L'EPS au risque de la mixité ? (colloque de l'ATRHE)
Paru dans Scolaire le mardi 28 juin 2022.
C'est en 1976 que les concours de recrutement des enseignant.e.s ont été mixtes, à l'exception du recrutement des professeur.e.s d'EPS et d'instituteur.trice.s, pour lesquels il a fallu attendre la fin des années 80, explique Loïc Szerdahelyi (Lyon 1) qui intervenait ce 27 juin lors du colloque organisé à Lyon par l'ATRHE (association transdisciplinaire sur les recherches historiques sur l'éducation).
Déjà, l'agrégation d'EPS était mixte ; elle a été créée quelques années plus tôt, en 1983, sur le modèle de ce qui existait pour les autres disciplines, donc mixte, mais elle est essentiellement conçue comme un moyen de promotion de "ceux qui étaient aux manettes", notamment dans la formation des enseignants et l'entraînement des sportifs de haut niveau, et qui sont le plus souvent des hommes. Les lauréats des premiers concours d'agrégation sont logiquement, à 75 %, masculins.
Lorque, quelques années plus tard donc, la réflexion porte sur le CAPEPS, le SNEP-FSU est favorable à ce que hommes et femmes restent séparés et plaide pour "l'égalité réelle". Le SGEN-CFDT à l'inverse milite pour la mixité. Derrière cette différence de position, on peut voir une différence de conception, le SGEN met davantage l'accent sur "l'éducation physique" et moins sur la dimension sportive, réputée plus masculine. Il introduit trois recours devant le Conseil d'Etat, qui rejette ses requêtes et c'est finalement la Justice européenne qui lui donne raison. Le décret est publié le 25 avril 1988, la première session est organisée en 89 et elle est, miraculeusement, équilibrée. Mais depuis, l'écart se creuse, et on assiste à la "masculinisation" du CAPEPS.
Est-ce à dire que les femmes réussissent moins bien que les hommes au concours ? Non, selon Loïc Szerdahelyi. Au concours de 2006, on ne comptait que 34 % de candidates, mais 41 % des admissibles étaient des femmes et 45 % des admis. A l'agrégation, on ne trouve éventuellement que 25 % d'admises, mais souvent dans les premières places. Le problème serait, toujours selon le chercheur, à chercher du côté des STAPS, qui accueillent bien plus d'étudiants que d'étudiantes, dans une proportion de 70-30. Les syndicats ne songeraient pas à remettre en cause la mixité des concours, mais à interroger les universités et leurs pratiques de recrutement.