Malgré une convention signée par l'Education nationale, le grand oral du bac ne pourra pas être passé en basque
Paru dans Scolaire le mercredi 01 juin 2022.
Les lycéens de l’établissement immersif Bernat Etxepare, à Bayonne ne pourront pas passer le grand oral du baccalauréat en basque, a estimé lundi 30 mai le tribunal administratif de Pau, qui a rejeté la requête de l’association Seaska, dans son ordonnance n°2201003 que ToutEduc a consultée.
“Un vrai recul“, considère Peio Jorajuria, président de la fédération des ikastola Seaska (écoles immersives en langue basque), qui avait déposé une semaine auparavant une requête en référé, demandant à la justice de trancher sur l'épreuve qui se tiendra à compter du 20 juin pour les élèves de terminale. Jusqu'à présent, sur les 100 élèves de terminale du lycée, seuls les 10 qui ont opté pour l’option “langues, littératures et cultures étrangères et régionales“ peuvent prétendre à un examen final en basque.
Etait demandé “d’enjoindre au ministre de l’éducation nationale de prendre toutes les dispositions utiles pour que les membres du jury du grand oral des épreuves de baccalauréat concernant les élèves du lycée Bernat Etxepare de Bayonne soient bilingues de façon à leur permettre, sans distinction du choix de la spécialité, de les présenter en basque s’ils le souhaitent“.
La rectrice de l'académie de Bordeaux, Anne Bisagni-Faure, avait déjà le 4 février 2022 refusé que l’ensemble des élèves de terminale inscrits dans une classe bilingue puissent présenter une partie de leur grand oral du baccalauréat en langue basque. Une décision sur laquelle s'est appuyé le tribunal dans son ordonnance.
Pourtant, une convention signée en 2019 par les Seaska, l’Office public de la langue basque (OPLB) et le ministère de l'Education nationale indiquait que “les élèves des filières bilingues et immersives pourront présenter une partie de l’épreuve terminale du grand oral en langue basque“.
Peur du séparatisme ? Peio Jorajuria se désole de cette “volonté de stopper l'enseignement en langue basque“. Si la rectrice de Bordeaux “a été nommée avec cette mission-là“, il faut selon lui “un changement politique de la part de l'Etat“, du fait que “cela a tout son sens au niveau pédagogique, de passer un examen dans la langue d'enseignement“. Le président de la fédération des ikastola Seaska appelle à la désobéissance des élèves et des enseignants, lors des épreuves du baccalauréat mais également du brevet.
A noter que la convention signée entre Seaska, l’État et l'Office public de la langue basque, d'une durée de 3 ans, doit être renouvelée par l'Education nationale à la rentrée 2022.
Pour rappel, suite à l'intervention de Jean Castex, une circulaire sur l'enseignement immersif avait été publiée en décembre (voir ici), après la censure de la loi Molac par le Conseil constitutionnel (voir ToutEduc ici).