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La revue Diversité s'enrichit de nouvelles rubriques, le n° 200 évoque une école transformée par la crise sanitaire

Paru dans Scolaire le jeudi 06 octobre 2022.

La revue Diversité, jusqu'ici publiée par Réseau Canopé, passe dans le giron de l'IFE (l’Institut français de l’Éducation - ENS de Lyon) et, à l'occasion de la présentation ce jeudi 6 octobre du numéro 200 consacré à  "L’école face à la pandémie", sa nouvelle formule fait l'objet d'une table ronde. "Elle sera désormais semestrielle, gratuite et entièrement en ligne sur la plateforme Prairial." Cinq nouvelles rubriques viennent compléter le dossier thématique de chaque numéro, avec l'expertise de chercheurs internationaux, une controverse, le parcours scientifique et professionnel d'un.e chercheuse ou d'un chercheur, la présentation de travaux en cours et une synthèse de l’actualité éducative.

Le numéro 200 a pour ambition de rendre compte des évolutions du système scolaire puisque "l’école et tous ses acteurs ressortent ébranlés de ces presque deux années particulièrement éprouvantes", au terme desquelles "on ne peut plus faire classe tout à fait comme avant (...). Cette crise sanitaire (...) ne sera pas qu’une simple parenthèse", écrit le rédacteur en chef de la revue, Régis Guyon.

Elle a d'ailleurs pu avoir des aspects positifs, estiment Cendrine Mercier, Omar Zanna et Agnès Florin (U. de Nantes et du Mans) qui évoquent "l’intérêt pour certains élèves de réaliser des évaluations à domicile : pour eux, cela permet une meilleure gestion du stress, un temps mieux contrôlé et des ressources à disposition (...). Tout bien considéré, la pandémie de Covid-19 aura ouvert une voie pour penser autrement les évaluations dans une perspective d’amélioration du bien-être subjectif des élèves."

De même, Aziz Jellab (sociologue, inspecteur général) considère que "l’un des enseignements majeurs de la crise sanitaire aura été de mettre au jour les limites d’une gouvernance du système éducatif 'par le haut', par le centre. Et même si l’État et ses services ont fait preuve de réactivité face à une situation inédite et faiblement maîtrisée au début, ce sont bien les acteurs de terrain et à tous les échelons qui ont dû réinventer leur rôle et faire preuve de créativité (...). Aussi, l’école à venir ne saurait être gouvernée de manière centralisée et unidimensionnelle. Elle devra être davantage accompagnée par des pouvoirs publics qui autorisent, promeuvent et laissent place à l’initiative des professionnels de terrain."

Ces professionnels ont vu la perception de leur métier comme de leurs élèves transformée. Nathalie Thollot (IEN) n'a "jamais autant travaillé de (s)a vie" que pendant le premier confinement : "Travailler non-stop sur des choses sur lesquelles on n’est pas forcément compétent, qu’on ne maîtrise pas forcément, en étant le plus au clair possible et en sachant à quel moment passer la main à plus compétent que nous, c’est compliqué !" Filippo Pirone (U. de Créteil) ajoute : "Le fait d’avoir acquis une connaissance inédite des élèves et des familles et d’avoir mieux compris dans quelle mesure les inégalités sociales affectent les scolarités leur a également permis de repenser la communication avec les parents (...). Ils ont mieux compris l’importance (...) d’assurer (aux élèves) un support moral plus constant, en prenant au sérieux les dimensions relationnelles de l’école."

Jacques Crinon et Georges Ferone (U. de Créteil) donnent l’exemple de Catherine, que le confinement a conduite "à voir en direct" la situation de ses élèves "dans un milieu social de misère extrême (alcoolisme, illettrisme, conflits entre les parents se renvoyant la balle du suivi scolaire…)" et à percevoir "qu’une école fermée peut constituer un refuge pour les enfants". Le confinement n'a pas toujours été une période propice aux apprentissages, ce que constate également Ariane dont "les élèves ont peu progressé", "ont passé leur temps devant la télé". Mais "elle ne prend pas la chose au tragique et dit au contraire qu’elle a essayé, lors de ses contacts avec les parents, de dédramatiser une situation déjà difficile pour eux (...). De même Britney, autre enseignante d’éducation prioritaire, constate l’incompétence initiale des parents à relayer son action d’enseignante, mais leur prodigue par conséquent des conseils plus serrés pour les aider à suivre le travail de leurs enfants. Les tenants de l’ouverture de l’école sont finalement au nombre des enseignants satisfaits. Ils insistent sur la confiance qu’ils font aux parents, sur la manière dont ils ont aidé ceux-ci à prendre eux-mêmes confiance en eux pour aider leurs enfants (...). Cette idée du rôle des parents va de pair avec une conception plus extensive de la fonction sociale de l’enseignant, au-delà de l’instruction des élèves."

La situation des années 2020-2021 est-elle pour autant inédite, comme on l'a dit et comme on le croit trop souvent ? Sarra Ben Salah revient sur l'histoire de la "continuité pédagogique" et rappelle que "l’école a déjà rencontré des situations de crises sanitaires dans le passé récent (...), dès 2004, un plan de prévention et de lutte contre une pandémie grippale (H5N1 et H1N1) est construit pour anticiper une fermeture des établissements scolaires" et définit une première forme de "continuité pédagogique" destinée "avant tout à entretenir chez les élèves les connaissances déjà acquises" et à "maintenir un lien social avec les élèves". C'est en 2008 que "la notion d’acquisition de nouveaux savoirs apparaît (...). La première définition de la continuité pédagogique mobilisée lors de la crise du Covid-19 (...) est la même que celle diffusée en 2008 (...). Les discontinuités observées entre les plans de lutte contre la pandémie grippale et la mise en œuvre de la continuité pédagogique en 2020 résultent plutôt d’une évolution de l’école (imposition du numérique, autonomie grandissante des établissements et de l’échelon local dans les politiques publiques) et d’une adaptation des plans aux changements qu’a connues l’institution dans les vingt dernières années."

C'est cette évolution de l'école que la crise met en évidence, et que ce premier numéro de la revue décrit en détail. Elle est téléchargeable ici

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