interactifs est très élevée : 70 % des jeunes déclarent avoir perdu le contrôle au moins une fois au cours des 12 derniers mois (contre 70% l’an passé et 61% en 2021). Pour ceux qui déclarent avoir perdu le contrôle au moins 10 fois dans l’année en raison des écrans, cela s’est traduit à 61 % par une perte de la notion du temps et à 47 % par des difficultés à trouver le sommeil.
La Mutuelle fait valoir que “la minimisation du risque demeure répandue“ chez les jeunes consommateurs, dont les principales motivations sont l’envie de s’amuser, de déstresser et de se sentir bien.
D'ailleurs, si le niveau de fragilité des consommateurs réguliers interrogés s’améliore, il “reste toujours plus important“, à 74 %, “signe que le mal-être des jeunes est toujours présent.“ Avec pour conséquence, “dans plus d’un tiers des situations, des épisodes d’échec scolaire ou professionnel (36% versus 38% en 2022) ou un isolement sur le plan social (34 %, comme en 2022). A noter que 73 % des jeunes déclarent avoir ressenti des troubles, des sentiments de mal-être ou des difficultés concrètes (accidents, situations de violence, problèmes financiers) liées à leur consommation de substances et d’écrans.
Accidents
La prise de substances addictives engendre aussi des accidents de la circulation, chez 19 % des consommateurs occasionnels et 23 % des réguliers. Mais de quelles situations de mise en danger sur la voie publique parle-t-on ? Selon l'étude, plus de 4 jeunes sur 5 ont déjà adopté un comportement à risque dans leurs déplacements en raison de leur consommation (84 %, contre 83 % en 2022), dont 64 % plusieurs fois (contre 62 %).
L'utilisation des écrans dans ces contextes semble particulièrement inquiétante, avec un utilisateur sur 5 qui déclare s’être mis en situation de danger sur la voie publique. Pire, 2 jeunes sur 3 ont déjà téléphoné, participé à des réunions téléphoniques pour le travail, envoyé ou lu des sms/mails, regardé des films/séries, joué à des jeux ou consulté les réseaux sociaux en se déplaçant en voiture, en moto, en scooter ou à vélo. Ce sont enfin 30 % des utilisateurs de scooters qui “avouent avoir déjà regardé une série sur leur téléphone en roulant.“
“Répandus et ce malgré les messages de prévention“, ces comportements sont encore en partie liés au fait que les jeunes âgés de 16 à 30 ans minorent le risque associé à ces situations, d'autant que l’impact des messages de prévention demeure stable et surtout, constate la Macif, “relatif“.