La PEEP dresse un tableau de la rentrée en demi-teinte
Paru dans Scolaire le vendredi 30 septembre 2022.
Comment les familles adhérentes à la PEEP ont-elles vécu la rentrée scolaire ? A 89 %, les 4 381 parents qui ont répondu au questionnaire envoyé aux 90 000 familles adhérentes sont satisfaits de cette rentrée 2022, en raison du retour à la normale après les deux années de Covid et ses multiples protocoles sanitaires. La pandémie a tout de même eu un effet positif sur l'état des lieux des sanitaires au niveau du nombre et de la qualité de l'entretien, surtout dans le premier degré.
La restauration scolaire fonctionne pour 93% des familles, mais elles sont 45 % à noter une augmentation des tarifs et font part d'une certaine inquiétude de ne pouvoir continuer à payer la cantine si un changement de tarif intervenait durant l'année scolaire, lorsque ils seront renégociés.
La fédération de parents d'élèves, qui présentait les résultats son observatoire annuel lors d'une conférence de presse ce 30 septembre, a noté une diminution des portions ou la mise en place de plats uniques, mais elle n'a pas constaté de familles qui n'auraient pas mis leur enfant à la cantine en raison de coûts trop élevés, elle indique avoir parfois communiqué sur les fonds sociaux des établissements.
Une dégradation du service est en revanche soulignée au niveau des transports scolaires (par 59 % des familles), avec une diminution des arrêts ou des fréquences de rotation, et 15 % des familles ont même fait part d'une suppression d'un circuit.
Concernant la santé mentale des élèves, la vice-présidente de la PEEP a évoqué une génération impactée par la crise sanitaire, avec pour conséquences chez les élèves une baisse de motivation, de l'angoisse ou de l'anxiété, la consultation de psychologues mais surtout du stress face à la scolarité ou l'avenir (à 42 %). La fédération de parents d'élèves souhaiterait que la prise en charge par le gouvernement soit maintenue.
“Les chiffres d'année en année restent sensiblement les mêmes“, poursuit Isabelle Ferry alors que sont comptabilisés 27 % de victimes de harcèlement, comme l'année précédente, avec une augmentation du cyberharcèlement qui passe de 4 à 8 %. “Le problème, continue-t-elle vient de la reconnaissance et de la prise en charge."
En cette rentrée, au collège, un élève sur 3 a été accueilli par une équipe enseignante incomplète et un sur 5 au lycée. En 2021-22, ce sont 51 % des élèves qui ont eu une absence d'enseignant, et à 48 % elle n'était pas remplacée. La vice-présidente de la Peep s'alarme que les remontées sur des absences de professeurs montrent que “cela touche même les spécialités, ce qui est plus gênant parce qu'il y a le baccalauréat à préparer“.
L'orientation est selon les familles de la PEEP plutôt bien réalisée auprès des élèves (56 % élèves ont été accompagnés au collège, 75 % au lycée) mais plus difficiliement auprès des parents qui s'estiment pour 2/3 d'entre eux non accompagnés sur l'orientation de leur enfant au collège, et à plus d'un sur deux au lycée, ce qui fait dire à Isabelle Ferry qu' “il serait logique qu'on nous laisse venir faire des réunions d'information pour les familles“.
La PEEP, informée par le ministère des débats qui commenceront lundi 3 octobre dans les établissements volontaires, attend “le déroulé pour savoir qui est acteur“. Evoquant un “effet d'annonce“, elle se demande comment faire quand des acteurs (chefs d'établissements, enseignants..) ne veulent pas se mettre autour de la table, et comment elle peut faire vivre cette concertation.
En outre, depuis qu'avec la pandémie le contrôle continu a pris une grande part dans la notation pour le baccalauréat, il y a un plus grand nombre de contestations de parents sceptiques sur la notation, une “petite musique sur le fait qu'elle ne serait pas très juste“, assure Isabelle Ferry. Des parents qui font beaucoup plus de recours, contestent les résultats et demandent un arbitrage, d'où la crainte d'une mise en concurrence des professeurs et des établissements entre eux.
Ainsi la PEEP “aimerait qu'une fois pour toute la réforme du lycée se stabilise“, car elle “devient illisible pour les parents avec chaque année une nouveauté“, notamment avec les mathématiques qui ont été réintroduites dans le tronc commun du programme de terminale (en option). A l'inquiétude de certains élèves s'ajoute le fait que celle-ci n'a pas été fortement plébiscitée, et “quand c'est fait au dernier moment, rétropédaler pour les chefs d'établissements c'est toujours très difficle“.
Il a par ailleurs été question de laïcité, avec des parents là aussi inquiets de l'augmentation dans certaines régions du nombre d'atteintes, avec “certaines tenues à caractère religieux qui se voient plus“ et “des filles qui mettent le voile dans l'établissement“. Cela donne lieu à des rappels à la laicité de la part de CPE, et cela nécessite que des règlements intérieurs soient revus par des chefs d'établissements afin que ce soit “écrit noir sur blanc“.
Les résultats de l'observatoire annuel de la PEEP 2022 indiquent enfin que trop peu d'établissements mettent en place des distributeurs de serviettes hygiéniques.