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Dédoublement des CP et CE1 : “des effets modérés, voire nuls, sur la progression scolaire des élèves“ (Pierre Merle)

Paru dans Scolaire le mercredi 01 juin 2022.

“Forme de discrimination positive“, dont les moyens supplémentaires mobilisés ont été finalement assez limités, pour le sociologue Pierre Merle cette politique éducative n'est pas nouvelle au regard des expérimentations déjà réalisées.

Pour le spécialiste des politiques éducatives, “telle qu’elle est actuellement mise en œuvre, la politique de dédoublement des classes des CP et CE1 de l’éducation prioritaire délaisse 88 % des élèves en difficulté scolaire scolarisés dans l’école élémentaire. La politique de dédoublement des classes des CP et CE1 de l’éducation prioritaire présente finalement deux lacunes. D’une part, son efficacité est réduite ; d’autre part, elle concerne à peine plus d’un dixième des élèves en difficulté scolaire.“

Surtout, Pierre Merle considère que la politique de dédoublement des classes mise en place par Jean-Michel Blanquer a une efficacité “réduite“. En mathématiques, il indique que “du début du CP à la fin du CE1, la proportion d’élèves faibles scolarisés dans les classes dédoublées passe 21,4 % à 15,9 %“, et donc qu'avec cette mesure, “en mathématiques, la politique de dédoublement a été efficace.“ Il ajoute cependant une nuance : “alors que les élèves faibles en mathématiques scolarisés dans les REP+ ont bénéficié de la politique de dédoublement, ce bénéfice est limité, voire nul, pour les meilleurs élèves des REP+“.

Autre constat, le dédoublement des classes “est loin de compenser les différences de compétences entre les élèves scolarisés hors de l’éducation prioritaire et les élèves scolarisés dans les REP+ dédoublées. Le phénomène de rattrapage, observé à la fois en CP et CE1, demeure limité.“

En français, les données relatives aux compétences des écoliers scolarisés diffèrent de celles observées en mathématiques. Ainsi “du début du CP à la fin de celui-ci, la proportion d’élèves faibles scolarisés dans les classes dédoublées est marquée par une légère baisse de 22,4 % à 21,5 % (- 0,9 point)“ mais paradoxalement, en CE1, “cette proportion d’élèves faibles augmente de 21,9 % à 22,3 % (+ 0,4 point)“ ce qui “indique une absence d’efficacité de la politique de dédoublement au niveau du CE1 dans les apprentissages en français.“ De même, “si le dédoublement des REP+ favorise une légère augmentation de la proportion des bons élèves au cours de l’année de CP, l’année de CE1 se caractérise par une légère baisse de celle-ci.“

Pierre Merle ajoute “que les garçons et les élèves en retard, surreprésentés dans les REP+ dédoublés, progressent moins que les autres élèves“, ainsi les classes de CP et CE1 dédoublées “se caractérisent par une proportion plus importante de garçons et d’élèves redoublants“ ce qui contribue “à expliquer pourquoi les compétences en français des élèves faibles scolarisés en CP REP+ progressent faiblement au cours du CP et ne progressent pas dans les classes de CE1 des REP+".

Est mis en avant l'idée qu'entre le début de CP et la fin de CE1, “même s’il existe des progressions différenciées dans les apprentissages, essentiellement en mathématiques, les évolutions sont plutôt parallèles entre les trois groupes d’élèves“ faisanl l'objet de l'étude (hors éducation prioritaire, proches REP+, REP+ dédoublés) ce que le sociologue considère comme “un effet limité de la politique de dédoublement des classes de CP et CE1 de l’éducation prioritaire sur les progressions scolaires.“

L'analyse “Le dédoublement des classes de CP et CE1 : quel bilan ?“ ici

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