Programmes, mixité.. des propositions d'amélioration pour les enseignements au numérique et à l'informatique (EPI)
Paru dans Scolaire le vendredi 14 avril 2023.
“Les filles sont confrontées à une censure sociale“, déplore Jean-Pierre Archambault dans un billet relatant les propos tenus par l'EPI lors de son audition par l'Inspection générale sur les formations aux métiers du numérique et de l'informatique.
Pour le président de l'association “Enseignement Public & Informatique“, les filles “reçoivent des signaux selon lesquels l'informatique (plus généralement les sciences), ce n'est pas pour elles alors que, par exemple, elles obtiennent au lycée de meilleurs résultats que les garçons en mathématique.“ Pour “renforcer la lutte contre les stéréotypes et l'autocensure et impulser très tôt des vocations pour les métiers scientifiques et technologiques auprès des jeunes filles“, il souhaite que les entreprises soient incitées à proposer aux jeunes filles des stages de découverte des métiers du numérique, notamment afin qu'elles rencontrent des femmes pouvant être de “potentielles marraines qui leur ressemblent“.
Concernant l'offre de formation et les besoins actuels de préparation aux métiers du numérique et de l'informatique, ont été analysés l'enseignement de spécialité numérique et sciences informatiques (NSI) en première et/ou terminale ainsi que ceux de sciences numériques et technologie (SNT) pour tous les élèves de seconde.
Si les programmes de NSI donnent “globalement satisfaction“, “ils sont parfois perçus comme trop denses par les élèves et certains enseignants“ peut-on lire en premier lieu. Par ailleurs, la réforme du lycée et les spécialités “sont sources de problèmes avec lesquels il faut en finir“. Sont par exemple cités une “forte inégalité territoriale“, la spécialité étant seulement présente dans 36 % des lycées. Avec la disparition du groupe classe, “le travail en groupe devient difficile et l'on constate un renforcement de l'individualisme“, or “si l'enseignement a une évidente dimension cognitive, il est aussi une relation humaine.“ De plus, “les élèves et leurs parents éprouvent des difficultés pour construire un cursus cohérent ne compromettant pas l'avenir“, tandis que “la mise en place d'emplois du temps infernaux et l'évaluation permanente se fait au détriment de la pédagogie“.
Jean-Pierre Archambault estime également que “le programme SNT (en seconde, ndlr) est trop ambitieux pour une seule année avec des élèves n'ayant pas déjà rencontré pour l'essentiel les notions scientifiques et techniques informatiques qui le sous-tendent.“ Est souhaité que soient identifiées, “très clairement, un nombre limité de compétences scientifiques et techniques que l'on attend d'un lycéen et de les incarner, chacune, dans un ou plusieurs thèmes“.
Ainsi cet enseignement, en “tenant compte des améliorations qui s'imposent, doit se prolonger en Première et Terminale dans le tronc commun, avec une montée en charge progressive". En outre, il considère que la discipline informatique ne devrait pas changer de nom “à chaque saison, ou presque“ et que serait nécessaire “une nouvelle appellation où figure le mot informatique“. Enfin, celle-ci “doit être enseignée par des professeurs d'informatique“ alors que “c'est loin d'être le cas“.
D'ailleurs, “le problème essentiel, le facteur limitant depuis des décennies, reste la formation des enseignants toujours insuffisamment traitée“, et des efforts en la matière “sont la condition essentielle d'une montée en charge progressive d'un enseignement de la science et technologie informatique pour toutes et tous“. Mais “quels professeurs pour enseigner l'informatique ?“ se demande le président de l'EPI, car “les besoins sont considérables“. Il plaide pour que le nombre de postes mis aux concours du Capes et de l'agrégation d'informatique, actuellement insuffisant, soit “augmenté d'une manière substantielle“. Il faudrait, en conséquence, “rendre le métier d'enseignant plus attractif en le revalorisant de façon significative“.
Le site de l'EPI ici