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Spécificités du décrochage scolaire dans les Pays de la Loire (INSEE)

Paru dans Scolaire, Orientation le mardi 21 mars 2023.

En 2019 dans les Pays de la Loire, 29 930 jeunes décrocheurs étaient comptabilisés par l'INSEE, soit 5,9 % des jeunes âgés de 14 à 24 ans, contre 6,7 % en moyenne en France métropolitaine, apprend-on dans une note publiée début mars.

La région se situe au 3e rang derrière la Bretagne (5 %) et l’Île-de-France (5,6 %), tandis que les Hauts-de-France sont la région la plus concernée en métropole (9,4 %). La part de décrocheurs diminue de 0,8 point dans la région entre 2009 et 2019, alors qu’elle reste stable sur cette période en France métropolitaine.

Facteurs

Si huit décrocheurs sur dix sont majeurs, poursuit l'institut national de la statistique et des études économiques, “le phénomène touche aussi des mineurs“, avec notamment 3 % des jeunes de moins de 18 ans qui ne sont plus scolarisés et n’ont pas de diplôme. Les décrocheurs précoces âgés de 14-15 ans représentent 1 500 individus (1,5 % des jeunes de cet âge), quand ceux de 16 -17 ans sont 3 770 (3,8 %).

Par ailleurs, comme en 2010, les garçons sont plus touchés en 2019 que les filles par le phénomène. Ils sont 6,9 % de décrocheurs contre 4,8 % chez ces dernières, néanmoins “le décrochage semble davantage compromettre la vie active des filles“, qui “investissent moins le monde du travail que les décrocheurs“ : 34 % des décrocheuses ne sont ni en emploi ni au chômage, contre 22 % des garçons. En comparaison, les diplômées du certificat d’aptitude professionnelle ou du brevet d’études professionnelles (CAP, BEP) sont inactives dans seulement 8 % des cas. De plus, les décrocheuses sont davantage confrontées au chômage, à 59 % soit 8 points de plus que les garçons.

L’environnement familial d’un élève semble agir, au moins partiellement, sur sa probabilité de décrocher. Parmi les jeunes qui vivent encore chez leurs parents, la composition familiale est le facteur influant le plus sur le risque de décrochage. En famille monoparentale, la probabilité de décrocher est supérieure de 6 points par rapport à celle d’un jeune qui vit avec deux parents, à autres caractéristiques identiques.

Autres facteurs les plus influents sur le décrochage, le niveau de diplôme des parents, surtout celui de la mère (+3,3 %), ou encore le fait de vivre dans un logement suroccupé (+2,3 %) et en HLM (+1,4 %). En revanche, “vivre en famille nombreuse semble ne pas avoir d’effet sur la probabilité de décrocher“ précise l'INSEE qui explique que les risques de décrochage peuvent également se compenser, ou à l'inverse se cumuler.

Enfin, les jeunes décrocheurs “ne vivent plus forcément sur le lieu de leur décrochage“ et “quittent plus tôt le domicile parental“ constate par ailleurs l'INSEE. Si 86 % des 14-19 ans dans leur globalité vivent chez leurs parents, ils ne sont que plus que 77 % à le faire lorsqu'ils ont décroché.

Territoires

La géographie du décrochage est l'autre principale analyse portée sur la Région. L'INSEE explique en effet que “l’intensité du décrochage varie selon les territoires“, avec une part de décrocheurs qui “se situe en dessous de la moyenne régionale à l’ouest de la région, mais elle est supérieure à la moyenne nationale à l’est et aux périphéries nord et sud.“

On retiendra que le risque de décrochage est considéré “le plus élevé“ à l’est des Pays de la Loire, dans plusieurs intercommunalités concentrées dans la Sarthe, avec en moyenne 8,5 % des jeunes qui ne sont ni scolarisés ni diplômés dans ces territoires. S'y ajoutent 16 % des mères et 14 % des pères sans diplôme (contre respectivement 11 % et 10 % en moyenne régionale), et un revenu déclaré médian des ménages fiscaux “plus faible qu’ailleurs“.

Dans les grandes villes, Nantes, Saint-Herblain, Rezé, Angers, Saint-Nazaire, la Roche-sur-Yon, Laval ou Le Mans et sa communauté urbaine, territoires urbains très peuplés (119 000 familles) et marqués par de fortes inégalités, le risque de décrochage paraît “assez élevé“. En 2019 sont recensés quelque 10 000 jeunes décrocheurs, soit en moyenne 5,8 % des 14-24 ans. Ici, les situations sociales des familles sont très hétérogènes, avec des parts importantes de parents diplômés du supérieur mais aussi de parents sans diplôme, des familles monoparentales surreprésentées (33 % contre 21 % en moyenne dans la région).

181 000 familles, soit un tiers du total, vit dans des territoires avec un risque de décrochage faible, tandis que le risque de décrochage “intermédiaire“ porte sur 27 intercommunalités regroupant 121 000 familles. Sur le littoral pour finir, six intercommunalités et une commune (l'Île-d'Yeu) concentrent un faible nombre de familles (27 000) et présentent un risque de décrochage “assez faible“ mais de manière hétérogène, la part de décrocheurs y étant supérieure à la moyenne nationale sauf pour la presqu’île de Guérande Atlantique (4,6 %) et l’Île-d'Yeu (4,3 %).

Psychotropes, addiction et santé mentale

Pouvant peser sur le processus de décrochage scolaire des adolescents, la santé mentale des jeunes est le troisième paramètre étudié par l'institut statistique. Il indique que dans les Pays de la Loire 13,3 % des adolescents de 17 ans présentaient au cours de l’année 2017 un syndrome dépressif modéré, et 3,5 % un syndrome sévère, mais que leur prévalence est à cet égard “inférieure à la prévalence nationale dans l’ensemble des départements ligériens“. De même, comme au niveau national les jeunes filles de 17 ans ont plus fréquemment un syndrome dépressif que les garçons (21,7 % contre 12,3 %).

La consommation de médicaments psychotropes chez les jeunes est elle aussi “moins marquée“ avec 12,9 % jeunes traités par psychotropes en 2019 dans la région contre 13,8 % au niveau national. La consommation de médicaments psychotropes chez les jeunes est plus marquée dans les zones urbaines, notamment dans les intercommunalités de la Roche-sur-Yon Agglomération, Laval Agglomération ou encore Le Mans Métropole où elle dépasse les 15 %.

En revanche, la consommation régulière d’alcool, de tabac ou de cannabis par les jeunes de 17 ans est plus marquée dans les Pays de la Loire qu’au niveau national, et la région “est même en tête de classement pour la consommation régulière d’alcool avec 22 % des adolescents de 17 ans concernés en 2017 contre 16,4 % en France métropolitaine“. D’un point de vue territorial, la consommation de produits psychoactifs (alcool, tabac, cannabis) est plus importante dans les communes rurales et dans les petites agglomérations de moins de 20 000 habitants.

La note ici

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